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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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du
gouvernement » sera « rétablie et accrue par le changement de résidence ».
Or, au même moment, la C.N.T.-F.A.I. de Madrid salue la capitale
« délivrée des ministres », et celle de Valence stigmatise les
« lâches et les fuyards » du gouvernement. A Tarrancon, une centaine
de miliciens anarchistes qui viennent du front de Sigüenza arrêtent la caravane
officielle, molestent et menacent les ministres et les ambassadeurs, dont
Rosenberg, l’ambassadeur de l’U.R.S.S., et il faudra toute la force de
conviction d’Eduardo Val, responsable C.N.T. de Madrid, pour obtenir leur
libération, sans sévices [202] .
    Ces incidents déconsidèrent le mouvement anarchiste et
donnent du crédit à ceux de leurs adversaires qui dénoncent le rôle, dans leurs
rangs, des « incontrôlables ». Surtout, ils contribuent à les isoler,
à permettre que se développent consciemment et se manifestent au grand jour les
forces qui leur sont hostiles.
    La petite bourgeoisie des villes s’est terrée pendant les
premiers mois. Mais si les anarchistes ont fait peur, ils n’ont pas vaincu, ils
n’ont pas pris le pouvoir, ils n’ont, surtout, pas écrasé l’adversaire. Faute d’avoir
su mener la révolution jusqu’à son terme, ils doivent se résigner maintenant à
lui voir relever la tête : la révolution inachevée se retourne contre ses
promoteurs.
    L’évolution est la même dans les campagnes. Même lorsque le
paysan a accepté volontiers la collectivisation dans les premières semaines, il
est inquiet de sa position instable. Les réquisitions des milices pèsent
lourdement sur lui et la collectivité ne lui semble pas le paradis promis. Les
adversaires des collectivisations ont repris confiance, encouragés par les
déclarations officielles sur l’ordre, la légalité, la propriété. Ils savent qu’ils
peuvent compter sur la nouvelle police: en janvier 37, à la Fatarella, village
de 600 habitants dans la province de Tarragone, les petits propriétaires se
soulèvent en armes contre les anarchistes qui veulent les collectiviser, et l’affaire
fera plusieurs morts et blessés. Un peu partout, la campagne réagit contre la
révolution.
    C’est que les anarchistes qui, au sommet de la poussée
révolutionnaire, dans la cohésion que donne la victoire, n’ont pas su venir à
bout d’un débile gouvernement Giral, se heurtent aujourd’hui, en ordre
dispersé, sans orientation ni politique, à un gouvernement fort, reconnu de tous,
soutenu par leurs propres dirigeants. Ils se heurtent surtout, partout, à la
force toujours plus grande des organisations du P.C. et du P.S.U.C. qui
possèdent, elles, les cadres et la discipline, les moyens matériels et une
politique : ce sont elles qui seront, sur tous les plans, les
bénéficiaires en même temps que les principaux agents du déclin anarchiste.
La montée communiste
    A partir de septembre 1936, nous l’avons vu, le parti
communiste et le P.S.U.C. deviennent un facteur prépondérant de la vie politique.
De 30 000 environ au début de la guerre civile, ils passent en quelques
mois à plusieurs centaines de milliers de militants, pour atteindre le million
en juin 1937.
    Mais les dirigeants espagnols du P.C. et du P.S.U.C. ne
jouent plus seuls cette partie importante depuis que le gouvernement de Moscou
s’y est engagé. Dès la fin de juillet, des délégués de l’Internationale
communiste prennent en mains la direction et l’organisation du parti. A Madrid,
ce sont l’Argentin Codovila, connu sous le pseudonyme de Medina, le Bulgare
Stepanov et surtout l’Italien Togliatti, dit Ercoli, connu sous le nom d’Alfredo [203] , éminence grise
de Moscou en Espagne. A Barcelone, c’est le Hongrois Geroe, connu sous le nom
de Pedro. Ils sont entourés de techniciens et de conseillers dont l’expérience
sera précieuse et qui semblent avoir été la plupart du temps des agents de
services secrets russes. C’est ainsi que toute la politique militaire du P.C.
espagnol est entre les mains de l’Italien Vittorio Vidali, un des agents les
plus importants du N.K.V.D. à l’étranger, petit homme « au visage de comique,
une figure rose avec un toupet blond », selon Simone Téry, connu en Espagne
sous le nom de Carlos Contreras, et surtout de Commandant Carlos. Les uns et
les autres disposeront de fonds importants qui leur permettront la mise sur
pied d’un sérieux appareil d’action et de propagande.
    Alors que la presse réactionnaire du monde

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