La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
siège
presque chaque jour dès les premières heures de
la matinée se distingue des grandes audiences,
où toutes les administrations centrales se trouvent
réunies, par son caractère secret et par l’absence
de protocole. Les fonctionnaires les plus proches
de l’empereur après ces conseillers sont les censeurs, les délégués des grandes administrations et
les académiciens qui ont pour attributions respectives le contrôle de la haute administration, l’exécution des décisions impériales et la rédaction
des décrets. Viennent ensuite la chancellerie, le
secrétariat impérial et l’organisme le plus important par le nombre de ses fonctionnaires, ledépartement des ministères (personnel, finances,
rites, guerre, justice, travaux publics) ; puis, tout
un ensemble de directions qui s’occupent soit de
questions intéressant directement l’empereur et
la famille impériale (culte et sacrifices, banquets, insignes, écuries, trésor privé de l’empereur), soit de problèmes techniques ou de
directives générales concernant l’agriculture,
l’enseignement, les canaux, l’armement, les relations avec les pays étrangers, les décisions de
justice extraordinaires.
Pour finir, deux organismes assurent l’un la
transmission des mémoires et pétitions adressés
à l’empereur par les fonctionnaires des provinces, l’autre la transmission des ordres du gouvernement à l’administration préfectorale. Telle
est, dans ses grandes lignes, la structure de l’administration centrale. Elle étonne par son modernisme et sa complexité, à une époque où les
pays d’Europe ne connaissent que des formes
d’administration très rudimentaires. Cependant,
elle n’est pas nouvelle : on en trouverait l’équivalent et le modèle dès le VII e siècle et plus tôt
encore 2 . Ce qui apparaît moins et mérite d’être
souligné, c’est le contrôle que les plus importants organismes de l’administration centrale
exercent les uns sur les autres. En outre, le tribunal
des censeurs fait peser une sorte de surveillance
policière permanente sur l’ensemble de l’administration, à la capitale et dans les préfectures.Dans les provinces, des commissaires généraux
qui dépendent du tribunal des censeurs ont pour
tâche de contrôler les plus hauts fonctionnaires
de leurs circonscriptions.
L’empire des Song du Sud (1127-1279) est
divisé en seize provinces d’étendue variable qui
couvrent chacune en moyenne une superficie
égale au quart ou au tiers de la France. Chaque
province compte environ une dizaine de préfectures dont l’étendue correspond approximativement à celle de deux départements français, et
chaque préfecture se trouve divisée à son tour en
trois à cinq sous-préfectures. La sous-préfecture
est la plus petite unité administrative. Dans les
zones rurales et faiblement peuplées, les sous-préfets administrent une population de plusieurs
dizaines de milliers d’habitants. Au contraire,
lorsque la sous-préfecture englobe en totalité ou
en partie une grande agglomération, comme
c’est le cas à Hangzhou, cette population peut
s’élever à quelques centaines de milliers d’habitants. Les sous-préfets ont alors sous leurs ordres
des adjoints, fonctionnaires en stage pour le
début de leur carrière, et les services de la sous-préfecture comptent un personnel plus nombreux que dans les zones rurales. Mais dans tous
les cas, les employés recrutés sur place par l’administration (scribes, magasiniers, gendarmes,
médecins légistes, etc.) et les chefs de canton et
de village choisis par la population pour réglerses rapports avec les pouvoirs publics ne font
pas partie du cadre normal de la fonction publique.
Ainsi, compte tenu de l’étendue des territoires et
de la masse des populations administrées (plus
de soixante millions d’individus), les fonctionnaires sont très peu nombreux. Ils n’étaient que
quelques milliers au total au VIII e siècle. Le développement des offices et des régies devait en porter le nombre à 18 700 en 1046 et encore fallait-il
compter parmi eux 6 000 militaires et plus d’un
millier de fonctionnaires appartenant à l’administration centrale. C’est un chiffre de cette
importance qu’il faut sans doute admettre au XIII e siècle, à un moment où la Chine était amputée de ses provinces du Nord. On s’étonne que
l’ordre ait pu être maintenu à si peu de frais dans
un empire aussi étendu, mais on en verra plus
loin
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