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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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ne m’a pas gratifiée d’une
fille et que je ne sais si j’aurai une petite-fille à laquelle offrir le
souvenir d’Europe qui m’est le plus cher, nous serions honorés qu’Élise, fille
de ce cher monsieur Lauzé et de vous-même, dont mon mari et moi sommes
entichés, porte cette robe si elle le souhaite.
    Si cet envoi vous blesse, je vous en
demande pardon et vous prie de le rendre à Côme. À bientôt, au neuf septembre
ou plus tôt.
    Amélie Vandersmissen.
    P. -S. Suis-je bête ! Ma petite-fille
sera aussi la vôtre.
     
    Blanche relut la lettre à deux reprises et la
rangea dans sa chambre sans la montrer à Élise. Il aurait été injuste de
refuser à sa fille une si magnifique robe. Mais ce n’est qu’à la seconde
lecture qu’elle faillit échapper la lettre. Sa fille allait épouser Côme
soixante ans jour pour jour après le mariage de ses grands-parents
Bordeleau-Pronovost ! Comment Blanche avait-elle pu oublier la date du 9
septembre ? Et la mère de Côme qui s’appelait Amélie, un prénom si
apparenté à celui d’Émilie… Blanche, qui avait toujours tenu les superstitions
pour des inepties, fut prise d’un tremblement en souhaitant que sa fille ne
connaisse jamais un mariage semblable à celui de ses grands-parents.
    L’été fila rapidement. Côme et Élise durent
prendre quelques cours de préparation au mariage ce qui leur fit le plus grand
bien puisqu’ils y étaient ensemble à parler d’amour, d’amour et d’amour… Plus
Élise redécouvrait son fiancé, plus elle voyait renaître sa folle passion pour
tout ce qui venait de lui. Soupirait-il qu’elle lui posait une main dans le
dos. Fermait-il les yeux qu’elle lui tenait les doigts pour tenter de le
rejoindre dans ses pensées. Ouvrait-il la bouche qu’elle avait envie de lui
mordre les lèvres. Tout ce qu’ils apprirent à ce cours était que leur amour
avait vaincu l’épreuve de la séparation, que ni l’un ni l’autre n’avait
vraiment envisagée ni choisie. Ils y apprirent aussi qu’ils souhaitaient le
meilleur, mais que si c’était le pire qui se présentait, ils auraient la force
de lui fermer la porte de leurs sentiments.
    La cérémonie fut planifiée par eux deux et
c’est le vicaire de la paroisse qui bénirait leur union. Élise et Côme
demandèrent à Blanche de déplacer toute la noce à la campagne, ce que Blanche
refusa, intraitable.
    – La ferme est tellement plus grande que
notre petite cour de rien du tout.
    – Notre petite cour de rien du tout,
Élise, c’est notre cour. Tu es ma fille, et une fille se marie dans sa famille.
Laisse-moi faire ma part, Élise.
    – Maman, je peux pas croire que tu dises
ça. C’est tellement croulant.
    – C’est comme ça, ma fille. La noce se
fera ici et c’est d’ici que tu vas partir pour commencer ta vie avec Côme.
    Élise cessa de discuter. Sa mère avait accepté
sans sourciller qu’elle porte la robe de M me  Vandersmissen et
voilà qu’elle tentait de lui arracher un autre plaisir. Élise s’en voulut.
    – Quand je vais enlever ma robe blanche,
maman, me permettras-tu de porter ta robe de mariage en velours bleu
marine ?
    – Elle est si démodée que la seule fois
que tu l’as mise c’était pour un party d’Halloween… !
    Blanche éclata de rire pour camoufler son
émoi, puis se dirigea vers son placard, d’où elle sortit la robe. Élise la
suivit, prit la robe que sa mère lui tendait, la huma et la mit devant elle.
    – C’est vrai que c’est passé de mode,
mais la robe de mariage aussi.
    Blanche, un tendre sourire aux lèvres, regarda
Élise l’enfiler.
    – Comment papa était habillé,
maman ?
    – Il avait un habit gris, avec une fine
rayure et un revers au pantalon. Des bretelles, des boutons de manchette…
    Blanche alla les chercher dans son chevet, puis,
d’un tiroir de sa commode, sortit un paquet qu’elle déballa.
    – Avec cette chemise, la veste, la
cravate, l’épinglette et le mouchoir dans sa poche. Les cols étaient hauts, tu
trouves pas ? En tout cas, ce matin-là, ton père était un vrai dandy.
    Élise regardait sa mère, transfigurée. Elle
haletait, comme si elle voulait tout dire à la fois.
    – Qu’est-ce que vous faites ici ?
    Micheline rentrait du terrain de jeu, où elle
avait décroché un emploi d’été comme monitrice. Elle portait une jupe vert
pâle, un chemisier blanc à manches courtes et un petit foulard vert au cou,
retenu par une espèce de bijou qui

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