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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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Leon, le général Gomez Caminero a pris la
tête des mineurs, mais il est fait prisonnier. Aux Asturies, il y a très peu d’officiers
autour de Gonzalez Peña et les colonnes sont commandées par des militants
ouvriers : le mineur socialiste Otero, de Mieres, le métallurgiste de la
C.N T. Carrocerra. A Madrid, les premières colonnes socialistes sont commandées
par des officiers en retraite : le lieutenant-colonel Mangada est le plus
populaire mais son étoile déclinera vite, dès les premiers revers. Le 5 e régiment ne dispose au début que de quelques officiers et sous-officiers [103] . La C.N.T. a
recruté quelques officiers de carrière, le lieutenant-colonel Del Rosai, le
médecin-commandant Palacios qui dirigent ses deux premières colonnes. Mais, là
aussi, de nouveaux chefs s’imposent : les maçons Mora et Cipriano Mera qui
n’a, à cette date, qu’une expérience réduite de trente-six jours de service
militaire. Malaga, qui dispose d’un bon officier, le lieutenant-colonel Asensio
Torrado, est le lieu de prédilection des milices au nom ronflant : le
détachement « Pancho Villa » y dispute, dans les communiqués de guerre, la
vedette à celui de « La Mitraille ».
    La masse des miliciens ignore les rudiments du maniement des
armes et les règles les plus élémentaires de protection. C’est par manque d’armes,
certes, mais aussi par manque de chefs que l’on renonce à la mobilisation
ouvrière: on ne pourrait ni équiper, ni instruire, ni encadrer les recrues. Les
milices ont d’ailleurs des physionomies différentes suivant l’idéologie qui
anime leurs créateurs. Les colonnes anarchistes sont commandées par des «
délégués politiques » flanqués de « techniciens militaires ». Dans les
colonnes socialistes, de l’U.G.T., du P.O.U.M., du P.S.U.C. et au 5 e régiment, ce sont les officiers qui commandent, flanqués de « commissaires
politiques ». En Catalogne, le Comité central s’efforce d’unifier l’organisation.
Dix miliciens forment une « main » que commande un « délégué »
élu. Dix mains constituent une « centurie » dont le «
délégué-général » obéit directement au « chef de colonne ». Les
milices C.N.T. de Madrid sont organisées sur la base de mains de 20 hommes, de
centuries et de bataillons, et les délégués des bataillons forment, avec le
représentant du Comité de défense et le délégué-général, le commandement de la
colonne. Dans le 5 e régiment, officiers et commissaires sont, en
principe, nommés par le commandement, mais Lister dira qu’il a été « élu
». Dans toutes les colonnes, cadres et soldats touchent une solde uniforme de
10 pesetas par jour. Aucune marque extérieure de respect n’est exigée des
hommes, et il n’y a plus d’insignes de grade. Mais le 5 e régiment
est fier d’avoir remis en vigueur le salut militaire, et met son point d’honneur,
comme d’ailleurs les colonnes du P.O.U.M., à réussir des défilés en rangs impeccables,
tandis que les milices de la C.N.T. mettent le leur à défiler dans un total –
et savant – désordre.
    A Madrid, le 5 e régiment porte tout son effort
initial sur la formation de cadres : les premiers stagiaires seront
recrutés parmi les responsables du « Secours rouge ». A Barcelone, le
Comité central confie à Garcia Oliver l’organisation d’une « Ecole
populaire de guerre » [104] et des fournées de 2 000 volontaires reçoivent à la caserne Bakounine une
formation militaire accélérée.
    Ainsi, petit à petit, se constitue une force armée dont on
ne peut nier ni l’efficacité dans les combats de rue, ni l’enthousiasme. Elle
est véritablement la réalisation du vieux mot d’ordre du « peuple en
armes » et, pour le moment, semble échapper complètement à l’autorité gouvernementale.
Le pouvoir de l’État
    Le gouvernement subsiste en effet. Le président Giral, après
s’être résigné à armer les ouvriers, a lutté, partout où il conservait une once
d’autorité, pour faire respecter les formes et la légalité, préserver, sinon un
appareil d’État – il est trop endommagé – du moins le principe même de sa
propre légitimité. Il semble bien qu’il ait joué sa dernière carte dans les
provinces de l’Est avec la Junte déléguée de Martinez Barrio, Ruiz Funes et
Carlo Espla. Celle-ci a, certes, contribué à assurer le ravitaillement de
Madrid, aidé dans le Levante à la formation des milices qui ont

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