La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
les raisons 3 .
La plupart des fonctionnaires sont recrutés par
voie de concours. Cependant, la réussite aux
concours de doctorat n’entraîne pas toujours, ni
immédiatement, une nomination. Elle habilite
seulement à postuler un emploi dans l’administration. Ces concours constituent une véritable
épreuve au sens plein et fort de ce mot : il y faut
l’aide des dieux et leur inspiration. Ils se font à
trois stades différents : dans les préfectures, dans
les capitales de province et, pour finir, au palais
impérial. Ils ont lieu tous les trois ans, et il n’y a
jamais qu’une infime proportion de reçus à lacapitale. Sortir premier au concours du palais
impérial est un honneur insigne qui assure à son
titulaire la carrière la plus brillante et la plus
rapide, surtout quand il s’agit du doctorat de
lettres qui est le plus célèbre parmi les différents
genres de doctorat (lettres, droit, histoire, rites,
études classiques). Toute fraude et toute mesure
de faveur dans ces concours sont rendues impossibles grâce à l’anonymat des copies et à un système de triple correction. Un bureau de copistes
reproduit les textes des candidats, deux examinateurs notent chaque épreuve indépendamment
l’un de l’autre et un troisième examinateur les
départage.
La carrière des fonctionnaires est généralement assez sûre. C’est surtout dans les hautes
sphères de l’administration, où règne l’esprit de
parti et où la calomnie est toute-puissante, que
les revers de fortune sont à craindre. Mais le
fonctionnaire moyen, celui du moins qui ne doit
pas sa carrière à la protection d’un haut personnage, risque peu d’être rétrogradé ou révoqué
injustement. Seule l’administration centrale a le
pouvoir de nommer, de déplacer ou de promouvoir un fonctionnaire et elle ne le fait qu’avec
toutes les précautions nécessaires. Chacun a son
dossier à la capitale : notes de service, rapports
des supérieurs sur le caractère, la moralité, les
mérites particuliers et les fautes commises par
l’intéressé. On tient compte avant tout, pour lespromotions, du caractère du fonctionnaire : énergie, capacité de travail, santé, courage, sens de la
discipline. A-t-il tendance à l’abus d’autorité ?
Commet-il des maladresses ? Fait-il preuve de
piété filiale et de fidélité à l’égard de ses amis ?
Sa conduite est-elle inspirée par une rectitude
foncière ou par l’ambition ? Porte-t-il intérêt au
bien-être de ses administrés ? A-t-il provoqué
des troubles dans sa circonscription par des châtiments trop cruels et injustes, par des levées
d’impôts inconsidérées ? S’est-il montré sensible
aux pots-de-vin (en principe, la corruption est un
vice rédhibitoire) ? L’expérience de l’intéressé
est également prise en considération : a-t-il une
bonne pratique de l’administration et des capacités particulières ? Etre bon lettré constitue un
avantage certain, car les talents littéraires sont la
preuve d’une bonne culture, et l’on attache plus
d’importance à l’humanisme qu’aux connaissances techniques. C’est pourquoi les anciens
candidats reçus parmi les premiers aux concours
de doctorat de lettres avancent toujours plus
rapidement en grade et sont parfois nommés dès
le début de leur carrière à des postes relativement importants. Mais, généralement, chaque
fonctionnaire fait ses débuts dans les plus petits
postes de l’administration préfectorale, comme
sous-préfet dans des provinces éloignées ou
comme adjoint de sous-préfet. Il n’y a aucune
spécialisation technique, et la plupart des postespeuvent être occupés par n’importe quel fonctionnaire. Ainsi, en fin de carrière, beaucoup ont
une connaissance pratique du fonctionnement
général de l’administration, dans les provinces et
à la capitale. Un temps de séjour minimum est
admis pour chaque poste et, par exemple, les
sous-préfets restent généralement deux ou trois
ans dans la même ville ou dans la même bourgade. Mais un bon administrateur est plus rapidement muté qu’un médiocre.
La retraite intervient vers l’âge de soixante-huit ans et parfois un peu plus tôt. A ce moment,
les fonctionnaires reçoivent de l’empereur une
gratification en monnaie ou en tissus. Mais il
arrive aussi qu’un fils ou petit-fils de haut fonctionnaire mis à la retraite bénéficie d’une nomination de faveur ou que l’intéressé lui-même soit
nommé à un poste
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