La Traque des Bannis
mentor arbora de nouveau un petit sourire las.
— Quand j’aurai une idée, tu seras le premier à la connaître.
Le campement déserté ne leur apporta aucune information nouvelle. Les quatre compagnons déambulèrent entre des lopins d’herbe aplatie où s’étaient dressées les tentes des Bannis, examinèrent les cercles noircis laissés par les feux et les petits objets abandonnés ou oubliés sur place – une chaussure à la semelle trouée, un chaudron rouillé, un couteau cassé. Sans compter les ordures et les restes de nourriture enfouis à la hâte, puis déterrés par des renards dès le départ des humains.
La terre était meuble et il y avait nombre d’empreintes autour du campement, indiquant qu’une bonne partie des gens qui avaient séjourné dans ces lieux étaient des femmes.
— Raison de plus pour penser qu’il s’agissait de convertis, en conclut Halt.
Malcolm acquiesça. Il émit toutefois quelques réserves.
— Il reste qu’ils sont une bonne centaine et que nous ne sommes que quatre. As-tu une idée de la manière dont nous allons procéder ?
— C’est simple, nous allons les cerner, répliqua le vieux Rôdeur avec tant de sérieux que, l’espace d’un instant, Malcolm fut tenté de le croire.
Ils découvrirent malgré tout dans quelle direction les Bannis étaient partis : après avoir voyagé des semaines vers le sud-est, Tennyson avait viré vers l’est. Horace, Will et Malcolm se penchèrent au-dessus dela carte que Halt venait de dérouler. Il leur indiqua une chaîne de collines, à une journée de chevauchée de là.
— Comme nous l’avions deviné, ils se rendent dans ce lieu.
— Des grottes ? lut Horace en tendant le cou.
— Oui, répondit Halt. Ces anciennes falaises de grès en sont criblées, d’après ce qui est noté sur mon parchemin.
Malcolm demanda à le voir de plus près et l’examina avec attention pendant quelques minutes avant de le rendre au vieux Rôdeur.
— Étonnant, dit-il enfin. Cette carte est tellement détaillée… Où as-tu trouvé pareil document ?
Avec un sourire, Halt plia avec soin son parchemin.
— Cela fait partie de notre travail de Rôdeur, expliqua-t-il. Depuis environ vingt-cinq ans, nous mettons à jour les cartes du royaume. Chaque Rôdeur est chargé d’un secteur bien précis et, une fois l’an, nous transmettons ces plans à Crowley afin qu’il les fasse copier et distribuer.
— Ah oui, je connais Crowley, dit Malcolm. Il m’a contacté peu de temps après le séjour de Will parmi nous. Il voulait en savoir plus sur mes pratiques de guérisseur.
— En effet, il nous avait dit en avoir l’intention, commenta Will.
Il se rappelait avoir parlé de Malcolm à Halt et à Crowley lorsqu’il était rentré de MacIndaw. Les deux Rôdeurs aînés avaient paru très intéressés par ses talents de guérisseur, par ses connaissances en alchimie et par les illusions qu’il parvenait à créer. Connaissant Malcolm, Will se doutait qu’il n’avait pas dû accepter de partager tous ses secrets avec le commandant de l’Ordre.
— Quoi qu’il en soit, reprit Halt, je suis prêt à parier que Tennyson et sa bande vont là-bas.
— Oui, approuva Malcolm. Cela semble logique qu’il établisse son quartier général dans ces grottes.
— Bon, ce n’est pas en restant ici à bavarder que nous rejoindrons les Bannis, déclara le vieux Rôdeur. Ils ont déjà trop d’avance sur nous.
Il enfourcha Abelard et attendit, non sans irritation, que ses compagnons en fassent autant. Malcolm dut s’y reprendre à trois reprisesavant de réussir à grimper sur Caracole ; Will remarqua que son mentor tripotait ses rênes avec agacement.
— Bon sang de bois, Horace ! s’écria-t-il soudain. Tu ne peux donc pas l’aider à se hisser derrière toi ?
— Calme-toi, lui souffla Will.
Le vieux Rôdeur lui décocha un regard noir, puis afficha un sourire contrit.
— Navré. Seulement, après tout le retard que nous avons pris, je suis pressé de me mettre en route.
Ce fut cependant cette anxiété et cette impatience à repartir sur les traces de Tennyson qui faillirent avoir raison de lui. Il ne se ménageait pas assez. Dans des circonstances ordinaires, il n’aurait eu aucun mal à suivre le rythme qu’il s’était imposé. Mais il n’était pas encore tout à fait remis des effets du poison et des jours durant lesquels il était demeuré alité, frôlant la mort. Cette épreuve l’avait affaibli et il aurait
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