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La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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avait baissé. Les
berges boueuses formaient un vaste marécage qui offrait un spectacle de
désolation : amas de bois flottés, branches brisées net, arbres entiers
dont les racines étaient tournées vers le ciel, poissons morts gisant le ventre
en l’air et cadavres d’animaux échoués. Les oiseaux aquatiques festoyaient et
une hyène était en train de se régaler des restes d’un cerf, insensible aux
battements d’ailes des cigognes noires qui se posaient autour d’elle.
    — Grande Doni ! s’écria Thonolan, abasourdi.
    — Ce doit être la Sœur, dit Jondalar, trop ému pour
rappeler à son frère qu’une fois de plus c’est lui qui avait raison.
    — Comment allons-nous faire pour traverser ?
    — Je n’en sais rien. Nous serons obligés de remonter
l’affluent.
    — Remonter ? Jusqu’où ? La Sœur est aussi large
que la Grande Rivière Mère.
    — Nous aurions dû suivre les conseils de Tamen, dit
Jondalar en fronçant les sourcils d’un air soucieux. La saison est si avancée
qu’il peut se mettre à neiger du jour au lendemain. Même si nous rebroussons
chemin, nous ne pourrons pas nous permettre d’aller très loin. Je n’ai aucune
envie d’être surpris par une tempête de neige alors que nous nous trouvons
encore à découvert dans les plaines.
    Une brusque rafale de vent rabattit le capuchon de Thonolan en
arrière. Il le remit aussitôt en place et ne put réprimer un frisson. Pour la
première fois depuis qu’ils s’étaient mis en route, il se demandait comment ils
allaient se débrouiller pour rester en vie durant la saison froide.
    — Et maintenant, que faisons-nous ? demanda-t-il à son
frère.
    — Il faut trouver un endroit pour établir notre campement,
répondit celui-ci. (Après avoir observé attentivement les abords du cours
d’eau, il ajouta :) Nous allons nous installer là-bas, un peu en amont, au
pied de cette rangée d’aulnes. Il y a là un petit torrent qui rejoint la Sœur.
Son eau doit être bonne à boire.
    — Nous pourrions attacher nos deux sacs sur un tronc,
proposa Thonolan, puis passer la corde autour de nos poitrines, comme ça nous
serions sûrs de traverser sans que le courant nous sépare.
    — Je te savais intrépide, Petit Frère, mais pas imprudent.
Même sans chargement, je ne suis pas sûr de pouvoir traverser à la nage. Cette
rivière doit être très froide. Si elle n’est pas prise par les glaces, c’est
uniquement à cause de la force de son courant. Ce matin au réveil, elle était
gelée en surface. Et que ferons-nous si nous nous trouvons empêtrés dans les
branches d’un arbre ? Nous pouvons alors être entraînés par le courant ou,
encore pire, au fond de la rivière.
    — Est-ce que tu te souviens de cette Caverne près de la
Grande Eau ? Ils se servent de troncs évidés pour traverser les rivières.
    — Les troncs dont tu me parles proviennent d’arbres de
grande taille, rappela Jondalar. Jamais nous n’en trouverons ici. Regarde comme
les arbres sont petits et rabougris.
    — J’ai entendu parler d’une Caverne qui fabriquait des
coques en écorce de bouleau. Mais ce doit être très fragile...
    — J’ai déjà vu ce genre de coques, mais je ne sais pas
comment on les fabrique et quel type de colle on utilise pour que l’embarcation
ne prenne pas l’eau. De toute façon, les bouleaux qu’ils utilisent sont
beaucoup plus gros que par ici.
    Thonolan regarda autour de lui dans l’espoir de trouver une idée
que son frère ne pourrait pas démolir à coups d’arguments logiques. Il observa
un court instant la rangée d’aulnes qui poussait en haut de la butte au sud et
se mit à sourire.
    — Et si nous construisions un radeau ? Il suffirait
d’attacher plusieurs rondins ensemble. Les aulnes qui se trouvent en haut de ce
monticule feraient parfaitement l’affaire. Regarde comme ils ont poussé droit
et haut.
    — En admettant que nous arrivions à construire un radeau
avec ces aulnes, je ne vois pas de branche suffisamment longue et solide pour
que nous puissions en faire une perche capable d’atteindre le fond de la
rivière. Tu sais bien que même sur une rivière beaucoup plus petite, il est
toujours difficile de conserver le contrôle d’un radeau.
    Le sourire plein d’assurance de Thonolan s’effaça aussitôt. Il
était incapable de déguiser ses sentiments. Il possédait une nature candide et
impulsive, caractéristique qui le rendait particulièrement sympathique,
notamment

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