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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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la
compréhension de la plupart, mais qu’importe. S’amuser avant de mourir, avant
d’être emporté par ce flot sanglant qui depuis cinq ans déferlait sur la
France.
    Gabriel-Jérôme et
Marie-Adélaïde marchaient côte à côte, silencieusement, évitant les groupes les
plus agités afin de ne pas éveiller la méfiance. Ils n’avaient pas le cœur à la
fête. La vision qu’ils avaient eue là-bas sur l’ancien Champ-de-Mars les avait
plongés dans la plus extrême agitation. Les deux piliers de cette confrérie
démoniaque : d’un côté Catherine Théos, la mère de Dieu, l’illuminée, la
folle, et de l’autre dom Gerle, le mystique, le maître sanglant de la Loge Noire,
tous les deux autour du maître du Comité de salut public et donc de la France.
Comment cela se pouvait-il ? Vadier avait-il donc eu vent de quelque chose
pour les envoyer sur cette piste ?
    Sénart tentait de réfléchir
tout en rejoignant les berges du fleuve.
    — Robespierre, que vient-il
donc faire dans tout cela ? Ce n’est pas possible ! Appartiendrait-il
aux frères de l’ombre ? Non, je ne peux pas le croire ! À quoi cela
lui servirait-il ? Il a la puissance. Il tient la Convention, les
montagnards le révèrent, le Marais tremble sous ses ordres, les girondins ont
été écrasés. Le Comité est tout à lui. Saint-Just et Couthon sont ses hommes
liges, Collot d’Herbois et Barère n’osent rien tellement ils craignent sa
puissance. Les sections lui sont acquises. Les jacobins n’ont jamais été aussi
puissants…
    — Mais Barère trouve de plus en
plus de voix à la Convention. Le Comité de salut public lui appartient encore,
et si Robespierre a la rue, Barère a tout pouvoir.
    Il se retourna vers la jeune
fille, surpris.
    — Et cela voudrait dire quoi
pour toi ?
    Elle plongea ses yeux dans les
siens.
    — La mère de Dieu n’a-t-elle
pas parlé du retour de son fils ? Qu’il sauverait la France de ses
malheurs, etc.
    — Oui, c’est bien cela,
répondit-il surpris. Mais, tu ne vas pas dire que…
    Le regard de la Sibylle se fit
plus pénétrant.
    — C’est une évidence.
Robespierre est le fils de Dieu, du moins le croient-ils. Ils préparent sa
venue pour qu’il règne sans partage sur la France…
    Il s’arrêta. Au loin, les tours
sinistres de Notre-Dame se dressaient dans le ciel flamboyant de rouge du
soleil couchant. On entendait parfois au loin un bruit de canonnade, des
accents de musique…
    — Qu’as-tu vu exactement ?
Dis-le-moi, je dois le savoir.
    Elle secoua la tête.
    — Je ne le sais pas. J’ai vu un
homme seul dominer la France, balayer les rois d’Europe, j’ai vu des guerres…
jusqu’à l’autre bout du monde, en Russie, en Egypte, sur les mers… Mais je ne
sais pas de qui il s’agit. Non, Gabriel, je ne le sais vraiment pas… Mon
Dieu !
    Marie-Adélaïde poussa un cri perçant
et chancela. Elle allait tomber lorsqu’il la rattrapa.
    — Que se passe-t-il ?
    Elle était très pâle et elle
tremblait, les yeux révulsés.
    — Il vient de se passer quelque
chose, ou cela va se passer… Je ne sais pas… C’est atroce. Morts, ils sont tous
morts…
    — Qui ?
    Elle eut un geste
d’impuissance :
    — — Je ne connais pas leurs
visages. Je crois que ce sont les hommes… Ceux qui nous ont fait descendre sous
terre.
    — Les francs-maçons ?
    — Oui, c’est cela. Ils vont
mourir à moins que ce ne soit déjà fait. Il m’est impossible de le voir. C’est
atroce. Il y a du sang, énormément de sang.
    Il regarda autour de lui,
inquiet.
    — Et personne pour nous aider.
De toute façon, nous ne savons pas où ils sont. Nous ne pouvons rien pour eux.
    Marie-Adélaïde s’était assise sur
une pierre d’angle et lui renvoya un sourire timide bien que ses mains
tremblent encore :
    — En fait, je crois savoir
comment y aller.
    Il leva les bras au ciel,
ulcéré :
    — Et tu ne m’as rien dit !
Comment veux-tu que je te fasse confiance ? Tu savais et tu m’as caché
cela…
    Elle posa sa main sur son
bras :
    — Attends, c’est plus
compliqué. Je ne connais pas le quartier ni le nom de la rue où se trouve la
loge. Par contre…
    — Oui ?
    Elle lui expliqua avec
patience :
    — Si nous retournons à
l’endroit exact où nous les avons rencontrés. Si tu me remets un bandeau sur
les yeux… je parviendrai à retrouver l’endroit.
    Il la contempla, médusé :
    — Tu veux dire que tu le
souviendras de tous les tours et détours que nous avons

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