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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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nui !
    — Hormis
La Vasselière !
    — Celle-là
était peu femme, il faut bien l’avouer ! Et au surplus, je ne l’aimais
jamais.
    — Moussu,
dit Miroul en m’envisageant avec de grands yeux, aimez-vous véritablement la
duchesse de Nemours ?
    — Je ne
sais, Miroul, dis-je en marchant qui-cy qui-là dans la pièce, tout rêveux et
songeard, c’est un sentiment très étrange. Je ne l’aime pas, à proprement
parler, comme une femme, et je n’ai pas appétit à elle, mais je suis d’elle
autant raffolé qu’on peut l’être. Je lui trouve des grâces infinies »…
    — Moussu,
dit Miroul plissant le front, je n’entends goutte à ce discours. Comment un
homme de votre complexion peut-il aimer une personne du sexe sans avoir appétit
à la coqueliquer ?
    — Nenni.
J’ai appétit à la voir tous les jours, à lui parler, à lui baiser les mains, à
ce que ses yeux me sourient et caressent.
    — Il y a
deux inconvénients à cela, Moussu, dit Miroul avec un petit éclair impertinent
de son œil bleu. Le premier, c’est que M me de Nemours n’est pas
votre bonne nourrice Barberine ni Madame votre défunte mère, que si peu vous
avez connue. Et l’autre inconvénient est que, si elle vous aime à son tour,
elle voudra tout, comme M me de Joyeuse.
    — Nenni !
Nenni ! Elle est princesse très chrétienne, et au rebours de sa fille
Montpensier, elle est connue pour être le parangon de toutes les vertus.
    — Alors,
Moussu, les femmes nous prenant toujours par quelque bout, si ce n’est par
celui-là que j’ai dit, ce sera par un autre.
    — Qu’entends-tu
par là ? dis-je, quelque peu piqué.
    — Qu’elle
usera de vous en ses desseins.
    — Et
pourquoi non ? dis-je roidement, si ceux-là ne sont pas contraires à ceux
de mon roi.
    — Voire !
dit Miroul, non qu’il en doutât vraiment, mais pour me picanier, étant encore
très encoléré de ce qu’il n’eût pas été présent, quand ma vie s’encontrait
menacée.
    Fidèle à son
propos de ne me pas quitter d’une semelle (fût-ce dans le lit d’une ribaude),
Miroul me suivit le lendemain au logis de Pierre de L’Étoile, rue de la
Ferronnerie, où Lisette, envisageant nos têtes à travers le judas, nous bailla
incontinent l’entrant, en disant de sa voix jeunette et clairette :
    — Eh
quoi, Monsieur mon maître ! Vous voilà deux, vous qui n’étiez qu’un !
    — Celui-là,
Lisette, est mon secrétaire, Miroul, lequel, pendant que j’entretiendrai ton
maître, te tiendra compagnie, s’il plaît à toi.
    — Voire
mais ! s’écria Lisette, il a les yeux vairons. Et on dit que les hommes
aux yeux vairons sont libidineux à l’excès.
    — C’est
qu’ils voient deux beautés là où il n’y en a qu’une, dit Miroul qu’aucune
drolette n’avait jamais pris sans vert. L’une marron, l’autre bleue. La cause
finale et suffisante en est que leur complexion se trouve doublement exagitée
par les esprits animaux qui tourneboulent deux fois leur glande pinéale.
    — Que
voilà qui est doctement dit ! s’écria Lisette, bec bée. Monsieur Miroul,
avez-vous été dans les études ?
    — Mira
quaedam in cognoscendo suavitas et delectatio, dit Miroul, prompt à pousser
son avantage. Ce qui veut dire en latin, Mamie : qu’il y a dans la
connaissance suavité et délices.
    — Tu vois
par là, Lisette, dis-je gravement, que tu peux avoir fiance en Miroul. C’est un
homme d’un usage poli, et fort savant.
    — Voire
mais, Monsieur mon maître ! dit Lisette en ajustant le mouchoir qui
cachait son tétin. Je connais des doctes qui ne laissent pas de chercher
ailleurs que dans la connaissance les délices et les suavités.
    À quoi je ris,
m’avisant qu’en disant cela, elle ne pouvait qu’elle ne pensât à son maître.
    — Riez,
Monsieur, riez ! dit-elle de sa voix clairette, contrefeignant d’être
piquée, mais je suis personne de bon lieu, et en les troubles du temps, je me
désole d’être en ce Paris de disette, en danger constant, dès que je mets un
pied hors, d’être pastissée, enlevée, coqueliquée, forcée et qui plus est,
mangée.
    — Mangée,
Lisette ?
    — Mangée,
Monsieur ! Vramy ! Vous ne savez pas que les lansquenets qui sont de
soi gens barbares et cruels…
    — Quoi ?
Sont-ils si méchants ?
    — Pis,
Monsieur ! Ignorez-vous qu’on dit communément qu’un lansquenet mort, et
que saint Pierre repousse de son paradis, ne peut pas non plus entrer

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