La Vallée des chevaux
Caverne doivent être tes cousines... Il ne doit
pas en rester beaucoup que tu puisses choisir comme compagne.
— La plupart des gens ne s’unissent pas avec un membre de
leur propre Caverne, mais plutôt avec quelqu’un qu’ils ont rencontré à la
Réunion d’Été. Il est rare qu’un homme prenne pour compagne une de ses parentes
car, en général, nous savons quels sont nos cousins les plus proches, même
quand ils appartiennent à une autre Caverne.
— C’est le cas de Joplaya ?
La bouche pleine de framboises, Jondalar se contenta de hocher
la tête.
— Et si ce n’étaient pas les esprits qui faisaient les
enfants ? demanda Ayla. Si c’était l’homme ? Cela voudrait dire qu’un
garçon, par exemple, est autant le fils de l’homme que de la femme...
— Le bébé grandit à l’intérieur du ventre de la mère, Ayla.
Il naît de la mère.
— Si c’est le cas, pourquoi les hommes et les femmes
aiment-ils s’accoupler ?
— Pourquoi la Mère nous a-t-elle fait cadeau du Don du
Plaisir ? C’est une question qu’il faudrait poser à Zelandoni.
— Pourquoi parles-tu tout le temps du « Don du
Plaisir » ? Beaucoup de choses rendent les gens heureux et leur
donnent du plaisir. Est-ce qu’un homme éprouve tant de plaisir que ça à
introduire son sexe à l’intérieur de la femme ?
— Non seulement l’homme en éprouve, mais la femme aussi...
Mais tu ignores tout de ça, Ayla. Tu n’as jamais été initiée aux Premiers
Rites. Un homme t’a pénétrée, il a fait de toi une femme, mais ce n’est pas
pareil. C’est vraiment honteux ! Comment ces gens ont-ils pu accepter une
chose pareille ?
— Ils ne pouvaient pas savoir. Ce n’était pas ce qu’il me
faisait qui était honteux, mais sa manière de le faire. Il ne faisait pas ça
pour le Plaisir, mais par haine. Je souffrais et j’étais furieuse. Mais je n’en
éprouvais aucune honte. Peu de plaisir, non plus. Je ne sais pas si c’est Broud
qui a mis en train mon bébé, ou qui a fait de moi une femme pour que je puisse
en avoir un, mais son fils m’a rendue très heureuse. Grâce à lui, j’ai éprouvé
du plaisir.
— Le Don de Vie de la Mère est une joie. Mais il y a
quelque chose de plus dans le Plaisir que partagent un homme et une femme. Ça
aussi, c’est un Don qu’il faut accomplir avec joie, en l’honneur de la Mère.
Pour les enfants, je ne suis pas sûre qu’il ait raison, se dit
Ayla. Et pourtant, il semble si sûr de lui ! Elle n’arrivait pas à le
croire tout à fait et continuait à s’interroger à ce sujet.
Quand ils eurent fini de déjeuner, Jondalar se dirigea vers
l’endroit de la corniche où il avait disposé ses outils. Ayla le suivit et
s’installa non loin de lui. Il commença par étaler les lames devant lui afin de
pouvoir les comparer : des différences minimes faisaient que certaines
étaient mieux adaptées que d’autres à la fabrication d’outils bien précis.
Jondalar choisit une des lames, la regarda à la lumière et la tendit à Ayla.
L’arête qui courait de haut en bas au milieu de la face externe
était rectiligne. De l’arête centrale à chacun des bords, l’épaisseur de la
lame diminuait régulièrement si bien qu’on pouvait voir le jour au travers. La
partie supérieure de la lame se recourbait vers la face interne, renflée et
lisse. Pour apercevoir les lignes de fracture qui rayonnaient à partir du bulbe
de percussion très aplati, il fallait regarder la lame par transparence. Les
deux bords étaient droits et effilés.
Jondalar tira sur un des poils de sa barbe et le coupa net pour
vérifier le tranchant de la lame. Il aurait été difficile de trouver une lame
plus parfaite que celle-ci.
— Je vais la garder pour tailler ma barbe, dit-il.
Ayla n’avait pas compris ce qu’il entendait par là. Habituée à
ne pas interrompre Droog lorsqu’elle le regardait travailler, elle ne posa pas
de question. Jondalar reposa la lame et en choisit une autre. Sur celle-ci, les
deux bords tranchants allaient en diminuant, si bien qu’une des extrémités de
la lame était plus étroite que l’autre. Jondalar prit un galet lisse, deux fois
plus gros que son poing, et y posa l’extrémité étroite de la lame. A l’aide
d’un percuteur en andouiller, il tapa sur l’extrémité pour lui donner une forme
triangulaire. Appuyant les bords du triangle sur l’enclume en pierre, il en
détacha alors de petits éclats. Quand il eut terminé,
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