Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
Vom Netzwerk:
d’échecs,
écuyers, peintres d’orchidées, compositeurs de
pièces littéraires, copistes, connaisseurs de
livres. Certains montrent des combats de coqs
ou de pigeons, savent imiter les cris d’animaux,
dressent des insectes, posent des devinettes amusantes, connaissent l’art de décorer une salle en
y disposant fleurs et peintures, servent d’intermédiaires avec les courtisanes en renom et se
chargent de leur remettre des billets 46 .
    Les dépendants des riches familles forment
sans doute parmi les gens du peuple un des
groupes les plus importants, car la clientèle très
diverse des grandes maisons compte généralement plusieurs dizaines d’individus. Au contraire,
dans les ateliers d’artisans, les charcuteries, les
restaurants, les maisons de thé, les boutiques de
commerce spécialisées et célèbres, le personnel
est réduit à un très petit nombre de serviteurs, de
commis ou d’ouvriers. Cependant, les rapports
que ces gens entretiennent avec leurs maîtres ouleurs patrons sont, dans tous les cas, du même
genre. C’est un comportement paternaliste chez
les maîtres, une attitude de respect et de soumission chez les dépendants ou les employés. Ceux-ci font partie de la famille et servent parfois de
père en fils dans les mêmes maisons. Leur
entière dépendance économique et la persistance
des anciennes structures familiales rendent
compte d’un pareil attachement. En effet, il n’y
a, à Hangzhou, ni grandes manufactures ni chantiers importants. Les révoltes ne se produisent
guère qu’en province, dans la paysannerie ou sur
les grands chantiers publics ou privés, tels les
puits de sel du Sichuan qui emploient un personnel nombreux et misérable.
    Quant aux corporations, elles sont trop nombreuses et trop diversifiées pour que leur
influence se fasse sentir : il n’y a, chez les gens
du peuple, aucune conscience de leur unité vis-à-vis des classes riches. On attend des gens de
maison et des employés non seulement un zèle
infatigable, mais un complet dévouement. Leurs
moindres fautes sont sévèrement punies, et l’administration prête main-forte au besoin pour
maintenir ces gens dans leur devoir et dans leur
dépendance. Le droit sanctionne toute atteinte
aux rapports traditionnels entre maître et serviteurs 47 . D’ailleurs, chefs de maison et patrons de
boutique ou d’atelier veillent généralement à ce
que leurs dépendants n’aient pas sujet de serévolter. Ils s’abstiennent de toute injustice trop
criante, ils leur constituent un pécule et se préoccupent de les marier. Levés tôt et couchés tard,
sans cesse à la disposition de leurs maîtres,
intendants ou gérants de boutique, ces dépendants ont pourtant un rare avantage sur le paysan : celui d’une sécurité relative. En particulier,
les domestiques des riches familles sont sûrs de
trouver femme parmi les servantes de leur
maître, et c’est là un motif important qui les
pousse à accepter cette servitude.
    Tous ceux qui n’appartiennent pas à la classe
relativement favorisée des employés et des
domestiques et qui, par conséquent, n’ont pu lier
leur sort à celui d’un maître ou d’un patron, vivent
le plus souvent au jour le jour. Ils se placent à un
degré plus bas dans la hiérarchie des classes
populaires. Parmi eux, sont tous les travailleurs
de force : terrassiers, porteurs d’eau, vidangeurs,
etc., groupés eux aussi en corporations – quel
métier ne l’est pas ? Ces coolies du XIII e siècle,
on aime à se les représenter sous les traits de
leurs homologues modernes, le visage marqué
par la dureté de leur vie, d’une maigreur ascétique et cependant pleins d’humour. Il faut
compter la classe innombrable et diverse des
petits marchands ambulants qui parcourent les
ruelles de la ville, le fléau sur l’épaule, et s’installent au coin des rues ou sur les marchés : vendeurs de thé qu’on voit circuler la nuit sur laVoie impériale ou qui vont de porte en porte dans
les quartiers populaires et sont particulièrement
bien vus des commères parce qu’ils apportent les
potins du voisinage, marchands de jouets, de
plats tout préparés, marchands d’eau chaude
accroupis à la porte des maisons de bain, marchands d’horoscopes, physiognomonistes, devins,
marchands de cannes à sucre qu’on déguste en
en aspirant le jus, de rayons de miel, de jujubes
ou de sucreries pour les enfants : petits personnages, bêtes, oiseaux, fleurs et fruits faits en
sucre de soja,

Weitere Kostenlose Bücher