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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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humble paysan du royaume, illettré et ignare,
sait fort bien qu’on n’a de rapports ni avec sa belle-sœur, ni avec sa brebis,
ni avec sa chèvre.
    Alors pourquoi Molkyn aurait-il pris la peine de
venir ici pour poser cette question ?
    Il se retourna et les regarda avec insistance.
    Grimstone tremblait toujours. Le vicaire était
blême. Burghesh se tenait bouche bée.
    — Nous pourrions tourner et retourner ceci
comme une toupie, commenta le magistrat en mimant le geste. Je parie que si j’allais
à La Toison d’or, personne ne se souviendrait de Molkyn faisant
allusion aux Écritures.
    — Qu’insinuez-vous ? s’insurgea le
père Grimstone. Sir Hugh, vous courez dans tous les sens comme un lièvre
surpris dans un jardin.
    — Voici ma théorie, répliqua le clerc, et
je dois encore y réfléchir. Je crois que Molkyn a été menacé. Quelqu’un a
attiré son attention sur les versets du Lévitique. Il a eu peur. Homme revêche,
il n’aurait pas donné un penny de farine pour savoir ce que les gens pensaient,
mais là c’était différent. Il s’est donc rendu à l’église. Il n’était pas sot.
Il n’a pas précisé le chapitre ou le verset en question, mais tout le passage
dont il a demandé la traduction au vicaire.
    — Et dans ce passage ? s’enquit
Ranulf.
    — Dans ce passage, il y avait un
avertissement : c’est ça qui a troublé le meunier. C’est comme si je
déposais une citation des Évangiles sur la table près du lit du vicaire :
Évangile de Matthieu, chapitre XIII, verset 5. Vous seriez surpris, n’est-ce
pas ?
    Bellen acquiesça.
    — Et ça, c’est intéressant, ajouta Corbett
avec un sourire.
    Il souligna les questions en comptant sur le
bout des doigts.
    — Qui aurait prévenu Molkyn ? Pourquoi
l’aurait-on prévenu ? Combien de gens connaissent le Lévitique ?
    — Vous n’accusez point les prêtres, n’est-ce
pas ? intervint Burghesh, rouge de courroux.
    — Silence, intima Corbett. Même si c’était
le cas, ils n’en seraient pas pour autant des assassins.
    — En effet, rétorqua l’ancien soldat avec
fougue. J’ai été élevé dans la connaissance de la Bible et je l’ai étudiée.
Comme maintes personnes à Melford : Sorrel, Deverell le charpentier,
Maître Matthew le tavernier savent lire...
    — Je dis seulement, l’interrompit Corbett,
que quelqu’un a glissé à Molkyn un mot qui l’a inquiété. Cela n’en fait pas
forcément un tueur, mais c’est intéressant.
    — Je n’y comprends rien, avoua le père
Grimstone en se prenant la tête dans les mains. Sir Hugh, y a-t-il d’autres
questions ? Je ne me sens pas bien.
    Il se leva.
    — Maître Burghesh, si vous pouviez vous
occuper de nos hôtes... Robert ?
    Et, sans attendre de réponse, le prêtre, aidé
par son vicaire, quitta la sacristie.
    — Le père Grimstone est-il en bonne santé ?
interrogea Ranulf.
    — Oui, plutôt ! répondit Burghesh en
ramassant le registre des morts.
    Il le rangea dans le coffre qu’il ferma à clé.
    — Il est un peu plus âgé que moi, il a
passé ses cinquante-cinq printemps, et parfois son esprit s’embrouille.
    — Il boit, n’est-ce pas ? Et beaucoup ?
    Burghesh se releva et revint.
    — Oui, Messire, il boit. C’est un prêtre,
il est seul, il a commis des fautes et il n’a plus l’esprit très clair. Mais il
ne fréquente pas de femme et ne vole pas dans le tronc des pauvres. Il sort la
nuit pour donner l’onction aux mourants. Il essaie d’être un bon pasteur, mais
c’est vrai, il boit. Dans sa jeunesse, c’était un excellent prêtre.
    Les yeux de Burghesh s’embuèrent de larmes.
    — Un homme fort érudit. Il aurait pu
devenir archidiacre ou même évêque. Il a une maison confortable, où il vit
chichement comme un soldat. Sa seule faiblesse est le clairet, un péché mignon
toléré par ses paroissiens.
    — Le connaissez-vous bien ? s’enquit
le magistrat.
    — On ne s’est donc pas empressé de vous le
révéler ? dit en riant Burghesh. Nous sommes demi-frères. De noms
différents, mais du même sang.
    Il fit une grimace.
    — Je sais que nous ne nous ressemblons pas.
Nous avons grandi ici  – bon, pas à Melford, mais dans une ferme proche.
Notre père s’est marié deux fois. La mère de John est morte en couches. Nous
avons tous les deux été envoyés à l’école à Ipswich. J’ai toujours voulu être
tailleur de pierre. Je me souviens, quand on a terminé une partie de

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