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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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peu de temps.
    Le jeune homme tenta de la
soulager et regretta que Saint-Martin ne lui ait pas laissé un peu de sa
liqueur apaisante. Il lui donna cependant un peu d’alcool à boire. Puis, tout
en lui prodiguant ces soins, se mit à réfléchir.
    Le cavalier de l’Apocalypse…
Une sorte de créature squelettique chevauchant une monture semblable en tous
points. Et puis il se rappela l’écorché aperçu rue des Cornes.
    Alors, une idée folle lui vint
à l’esprit. Une idée tellement folle qu’il décida d’en avoir tout de suite le
cœur net.
    Il se leva et reprit sa veste,
son chapeau et le pistolet.
    — Où vas-tu ? murmura la
jeune femme.
    — J’ai une idée de l’endroit où
se trouve ce cavalier de l’Apocalypse. Seulement pour cela, il faut que je
vérifie quelque chose. Que je consulte un document.
    — Et où ?
    — Aux Tuileries, lui
répondit-il. Aux archives de la représentation nationale !
     

15
            
    On était à la fin de la nuit.
Le jour se lèverait dans une heure ou deux. Il n’avait pas beaucoup de temps.
Gabriel-Jérôme se sentait plus déterminé que jamais. La fatigue ne l’atteignait
plus. Il avait un but désormais, il savait quoi faire de sa vie. Venger tous
ces pauvres gens, éradiquer ce fléau qui ensanglantait Paris. Faire cesser les
affreux complots de ce malade mystique de dom Gerle. Quant à Robespierre… S’il
fallait que l’homme le plus populaire de la capitale en pâtisse, cela lui
importait peu. D’ailleurs peut-être était-il complice lui aussi. Sénart savait
où trouver le document. Le plus difficile serait d’entrer au Palais national.
Il était impossible d’emprunter les portes principales qui, même à cette heure,
seraient gardées. De toute manière, l’ancienne cour du Carrousel serait certainement
fréquentée et il serait par trop maladroit de pénétrer dans le bâtiment par la
grande porte. Par contre, à l’ouest entre le bâtiment et la place de la Révolution,
où l’on actionnait tout le jour le grand rasoir national, s’étendait le jardin
des Tuileries. En le longeant par la terrasse des Feuillants, il parviendrait
probablement jusqu’à l’aplomb du palais.
    La chance l’accompagna tout au
long du chemin. La ville s’était couchée fort tard mais satisfaite et gorgée de
bons vins. Le Comité avait débloqué quelques provisions et on avait pu manger à
sa faim ce jour-là. Le peuple était content. Les citoyens n’erraient pas dans
les rues en bandes comme des meutes de loups affamés à la recherche d’un
ci-devant à accrocher aux lanternes. Il croisa encore quelques groupes ivres
morts, mais personne ne lui posa la moindre question. Il emprunta les marches
par lesquelles Louis XVI s’était enfui de son palais pour rejoindre l’Assemblée
alors que ses Suisses se faisaient massacrer par les sans-culottes et par la
garde nationale. Il contourna le grand bassin rond où quelques heures plus tôt
Robespierre avait fait se consumer les représentations de tous les ennemis de
la Révolution. La statue de la Sagesse trônait toujours au milieu, ombre
indistincte dans la quasi-obscurité. Il approchait du palais et se dirigea
résolument vers la partie située entre le pavillon de l’Horloge et le pavillon
de Marsan, rebaptisés respectivement pavillons Unité et Liberté, qui
accueillait la galerie des Machines où l’on avait installé la Convention
nationale. Il le savait, au rez-de-chaussée, plusieurs bureaux abritaient les
secrétariats et les archives de l’Assemblée. C’est là qu’il trouverait ce qu’il
était venu chercher.
    Il évita soigneusement tout
l’autre côté, vers le pavillon de Flore, devenu depuis peu pavillon Égalité où
le Comité de salut public tenait séance. Il s’y trouvait peut-être Barère,
Couthon ou d’autres enragés occupés à dresser de nouveaux plans pour faire
encore plus de morts.
    La partie réservée à la représentation
nationale était calme. Des palissades protégeaient les fenêtres du
rez-de-chaussée mais pas celles du premier étage.
    Parvenu au pied du mur sans
être inquiété, les patrouilles étant rares ce soir-là, il contempla un instant
la façade. Elle était haute, mais l’escalade n’était pas infaisable. Décidé à
aller jusqu’au bout, il s’approcha.
    « Allons, se dit-il, ce ne
doit pas être si difficile que cela ! »
    Et il posa le pied sur la
première moulure de pierre qui constituait le soubassement du mur.
    Après

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