La Vallée des chevaux
qu’elle ouvrit les yeux, elle sut ce qu’elle allait faire. Elle
voulait fabriquer un vêtement qui lui tienne chaud.
Elle se leva sans bruit, alla chercher les habits qu’il portait
lorsqu’elle l’avait trouvé et s’approcha du feu pour les regarder. Il faudrait
d’abord faire tremper la peau pour la débarrasser du sang qui l’imprégnait. Le
pantalon était irrécupérable : il faudrait en refaire un autre. La tunique
décorée pourrait être sauvée si elle parvenait à remettre les bras en place. Il
en était de même de la pelisse. Les peaux qui lui protégeaient les pieds
étaient en bon état, il suffirait de changer les lanières.
Ayla se pencha un peu plus vers les braises pour examiner
l’assemblage. On avait percé de petits trous sur les bords des peaux, puis on
avait assemblé celles-ci avec des tendons ou de fines bandes de cuir. Ayla
avait déjà examiné ces vêtements le jour où elle les avait coupés. Elle ne
savait pas si elle serait capable d’en fabriquer de semblables, mais elle
pouvait toujours essayer.
Quand Jondalar remua, elle retint sa respiration. Elle ne
voulait pas qu’il la voie avec ses vêtements car elle tenait à lui faire la
surprise. Il se remit sur le dos et sa respiration redevint régulière : il
dormait à poings fermés. Ayla fit un paquet des vêtements et alla le placer
sous les fourrures de sa couche. Plus tard, elle trierait les peaux qu’elle
tenait en réserve pour choisir celles dont elle avait besoin.
Une faible lueur pénétra à l’intérieur de la caverne. La
respiration de Jondalar se modifia légèrement : il n’allait pas tarder à
se réveiller. Ayla ajouta du bois sur les braises et mit les pierres à
chauffer, puis elle installa le panier dans lequel elle faisait chauffer l’eau.
Comme la gourde était presque vide, elle décida d’aller la remplir. En passant
près de Whinney, elle entendit la jument souffler doucement et s’arrêta près
d’elle.
— J’ai une idée formidable, Whinney, lui dit-elle dans le
langage silencieux du Clan en souriant. Je vais fabriquer des vêtements pour
Jondalar, des vêtements exactement comme les siens. Crois-tu qu’il aimera
ça ?
Son sourire s’évanouit et, prenant la jument par l’encolure,
elle posa son front sur le sien. Quand il aura ses vêtements, il me quittera,
songea-t-elle. Je ne peux pas l’obliger à rester. Je ne peux que l’aider à
préparer son départ.
Quand elle s’engagea sur le sentier, le jour se levait. En
arrivant près de la rivière, elle enleva son vêtement en peau et plongea dans
l’eau froide. Elle ressortit rapidement, se rhabilla, cueillit une brindille
pour Jondalar et remplit sa gourde avant de remonter vers la caverne.
Ce matin, je vais essayer un nouveau mélange, se dit-elle. De la
camomille et de l’herbe douce [9] .
Elle écorça la brindille, la posa à côté du bol de Jondalar et prépara
l’infusion du matin. Les framboises sont mûres, songea-t-elle, je vais aller en
cueillir.
Elle posa le pot à infusion à côté du feu, alla chercher un
panier et ressortit en compagnie de Whinney et de son poulain. Les deux chevaux
broutèrent non loin d’elle tandis qu’elle cueillait des framboises, déterrait
quelques carottes sauvages et ramassait des tubercules blanchâtres qu’elle
préférait manger cuits, plutôt que crus.
Quand elle revint, Jondalar l’attendait sur la corniche
ensoleillée. Elle le salua de la main tout en lavant les tubercules dans la
rivière. Puis elle rejoignit la caverne et ajouta les carottes et les
tubercules au bouillon de viande séchée qu’elle avait mis sur le feu un peu
plus tôt. Elle goûta, ajouta quelques plantes aromatiques, partagea les
framboises en deux parts égales et se servit un bol d’infusion froide.
— De la camomille, dit Jondalar, et quelque chose d’autre
que je ne connais pas...
— Je ne sais pas comment on l’appelle, répondit Ayla. Ça
ressemble à de l’herbe et c’est doux. Il faudra que je te montre cette plante.
Elle remarqua qu’il avait sorti ses outils de tailleur de silex
ainsi que les lames qu’il avait fabriquées la veille.
— Je ne vais pas tarder à me mettre au travail,
expliqua-t-il. J’ai besoin de fabriquer certains outils avant de m’attaquer aux
sagaies proprement dites.
— Plus vite nous irons chasser, mieux ça vaudra. Cette
viande séchée est vraiment trop maigre à mon goût. En fin de saison, les
animaux ont refait leurs réserves de
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