La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
et
ses rites, peut nous aider à imaginer le monde
chinois traditionnel, tel qu’il était encore dans
toute sa pureté à l’époque des Tang.
Il y avait encore au début des Song, à la fin du X e siècle, une série de couleurs obligatoires pour
chaque grade de la hiérarchie mandarinale : au-dessus du 3 e degré, les robes devaient être
pourpres, au-dessus du 6 e vermillon, au-dessus
du 7 e vertes, au-dessus du 9 e turquoises 30 . Le
noir et le blanc étaient réservés aux simples particuliers. Cependant, cette réglementation tomba
assez vite en désuétude, car la cour octroya sans
aucune discrétion des robes pourpres à des fonctionnaires de tous grades.
Même aventure pour les parasols ronds en
soie bleu-vert réservés tout d’abord aux princes
de la famille impériale. Dès la fin du X e siècle,
le port de ces parasols fut permis à certainsfonctionnaires, puis aux femmes du palais lors
de leurs sorties en ville. En 1012, il y eut un
timide essai pour faire marche arrière : seuls les
membres de la famille impériale auront droit au
parasol. Un peu plus tard, il n’y a pas de fonctionnaire qui ne se pavane avec un parasol. Il
n’est guère de domaine où les privilèges vestimentaires n’aient subi un sort analogue, qu’il
s’agisse de ceintures ou de bonnets. Les marchands enrichis, dont l’arrogance est chaque jour
plus grande, contribuèrent pour beaucoup, de
façon directe et indirecte, à la désagrégation de
cette minutieuse étiquette 31 .
Gens des hautes classes et parvenus d’une
part, gens du peuple d’autre part se distinguent
dans les rues de Hangzhou au premier coup
d’œil par leur costume. Les uns portent une
grande robe qui tombe jusqu’à terre, les autres
une blouse qui s’arrête sous la taille et un pantalon de couleur claire. Les femmes sont vêtues de
longues robes ou de blouses qui descendent
presque jusqu’aux genoux, de vestes à manches
courtes ou à longues manches et de jupes.
Lorsqu’elles vont à pied dans les rues, dames et
jeunes filles se couvrent parfois les épaules d’un
grand fichu carré de couleur pourpre qui porte le
nom de « couvre-tête 32 ». A la différence des
hommes, elles croisent leurs vêtements à gauche
et non à droite. Les hommes de la haute société
portent des robes unies pour tous les jours et desrobes à dessins symboliques pour les cérémonies : phénix, dragons, oiseaux tenant dans leur
bec des plantes de bon augure. Les fermetures
sont du même type que celles de la robe chinoise
traditionnelle : ce sont de petits boutons oblongs
qu’on engage dans des boucles de tissu. Ces
robes ont souvent une bordure de couleur plus
foncée autour du col et autour des manches. Les
manches, très largement évasées, servent au
besoin pour le transport de menus objets. C’est
ce que montre une anecdote qui met en scène un
vieil homme, perdu de vices, incorrigible coureur de jupons. A la fin d’une vie de débauche,
cet individu jadis honorablement connu dans
l’administration s’est procuré une jeune concubine qu’il gâte comme un enfant. Chaque fois
qu’il lui arrive d’être invité chez des parents ou
des amis, il en profite pour ramener à sa maîtresse une friandise. Ayant rencontré un jour une
connaissance dans la rue, il est amené à croiser
ses mains pour un de ces saluts rituels et muets
que les Chinois pratiquaient encore il y a moins
d’un siècle. A ce moment, un paquet enveloppé
d’une feuille de lotus tombe de sa manche, se
défait et s’ouvre au milieu de l’hilarité générale
des passants : c’était une portion de canard 33 .
Le pantalon, emprunté aux cavaliers barbares
de la Chine du Nord au IV e siècle avant notre ère,
est porté non seulement par les gens du peuple,
mais également par les soldats qui en serrent lapartie inférieure dans des bottes qui leur montent
jusqu’au mollet.
Les beaux vêtements sont en soie et parfois,
pour les grandes occasions, en brocart à fil
d’or 34 . Les petites gens portent plus couramment
de la toile de chanvre. Le coton, cultivé par les
populations montagnardes non chinoises de la
Chine du Sud, commence seulement à se répandre
au Jiangsu, dans la région située au sud de l’actuel Shanghai. Mais c’est encore un article de
luxe. Pour se protéger du froid, on revêt des
robes ouatées, des pelisses, et l’on n’hésite pas à
porter plusieurs vêtements superposés si le froid
est vif. On s’enroule aussi des bandes de
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