La Traque des Bannis
race, accepta ce geste avec impassibilité.
Will choisit un petit sac rempli de vêtements de rechange, le vida et y fourra des rations de base : une miche de pain plat, légèrement rassis mais encore mangeable, des fruits secs et plusieurs morceaux de bœuf séché – aliment certes difficile à mâcher, qui lui apporterait néanmoins les forces nécessaires, savait-il par expérience ; d’autant qu’il pourrait manger en route, sans avoir besoin de s’arrêter.
— Je vais emporter nos trois gourdes, annonça-t-il à Horace. L’étang est tout près d’ici. De mon côté, je ne veux pas avoir à chercher de l’eau durant le voyage.
Il alla attacher le sac à la selle de Folâtre afin de pouvoir l’atteindre aisément.
Horace acquiesça et ramassa les gourdes.
— Je vais aller changer l’eau, histoire qu’elle soit fraîche.
Au bout de quelques heures, l’eau contenue dans les récipients aurait déjà un goût de cuir, ils le savaient tous deux.
— Merci, dit Will en souriant. Pendant ce temps, je vais avaler quelque chose. Autant partir le ventre plein.
Le chevalier jeta un coup d’œil au sac de son compagnon, qu’il savait déjà rempli de victuailles sans saveur et fit la grimace.
— Oui, cela vaut mieux. Tu n’auras pas l’occasion de faire un bon repas de sitôt.
La veille au soir, ils avaient fait griller les deux canards, mais l’un d’eux était à peine entamé. Will s’empara d’une cuisse et d’un morceau de poitrine, puis engloutit la viande à toute allure, sans cesser de marcher de long en large. Il mangea un peu de pain avant de chercher de quoi se désaltérer.
Le pot à tisane était resté sur les braises. Le jeune homme but avec plaisir une tasse du breuvage bien chaud, qui lui redonna de l’énergie. Il essaya de respirer profondément afin de se détendre, car son estomac était noué ; il n’avait qu’une envie, bondir en selle et s’élancer au galop. Il regrettait le temps perdu à ces préparatifs, mais il savait que, plus tard dans la journée, cela lui permettrait de ne pas avoir à faire trop de haltes. Aussi réprima-t-il son impatience grandissante et s’efforça de rester calme et de réfléchir posément. Avait-il oublié quoi que ce soit ?
Non, il avait tout ce qu’il lui fallait. Les montures, qui avaient été nourries, étaient prêtes à partir, et le peu d’équipement qui lui serait nécessaire pendait à leurs selles.
Horace revint avec les trois gourdes. Il attacha la première sur Abelard et la deuxième sur Folâtre, les fixant solidement à l’aide de cordes afin qu’elles ne rebondissent pas à chaque foulée. Alors qu’ils’écartait d’Abelard, la troisième cogna contre l’étrier de fer et laissa échapper un son creux.
Intrigué, Will fronça les sourcils.
— On dirait qu’elle est vide.
Le guerrier sourit et se dirigea vers le feu.
— Pour l’instant. Les deux autres sont pour les chevaux. Mais celle-ci est pour toi.
Prenant le pot de tisane, il en versa soigneusement le contenu dans la gourde. Concentré sur sa tâche, il reprit :
— Autant que tu aies de la tisane. J’imagine que tu n’as pas l’intention de t’arrêter en route pour camper, n’est-ce pas ?
— Seulement quelques minutes de temps à autre, si j’ai besoin d’une sieste rapide. Je me contenterai de m’envelopper dans ma cape.
— Je m’en doutais, ajouta Horace avant de refermer la gourde. La boisson restera chaude un bon moment. De toute façon, mieux vaut boire une infusion froide qu’une eau qui a un goût de cuir.
— C’est bien vu, Horace, répondit Will avec un grand sourire.
Le jeune chevalier parut content. Il aurait aimé en faire davantage pour le Rôdeur, mais ce petit geste prévenant en disait déjà long sur leur amitié.
— En outre, cela te permettra de tenir le coup pendant ton voyage.
Leurs sourires s’évanouirent à la perspective de la chevauchée qui attendait Will. Comment savoir à l’avance quels dangers il était susceptible de courir ? Dans les régions isolées du royaume telle celle qu’ils traversaient, les habitants avaient tendance à ne pas accepter la présence d’inconnus ; de même, il était fort possible que des bandes de brigands opèrent entre leur campement et MacIndaw. De surcroît, une fois qu’il approcherait du château, Will devrait se méfier des pillards scotti, comme ceux qu’ils avaient repoussés quelques jours plus tôt. Et le jeune Rôdeur risquait de ne pas
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