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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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bocaux
ne sont pas étanches. Je demande que soient prises des mesures de première
urgence et tout particulièrement la nomination d’un conservateur provisoire. Je
conseille pour ce poste le citoyen Girard, élève de ladite école, homme très
intelligent…
     
    Le courrier était signé du jury
national des Arts, section anatomie.
    Il avait sa réponse. Ces deux
notes possédaient trois points communs : d’abord l’anatomie. Ensuite leur
référence à un lieu unique : l’école vétérinaire de Maisons-Alfort qui
jouxtait Charenton. Enfin, l’auteur de ces deux écrits. Il se souvint alors où
il avait aperçu une préparation semblable à celle de la rue des Cornes.
L’explication était là-bas.
    Pour repartir, il ne prit pas
la peine de remonter à l’étage. De l’intérieur, il était aisé d’ouvrir les
volets qui protégeaient les fenêtres du rez-de-chaussée. Quelques minutes plus
tard, il disparaissait sous les ombrages de la terrasse des Feuillants alors
que le jour commençait à se lever.
     
    Marie-Adélaïde ouvrit les yeux.
Gabriel était assis à côté d’elle. Il lui souriait.
    — Tiens, bois cela.
    Elle obéit.
    — Du lait ! Tu as dû payer
cela une fortune.
    — Oui, un de ces affameurs du
peuple que j’aurais dû faire emprisonner me l’a vendu à prix d’or. J’ai pensé
que tu avais besoin d’un reconstituant.
    Elle approuva et ils se turent.
Jamais elle ne pourrait oublier la vision entraperçue dans le temple. Il le
savait, aussi évitèrent-ils d’en parler.
    — Qu’est-ce qui te met de si
joyeuse humeur ?
    Il rit.
    — Tu ne l’as donc pas
prédit ?
    Elle ferma les yeux un bref
instant.
    — Cela a à voir avec le
cavalier de l’Apocalypse. Tu sais où il se trouve. Non, tu sais où rencontrer
quelqu’un qui nous donnera des indications, c’est cela ?
    — Exactement. Malgré les
recherches lancées par Vadier et nos signalements qui circulent partout, hier
avec la fête nous n’avons pas pris grand risque. Mais aujourd’hui, et plus
particulièrement près des portes, cela risque d’être plus délicat.
    Elle fronça les sourcils,
étonnée.
    — Tu veux quitter Paris ?
    — Provisoirement, la
rassura-t-il. Je dois demain soir me rendre à Charenton, ou plus exactement à
Maisons-Alfort.
    — Je t’accompagne !
    Elle s’était levée,
soudainement très animée et fébrile. Il lui lança sur un ton désapprobateur :
    — Non, tu es trop fatiguée.
Jamais tu ne pourras marcher jusque-là.
    — C’est stupide, Maisons-Alfort
est aux portes de Paris. En moins de deux heures, trois tout au plus, nous y
serons.
    Il se ferma et reprit son
attitude sérieuse : celle du secrétaire rédacteur au service du Comité.
    — Il n’en est pas
question !
    Voyant que ses efforts seraient
vains, elle changea d’approche et prit un ton plus cajoleur :
    — Écoute, Gabriel, je dois y
aller. D’abord parce qu’il m’est très difficile de rester seule, loin de toi.
Surtout après ce que nous avons vu cette nuit…
    Il ne put rien objecter à cela.
    — Et ensuite, continua-t-elle,
parce que je sens que là-bas je pourrais t’être utile. Ne me demande pas
pourquoi ni comment. Je le sais c’est tout.
    Un peu ébranlé, il
concéda :
    — Très bien, nous verrons cela.
Bon, il faudrait que tu boives ton lait pour reprendre des forces. Après,
j’irai chercher du pain. Avec tout ce qui a été distribué hier, il doit bien en
rester quelque part, non ?
     
    Ils marchaient le long de la
Seine. Gabriel-Jérôme avait revêtu une cape de couleur sombre, venue des
coffres de la Sibylle, par-dessus son costume civil, et rabattu son chapeau sur
ses yeux. Elle-même avait passé une robe couleur grisaille qui ne parvenait
même pas à l’enlaidir et elle se dissimulait derrière le col de sa capeline
noire. La nuit était tombée.
    « Il sera dit que je ne
verrai presque jamais le jour en prairial cette année », grommela-t-il.
    La journée avait été morne. Ils
s’étaient peu parlé. Le jeune homme avait dépensé ses derniers assignats pour
acheter un mauvais pain. Après la fête et les bombances en l’honneur de l’Être
suprême, la disette revenait. Et le peuple paraissait encore plus mécontent
qu’avant. Ils avaient emprunté le quai de l’Hôpital puis longé les chantiers de
bois de charpente. Il leur avait ensuite été facile de tromper la vigilance des
sentinelles qui surveillaient la barrière édifiée par Ledoux en se faufilant
entre

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