La Vallée des chevaux
dans l’air une odeur
bien particulière, annonciatrice de neige. Comme le temps avait changé en
l’espace d’une nuit ! Elle devrait désormais redoubler de vigilance.
Jamais je n’aurais pensé que le vent puisse s’engouffrer à
l’intérieur de la caverne, se dit-elle. C’est peut-être en partie à cause de ça
que mon feu s’est éteint. Bien entendu, j’aurais dû le couvrir avant d’aller me
coucher. Mais il faut reconnaître aussi que le bois flotté brûle très
rapidement quand il est sec. Il faudrait peut-être que je coupe un peu de bois
vert. Il aura plus de mal à prendre mais il se consumera plus lentement. J’en
profiterai pour fabriquer un brise-vent avec des pieux. Je vais prendre mon
coup-de-poing et aller couper quelques jeunes arbres. Inutile d’allumer du feu
si le vent l’éteint l’instant d’après.
Avant de remonter, Ayla ramassa quelques morceaux de bois
flotté. Whinney l’attendait sur la corniche et, après l’avoir saluée d’un joyeux
hennissement, elle approcha sa tête de la main d’Ayla pour se faire caresser.
Ayla, qui avait les deux mains pleines, lui sourit et entra dans la caverne
pour y déposer le bois qu’elle portait.
Whinney l’avait suivie à l’intérieur et à nouveau elle approcha
son museau de la main d’Ayla.
— D’accord, Whinney, dit-elle en se débarrassant de son
fardeau. Elle caressa la jeune pouliche, puis remplit son panier de grains. En
guise de petit déjeuner, elle termina les restes du lapin et but un peu d’eau.
Il faisait froid dans la grotte et elle aurait aimé pouvoir préparer une
infusion. Mais ce serait pour plus tard.
Après avoir réchauffé ses mains glacées en les plaçant sous ses
aisselles, Ayla alla chercher le sac qui contenait ses outils et qu’elle
rangeait à la tête de son lit.
Au début de son séjour dans la vallée, elle avait fabriqué
quelques outils neufs, puis elle avait négligé cette activité car il y avait
toujours quelque chose de plus important à faire. Elle ne possédait qu’un seul
coup-de-poing, celui qu’elle avait emporté avec elle le jour où elle avait
quitté le Clan. Elle sortit dehors pour l’examiner à la lumière du jour. Quand
on savait s’en servir, le coup-de-poing était un outil extrêmement tranchant
car, à chaque utilisation, de minuscules éclats se détachaient du bord si bien
que celui-ci était toujours coupant. En revanche, quand on le maniait mal, on
risquait de détacher de gros éclats, voire de le briser.
Ayla était tellement habituée à la présence de la jeune pouliche
que, quand celle-ci s’approcha d’elle, elle n’y fit pas attention et continua à
examiner l’outil. Toujours avide de caresses, Whinney approcha son museau du
coude d’Ayla et releva brusquement la tête. Le coup-de-poing tomba sur la
corniche en pierre et se brisa en plusieurs morceaux.
— Whinney ! s’écria Ayla. C’était mon seul
coup-de-poing ! Comment vais-je faire pour couper les arbres dont j’ai
besoin ?
Il y a quelque chose qui ne va pas, songea-t-elle aussitôt. Mon
feu s’éteint juste au moment où il commence à faire froid. Les hyènes en
profitent pour attaquer Whinney. Et maintenant, voilà que mon coup-de-poing se
casse... Ce n’est pas de bon augure.
Quoi qu’il en soit, il fallait qu’elle fabrique un nouveau
coup-de-poing si elle voulait couper des arbres. Après avoir récupéré les
morceaux de silex susceptibles de lui être encore utiles, elle alla les mettre
à côté du feu. Puis elle s’approcha de la niche qui se trouvait derrière son
lit et en sortit un paquet enveloppé dans une peau de hamster géant et
l’emporta sur la plage rocheuse.
Whinney l’avait suivie. Mais quand elle vit Ayla trop occupée
pour la caresser, elle s’éloigna et partit faire un tour dans la vallée.
Pour ouvrir le paquet, Ayla adopta une attitude pleine de
respect comme le conseillait Droog, qui fabriquait les outils du clan et
enseignait la taille du silex. Elle prit un galet de forme ovale qui lui
servait de percuteur. La première fois qu’elle avait voulu tailler un silex,
elle avait cherché un galet qui soit assez dur pour résister aux chocs et
qu’elle ait bien en main. Tous les outils servant à la taille avaient leur
importance, mais le percuteur jouait un rôle fondamental.
Celui d’Ayla était ébréché par endroits. Mais beaucoup moins que
celui de Droog qui, lui, s’en servait continuellement. Aussi endommagé
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