La Vallée des chevaux
graisse. Je me réjouis d’avance à l’idée
de manger un cuissot rôti tout dégoulinant de jus.
— Tu me fais venir l’eau à la bouche rien que d’en parler,
Ayla, dit-il en souriant. Tu es vraiment une cuisinière extraordinaire !
Ayla rougit et baissa la tête. Elle était heureuse de savoir
qu’il appréciait ses talents de cuisinière, mais trouvait étonnant qu’il fasse
attention à quelque chose qui, pour elle, allait de soi.
— Je ne voulais pas te gêner, dit-il en voyant sa réaction.
— Iza disait toujours que les compliments rendent jaloux
les esprits et que bien faire quelque chose devrait suffire.
— J’ai l’impression que Marthona aurait bien aimé ton Iza.
Les compliments l’irritaient, elle aussi. Elle avait l’habitude de dire :
Le meilleur compliment est le travail bien fait. Toutes les mères se
ressemblent.
— Marthona est ta mère ?
— Oui, je ne te l’ai pas dit ?
— J’avais l’impression que c’était ta mère, mais je n’en
étais pas sûre. As-tu d’autres frères et sœurs, en plus de celui que tu as
perdu ?
— J’ai un frère aîné, Joharran. Il est maintenant le chef
de la Neuvième Caverne. Il est né dans le foyer de Joconan. Quand ce dernier
est mort, ma mère s’est unie à Dalanar. Je suis né dans le foyer de celui-ci.
Puis Marthona et Dalanar se sont séparés, et ma mère a pris pour compagnon
Willomar. Thonolan est né dans le foyer de Willomar, ainsi que ma jeune sœur
Folara.
— Tu as aussi vécu chez Dalanar ?
— Oui, pendant trois ans. C’est lui qui m’a appris mon
métier. J’avais douze ans quand je suis parti vivre chez lui et cela faisait
déjà un an que j’étais un homme. J’étais aussi très grand pour mon âge. Et il
valait mieux que je parte, ajouta-t-il avec une expression indéfinissable. Il
se tut un court instant, puis reprit, en souriant cette fois :
— C’est chez Dalanar que j’ai rencontré ma cousine Joplaya.
Elle est la fille de Jerika et est née dans le foyer de Dalanar après que
celui-ci eut pris Jerika comme compagne. Elle a deux ans de moins que moi.
Dalanar lui a appris la taille du silex en même temps qu’à moi. Elle possède
les qualités indispensables au tailleur de silex : la main sûre et l’œil
exercé. Même si je ne lui ai jamais dit, elle maîtrise parfaitement son métier
et, un jour, elle sera aussi forte que Dalanar.
— Il y a quelque chose que je ne comprends pas, Jondalar,
avoua Ayla après avoir réfléchi. Folara a la même mère que toi et elle est donc
ta sœur. Exact ?
— Oui, c’est ça.
— Tu es né dans le foyer de Dalanar et Joplaya aussi, mais
elle, elle est ta cousine. Quelle différence entre sœur et cousine ?
— Les frères et les sœurs sont nés de la même mère. Les cousins
sont moins proches. Je suis né dans le foyer de Dalanar – et je suis
certainement le fils de son esprit. Tout le monde dit que je lui ressemble. Je
pense que Joplaya est aussi la fille de son esprit car elle est grande comme
lui, alors que sa mère est petite. Joplaya et moi nous sommes peut-être tous
deux les enfants de l’esprit de Dalanar. Qui sait ? Personne ne peut
jamais dire avec certitude quel esprit la Grande Mère a choisi de mélanger avec
celui de la femme. C’est pourquoi Joplaya est ma cousine et non ma sœur.
— Peut-être qu’Uba était ma cousine... Mais, pour moi, elle
était ma sœur.
— Ta sœur ?
— Ce n’était pas ma vraie sœur. Uba était la fille d’Iza et
elle est née après que celle-ci m’eut recueillie. Iza disait que nous étions
toutes les deux ses filles. Uba a trouvé un compagnon, mais ce n’était pas
l’homme qu’elle avait choisi. Elle a été obligée de prendre pour compagnon un
autre homme car sinon, celui-ci n’aurait pu s’unir qu’à une de ses sœurs. Et
dans le Clan, les frères et sœurs n’ont pas le droit de s’unir.
— Chez nous non plus, dit Jondalar. Nous évitons aussi de
nous unir entre cousins, bien que ce ne soit pas formellement interdit. Cela
dépend de quels cousins il s’agit.
— Que veux-tu dire ?
— Nous avons toutes sortes de cousins. Les enfants de la
sœur de ma mère sont aussi mes cousins. Et aussi les enfants de la compagne du
frère de ma mère et aussi les enfants de...
— C’est trop compliqué ! dit Ayla en secouant la tête.
Comment faites-vous pour savoir qui est votre cousin et qui ne l’est pas ?
Presque toutes les femmes de ta
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