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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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l’annonce
du renversement de l’Église…
    Il passa doucement sa main sur
le visage de la jeune femme qui paraissait apaisée.
    — Et puis, tout est devenu
diffèrent, continua-t-il d’une voix plus aimante. Compte tenu des horreurs du
règne où nous sommes et dont je peux à tout moment éprouver personnellement les
cruels effets, je n’ai plus qu’à me résigner à l’arrestation, à la fusillade, à
la noyade. Dieu sait que partout où je me trouverai, j’y serai bien parce que
je sens et je crois que j’y serai avec lui…
    — Je n’ai pas l’intention de
vous arrêter, citoyen Saint-Martin, reprit doucement Sénart.
    L’autre leva les yeux, un peu
surpris.
    — Ah oui ? En ne le
faisant pas, vous désobéiriez à vos chefs.
    — Certes, mais j’ai vu trop
d’horreurs. Je veux avant tout trouver les coupables qui ont commis celle-là.
Vous livrer à la guillotine ne serait ni utile pour parvenir à mes fins, ni
honorable. Car… (il hésita un instant)… vous me semblez un honnête homme.
    Saint-Martin serra la main de
Sénart.
    — Si cela peut vous rassurer,
j’ai toujours professé que quand les puissances humaines violent évidemment les
droits de l’homme et que, par leurs extravagantes fureurs, elles se changent en
puissances animales et brutes, il n’y a plus alors aucune moralité ni divine ni
politique qui interdise à l’homme de les repousser. Vous avez donc le droit à
la désobéissance, monsieur. Puisque vous me le permettez je vais prendre congé.
    Il avait remis son chapeau,
plié son tablier et s’apprêtait à repartir vers l’entrepôt.
    — Où donc allez-vous ? lui
lança Sénart.
    — Ma foi, à Amboise, là où je
serai encore le mieux pour attendre la fin de ce tumulte ou plutôt un mandat
d’arrêt car j’ai mille raisons d’être suspecté et arrêté d’après ma situation civile,
pécuniaire, littéraire et sociale. Notre loge est morte, monsieur Sénart, nos
ennemis nous ont tués. Vous êtes le dernier rempart de l’humanité contre les
frères de l’ombre, ne l’oubliez pas. Je n’ai ni les connaissances ni la force
pour vous aider… Je prierai pour vous. Adieu, monsieur Sénart.
    Et il s’en alla, laissant le
jeune homme seul avec la Sibylle évanouie.
     
    La ramener chez elle fut une
épreuve difficile. Elle ne pouvait pas marcher et il lui fallait éviter les
derniers groupes de patriotes ivres ou de gardes des sections à peine plus
sobres. La rue de Tournon parut bien lointaine à Sénart. Enfin, alors qu’on
était au milieu de la nuit, il atteignit le numéro 5, poussa la porte, et entra
en tenant son précieux fardeau. Il mit la jeune femme sur son lit et la borda
du mieux qu’il put.
    Épuisé, il alla chercher une
chaise et s’assit à côté d’elle. Bientôt, il baissa la tête et s’assoupit.
    Un cri.
    Il se redressa : c’était
la Sibylle. Un instant désorienté, il se demanda où elle était et faillit
tomber de sa chaise. Mais non, elle était là, juste devant lui, encore couchée.
Sur son visage on lisait une impression d’horreur.
    — Le cavalier, le
cavalier ! hurlait-elle.
    Il se leva vivement et la prit
par les épaules.
    — Ne t’inquiète pas, je suis
là, nous sommes chez toi, tout est fini.
    Elle plongea ses yeux dans ceux
de Gabriel-Jérôme et, un bref instant, il ne put s’empêcher de frissonner. Car
la Sibylle contemplait encore le monde d’en haut, celui des prophéties, celui
de la divinité, celui des mystères du ciel et de la terre et son regard avait
croisé le sien, provoquant chez lui une sorte de vertige métaphysique.
    — J’ai vu le cavalier,
insista-t-elle. C’est le cavalier de l’Apocalypse. C’est lui qui a tué tous ces
gens ! Je l’ai vu !
    Sénart tenta de se calmer
lui-même avant de la calmer, elle. Elle avait eu une vision. Il savait
dorénavant qu’il pouvait se fier à sa clairvoyance. Elle lui envoyait un signe.
C’était à lui de le comprendre.
    — Explique-moi, à quoi
ressemblait-il ? Où l’as-tu vu ?
    Elle reposa sa tête sur
l’oreiller, à bout de force.
    — Je ne sais pas où c’était.
Une salle. Mais qu’importe, il était là. Je n’ai jamais rien vu d’aussi atroce.
C’était un monstre. Il ricanait telle une tête de mort, ses muscles claquaient
comme d’affreux cordages. Et il montait un cheval squelettique mais vivant.
Gabriel, tu ne peux pas comprendre comme cette vision était atroce. Et le pire
c’est que nous le rencontrerons dans

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