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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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à grands pas, sans que les principaux de la ville
songeassent à le retenir, tant ils étaient éberlués. Mais un grand bruit de
sabots de chevaux s’étant fait ouïr dans la rue, ils coururent aux fenêtres
(comme je le vis en entrebâillant la porte de mon cabinet) et j’entendis bien
que notre plan se poursuivait sans heurts, quand je les ouïs s’exclamer d’un
ton plaintif et gémissant que le gouverneur était départi avec toute sa
compagnie et que Meaux sans sa garnison s’encontrait quasi nue et démantelée.
Suivit un débat, où tout ce qu’il y avait de ligueux parmi les principaux se
tenait si coi et quiet qu’on pouvait se demander comment il avait pu se faire
que Meaux eût jamais préféré Mayenne à Navarre. Car de tous côtés des voix véhémentes
se levaient pour dire que Meaux sans M. de Vitry se trouvant aussi exposée à la
pillerie qu’un verger sans clôture, mieux valait se donner tout de gob au roi
et tirer de lui les immenses commodités dont il avait assorti ce don, que de se
faire forcer par lui comme garce sur un talus et y perdre vie et honneur. Que,
de reste, maintenant que le roi avait abjuré dans les mains du Primat des
Gaules, ce ne serait plus combattre pour la religion que de l’affronter, mais
bien plutôt conniver et donner la main aux conjurations de l’Espagnol,
lesquelles ne tendaient qu’à diviser les Français pour les placer sous son
joug.
    Oyant bien à
quoi tendait cette éloquence nouveau-née, à laquelle tous en ce prétoire
appétaient à donner le sein, je quittai mon poste, et descendant à pas de loup
l’escalier dérobé, je courus retrouver M me de Vitry qui, ses paquets
déjà chargés en son carrosse, m’attendait.
    — Madame,
dis-je haletant, c’est à vous de jouer votre rollet en cette affaire. Et de le
jouer bien.
    À quoi elle se
leva, jeta sur ses charmantes épaules un mantelet fourré (ce jour de décembre
étant froidureux assez) et apparaissant sur le parvis de la maison de ville, en
descendit les degrés fort majestueusement, toute petite qu’elle fût, et mit
assez de temps pour monter en son carrosse pour que le peuple se pressant
autour de lui de tous côtés, et le bruit venant aux principaux que la marquise
quittait aussi la ville, ils se ruassent hors, et à elle courussent.
    — Hé
quoi ? dit-elle, mettant sa mignonne petite tête à la portière du
carrosse, avez-vous fait déplaisir à mon mari qu’il vous abandonne, lui qui
vous aimait tant ?
    — Hé
Madame ! dit l’un des principaux, point du tout ! M. de Vitry va se
donner au roi et ayant délibéré, nous avons décidé unanimement d’en faire
autant, et de le rappeler à nous pour qu’il nous baille l’écharpe blanche à
nous aussi, et nous gouverne comme devant. Aussi, Madame, nous vous prions et
demandons de le rattraper et de lui dire de revenir.
    À quoi la
petite marquise, faisant une mine rebelute, se refusa d’abord d’une façon des
plus acaprissates, et jusqu’à se faire supplier par ces bonnes gens, les mains
jointes et les larmes aux yeux. Mais à la parfin, contrefeignant que son cœur
fût touché par leurs prières, elle y consentit, fit signe au cocher de fouetter
ses chevaux, rattrapa Vitry qui l’attendait dans un bois à deux lieues de là et
revint avec lui dedans la ville, souriant à la portière du carrosse et Vitry
lui-même, fort épanoui sur son beau cheval blanc, ayant mis en poche, outre le
commandement de Meaux, qui lui demeurait, le capitanat des gardes de Sa Majesté
et quarante mille écus.
     
     
    Combien que le
ralliement de Vitry ne fût pas le premier après la conversion du roi, Bois-Rosé
ayant dès l’automne livré Fécamp et Lillebonne à Sa Majesté, et Balagny en
novembre lui ayant rendu Cambrai et le Cambrésis – ce fut celui qui
retentit le plus en Paris tant à cause que Meaux était si proche de la capitale
que parce que Vitry était fort connu des Parisiens ayant été, avec d’Aumale, un
des plus vaillants défenseurs de leurs murs pendant le siège.
    Son retour au
roi retentit davantage encore dans l’opinion quand on connut urbi et orbi les grands avantages qu’en sa bénignité naturelle et habile clémence, le roi
avait faits à Vitry et à Meaux pour qu’ils revinssent dans son giron. Cette
clémence chez un prince guerrier et victorieux parut exemplaire. Ces avantages
aussi. Et la première aussi bien que les seconds encouragèrent fort les ligueux
tiédissants à rejoindre le

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