La Révolution et la Guerre d’Espagne
donne l’ordre de tirer sur la foule massée aux
abords de la Montana : véritable provocation, qui soulèvera la colère
populaire. Pendant ce temps, au Parc de l’Artillerie, un officier fidèle, le
lieutenant-colonel Gil, fait distribuer 6 000 fusils ; il en a 60 000
qui n’ont pas de culasses, car les rebelles, prudents, les ont fait démonter et
transporter à la Montana.
C’est le 20 seulement que commenceront les combats décisifs.
Les haut-parleurs diffusent à tous les coins de rue les nouvelles des victoires
de Barcelone, de la reddition de Goded... Les insurgés sont définitivement
réduits à la défensive. Deux canons de 75, puis un de 155 commencent à
bombarder la caserne. Bientôt arrive le renfort des avions de l’aérodrome de
Cuatro Vientos où la rébellion a été écrasée. Vers 10 heures les assiégés
hissent le drapeau blanc. La foule qui se rue en avant est fauchée par le tir
des mitrailleuses. La colère monte contre ce qu’on prend pour une trahison. Le
même scénario se répètera pourtant deux fois, reflétant en réalité la lutte qui
se déroule à l’intérieur de la caserne... Malgré les officiers fidèles
présents, qui pensent que l’aviation et l’artillerie suffiront à faire
capituler les hommes de Fanjul, les assaillants lancent une attaque en masse et
emportent la caserne, au prix de lourdes pertes. Fanjul et quelques officiers,
protégés par un détachement d’asaltos ,sont enfermés dans une
voiture blindée et emmenés, mais la presque totalité des assiégés sont tués sur
place, tandis que les ouvriers se partagent les armes des vaincus.
Le lendemain, le peuple parfait sa victoire. Tandis que de
petits détachements nettoient les rues de Madrid, poursuivant les pacos, tireurs
isolés qui se maintiennent encore dans les églises, les couvents ou sur les
toits, des colonnes improvisées se lancent tout autour de la capitale sur
Guadalajara, où la garnison s’est soulevée et qu’ils reprennent, fusillant le
général Barrera, sur Tolède qu’ils reconquièrent aussi, cependant que les
insurgés se réfugient dans la vieille forteresse de l’Alcazar, sur Cuenca que
le maçon Cipriano Mera, sorti de prison deux jours plus tôt, reprend avec 800
hommes et une mitrailleuse, sur Alcala enfin avec Antona et Mora. Ces colonnes
et d’autres, hâtivement formées, marchent sur la sierra, à la rencontre de
Mola, vers l’Aragon, en direction de Sigüenza, vers Valence et vers Malaga. La
guerre est commencée.
Echec du « movimiento » : Malaga
Les hésitations des insurgés à Madrid ont laissé aux
ouvriers le temps de s’organiser. Une erreur plus grave peut-être, celle qui
consiste à interrompre une action commencée, va leur valoir un grave échec à
Malaga, place importante dans les relations avec le Maroc. Les forces des
militaires semblent écrasantes. Seuls les gardes d’assaut sont hostiles au
soulèvement. Les travailleurs n’ont pas d’armes. L’action se déclenche le 17
juillet : à la tête d’une compagnie, le capitaine Huelin marche sur le
gouvernement militaire et se heurte aux asaltos. Le colonel commandant
la garde civile est arrêté par ses hommes au moment où il tente de les soulever.
A 8 heures du soir, sur l’ordre du général Patxot, les troupes sortent des
casernes, occupent le centre de la ville. Mais le lendemain, le général donne l’ordre
de repli et les troupes réintègrent les casernes. A-t-il, faute d’informations
sur l’insurrection dans le reste du pays, craint de s’être trop avancé et de
rester isolé ? Ou, comme l’a suggéré Martinez Barrio lui-même, ou comme l’assurent
Foss et Gehraty, sont-ce la constitution du gouvernement de Martinez Barrio et
l’espoir d’un accord qui le font reculer ? En tout cas, les organisations
ouvrières saisissent l’occasion ainsi offerte. Les travailleurs, qui n’ont pas
d’armes, mettent le feu aux maisons qui entourent la caserne, puis l’arrosent
de dynamite. Enfumés, encerclés, menacés de périr dans l’incendie, les
militaires se rendent aux asaltos :le capitaine Huelin est
lynché par la foule.
Echec du « movimiento » : le Pays basque
Ce sont aussi les hésitations du côté des rebelles qui
expliquent leur échec dans le Pays basque. La garnison de Bilbao ne bouge pas.
Celle de Santander est encerclée sur place. Le général qui devait commander le
soulèvement au Guipuzcoa se dérobe au dernier moment. Surtout,
Weitere Kostenlose Bücher