La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
violentes
et les plus exacerbées du sentiment religieux
sont inconnues. Tout dépend des milieux et des
groupements locaux. Aussi importe-t-il de distinguer entre le culte officiel et les cultes populaires, entre les formes prises par la religion
dans les hautes classes et chez les gens du
peuple.
2. Le culte officiel
Célébré par l’empereur qui en est le principal
officiant, le culte officiel, qui, dans la mesure où
il s’inspire de conceptions traditionnelles particulières aux classes dirigeantes, peut être qualifié de confucianiste, s’adresse au Ciel, à la Terre
et aux ancêtres impériaux. Il vise à assurer la
pérennité de la dynastie, à organiser l’espace et
le temps, à donner au monde la prospérité et la
paix. En dehors des rites annuels qui sont fixés
d’après l’année solaire (fêtes des solstices et des
débuts de saison), il comporte des cérémonies
exceptionnelles : annonces aux ancêtres dans le
Temple suprême (par exemple lors de l’institution d’une ère dynastique, lors de la mort d’un
membre de la famille impériale, lors d’une calamité publique) et sacrifices à la Terre et au Ciel
sur l’autel de la banlieue sud.
Un exemple suffira ici à révéler les caractères
essentiels de ce culte : son ritualisme, la complexité de ses prescriptions (chiffres, couleurs,
orientations, dates, etc. sont déterminés en fonction de considérations symboliques par des spécialistes du rituel) et le faste de ses cérémonies.
Les rites du culte impérial sont avant tout des
spectacles grandioses, mais ces spectacles n’excluent pas une certaine émotion religieuse. Tous
ces traits ressortiront de la description d’un des
plus grands rites du culte impérial, celui des sacrifices sur l’autel de la banlieue sud.
Cet autel est situé à quinze cents mètres en
dehors de la porte sud des remparts, la porte des
Merveilles réunies. Ses dimensions et sa forme
n’ont pas varié depuis plusieurs siècles. Haut de
dix mètres environ, il comporte un escalier de
72 (9 x 8) marches et quatre niveaux différents,
non compris la plate-forme supérieure. On
accède par douze degrés au niveau supérieur,
large de vingt et un mètres. Sur la plate-forme
du sommet se trouvent un emplacement pour les
libations à l’empereur d’En Haut (le Ciel), deux
emplacements pour les libations à l’Auguste
Terre ainsi que des emplacements pour les
offrandes aux premiers empereurs de la dynastie. Seize niches aménagées au niveau supérieur
de l’autel servent pour les sacrifices aux empereurs mythiques des cinq couleurs, aux planètes
et aux 360 étoiles 41 .
L’empereur vient officier sur cet autel lors de
rites ordinaires et par exemple le jour du commencement du printemps, vers le 5 février, au
solstice d’hiver ou lors des prières pour demander la pluie en temps de sécheresse. Mais
d’autres cérémonies exceptionnelles y ont lieu
tous les trois ans. Le décret impérial qui fixe leur
date est promulgué au premier de l’an, et les
sacrifices ont lieu au solstice d’hiver ou le premier jour de l’année suivante. Un jour de la 5 e ou 6 e lune est choisi pour ordonner aux services
officiels intéressés de préparer l’autel et deconstruire les salles de lustration. Ces constructions dont la charpente est en bois et en bambou
sont recouvertes de nattes et protégées de tentures de couleur verte. Des soldats sont chargés
d’égaliser le sol sur la partie de la Voie impériale
qui mène depuis le Temple suprême (temple des
Ancêtres impériaux) au nord du palais jusqu’à
l’autel de la banlieue sud et de recouvrir toute la
chaussée de sable fin. Un grand bâtiment provisoire est édifié devant le Temple suprême où
l’on installe le char de cérémonie de l’empereur ;
les habitants sont autorisés à venir le voir.
Au cours du mois qui précède les sacrifices, à
la douzième lune ou dans le courant de la
onzième, des répétitions en vue des cérémonies
ont lieu presque tous les jours. Trois jours avant,
l’empereur est invité à se purifier par le jeûne
dans la « salle de la Grande Gloire ». Il revêt
alors le « chapeau de la communication avec le
Ciel », une tunique de soie fine et des pendentifs. Le lendemain, portant une coiffure d’un
autre genre, il se rend à la « salle de la Sainteté
éclatante », puis, à son retour, se dirige vers le
Temple suprême et passe la nuit dans une salle
de lustration. Au quatrième coup de
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