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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qu’un livre d’heures usagé et écorné.
    Corbett prit place à la table pour feuilleter
les divers parchemins. Il remarqua que certains, comme celui qu’on avait
découvert sur le corps du prêtre, étaient annotés de citations tirées de l’Ancien
Testament à propos du péché et du pardon. Il continua sa fouille. Il bougea le
pied et heurta un coffret sous la table. Il le prit et en vida le contenu sur
le sol : un petit cilice épais, une discipline aux lanières de cuir fin
fixées à une poignée en os.
    — Pauvre homme, chuchota Ranulf. Il semble
avoir été plus conscient du péché que de la grâce de Dieu.
    Le magistrat reprit sa fouille.
    — Étrange, murmura-t-il.
    — Quoi, Messire ?
    — Eh bien, Bellen était un homme éduqué,
mais il n’y a ni lettres ni sermons écrits. Après tout, cela fait des années qu’il
servait céans. Je connais les prêtres. Ils possèdent homélies et commentaires,
ils rédigent des missives à leurs amis et collègues. Bellen, semble-t-il, ne
faisait rien de tout ça.
    Il prit le psautier qu’il secoua. Un bout de
vélin jaune, noirci par le temps, s’en échappa.
    — Bon, en voilà une, déclara Corbett. C’est
un brouillon de lettre adressée à son évêque.
    Rapprochant la chandelle, il se mit à le lire.
    Bellen paraissait avoir commencé son message
mais ne pas l’avoir achevé. Après les formules d’usage il y avait la phrase :
« Je dois confesser quelque chose in secreto... » Le
vicaire s’était arrêté là.
    Corbett entendit Ranulf se déplacer à l’autre
bout de la chambre.
    — Bellen n’était peut-être pas expert en
écriture, Messire, mais il aimait dessiner.
    Corbett leva la tête. Ranulf avait trouvé un
petit coffre plein de rouleaux de parchemins. Le magistrat traversa la pièce et
regarda son compagnon qui en faisait l’inventaire. La plupart, maladroits et
plutôt enfantins, représentaient l’église : une figure de gargouille, un
pilier, l’entrée du jubé. Corbett en aperçut un dont il s’empara. Puis,
ouïssant un bruit de pas dans l’escalier, il le plia en hâte et le jeta dans sa
sacoche. Burghesh frappa à l’huis et entra.
    — En avez-vous terminé, Sir Hugh ?
    A la lueur de la lanterne qu’il portait,
Burghesh paraissait hagard et inquiet.
    — Oui, oui, j’ai fini.
    — Et y a-t-il quelque chose ? Je veux
dire, bégaya l’ancien soldat, quelque chose qui nous expliquerait pourquoi
Robert s’est suicidé ?
    — Je l’ignore, dit Corbett avec l’ombre d’un
sourire. Mais Ranulf et moi devons retourner à La
Toison d’or. Les bourgeois de Melford devront se passer de notre
compagnie ce soir.
    Les deux hommes, laissant Burghesh, sortirent
dans la galerie, descendirent et passèrent par la porte d’entrée entrebâillée.
    — Était-ce un suicide ? interrogea
Ranulf. Sans doute, ça doit en être un, non ? Nous étions tous présents au
Guildhall.
    — L’assassin pourrait être quelqu’un d’autre,
rétorqua son maître sans conviction.
    — Par exemple ?
    — Peterkin ou Ralph, le fils du meunier.
    Ranulf prit son maître par le bras.
    — Vous n’y croyez pas, n’est-ce pas ?
Regardez autour de vous, Sir Hugh.
    Il montra d’un geste le cimetière dans l’ombre
et la brume, les hautes herbes humides, les croix inclinées, les pierres
tombales ébréchées et la masse noire de l’église avec sa porte encore ouverte
et ses marches distinctes dans un petit cercle de lumière.
    — Seuls les morts peuvent vous entendre,
murmura-t-il. Vous ne pensez pas que Bellen se soit suicidé, hein ?
    — Non, répondit Corbett, je suis sûr que
non. Mettons-nous à sa place, Ranulf. Bellen était peut-être ceci ou cela, il n’en
était pas moins prêtre, homme de Dieu. Il avait un grand sens du péché :
or le désespoir et le suicide sont les péchés les plus graves. Si Bellen était
inquiet, il était aussi posé. J’estime qu’il en savait beaucoup plus que ce qu’il
nous a dit.
    — Mais il est mort, rappela Ranulf.
Burghesh l’a trouvé se balançant au bout d’une corde. Si le vicaire était un
homme pieux qui considérait le suicide comme un péché, il en va de même pour le
meurtre. Il était assez fort ; il ne se serait pas laissé tuer comme un
agneau qu’on mène à l’abattoir.
    — C’est vrai.
    Corbett contempla un tertre herbeux sous lequel
disparaissait presque une petite tombe. Un instant il se demanda si tout cela
avait vraiment de

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