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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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respirer.
    – J’ai du mal à croire que ma mère a
porté cette si belle robe. Crois-tu que mon père, comme moi aujourd’hui avec
toi, se croyait l’homme le plus heureux de la terre en l’apercevant ?
    – Penses-tu qu’il savait que son Amélie
était la mariée la plus chanceuse de toute la Belgique ?
    – Mais toi, Élise, tu es plus belle que
toutes ses reines et ses princesses.
    – Et toi, Côme, le plus bel oiseau que
ton pays ait laissé s’envoler.
    Là-dessus, leurs lèvres se soudèrent, au point
que ce fut le raclement de gorge de M. Avoine qui les fit retomber de leur
nuage. Il tendit la main à la mariée, qui descendit sous l’œil avide du
photographe déjà à l’œuvre. Rassemblés dans la ruelle, les invités les
applaudirent tandis qu’ils se dirigeaient vers la cour dont tous les arbres
étaient ornés d’immenses fleurs blanches de papier crêpé faites par Élise et
Micheline. Une table y était dressée et les convives s’y servirent un délicieux
punch à base de mousseux et de fruits des arbres des Vandersmissen.
    Élise et Côme se tinrent à proximité de
l’entrée du jardin pour recevoir les félicitations de leurs amis. Personne de
la parenté des Vandersmissen n’était présent et personne de la famille Lauzé
n’avait pu venir du Manitoba. Toutefois, un des frères de Clovis, qui
travaillait à la station radiophonique CKSB, avait fait parvenir à Élise les
vœux de sa famille, étrangère et éloignée, sur ruban magnétique. Clément, le
plus mystérieux des frères de Blanche, se présenta avec une barbe à la Castro,
une cravate lustrée, un pantalon froissé et un sourire timide. Son oncle Oscar
arriva dans une Cadillac aussi blanche que ses cheveux, accompagné de sa
minuscule Juliette.
    – C’est lui Oscar, maman ? Le vrai
Oscar ? L’ancêtre du cheval des Avoine ?
    – Oui, Micheline. Mon oncle Oscar.
    Blanche jeta à sa fille un regard qui la
priait de s’éloigner si elle voulait rire de lui. Cécile, la sœur cadette de
Juliette, les escortait, tout comme elle les avait chaperonnés dans leur jeunesse.
Et, surprise des surprises, Paul, le cher Paul, s’extirpa de la voiture en
dernier. Blanche ne savait plus où donner du cœur. Si elle avait à peine
reconnu Clément, elle se précipita dans les bras de Paul, qui faillit perdre
l’équilibre, à cause de sa prothèse.
    – Doucement… Oublie pas que tu m’as fait
flamant et que je me tiens sur une seule patte. La deuxième, je l’ai achetée du
guenilloux…
    Côme éclata de rire et s’empara de la main de
Paul.
    – Monsieur Pronovost ! Il faudra
voir si nous n’aurions pas un lien de parenté. Moi aussi, vous savez, je suis
un Flamand !
    Ce fut magique. Paul adopta Côme, qui adopta
Paul. Puis arrivèrent les collègues de Côme à la queue leu leu, qui
l’étreignirent et embrassèrent goulûment la mariée. Élise se figea. Devant
elle, aussi bien mis qu’au réveillon du jour de l’An, se tenait Claude, qui lui
tendit la main en la félicitant et en omettant volontairement de l’embrasser.
    – J’ai mis du temps à te reconnaître. Il
aurait fallu que je te voie dans la calèche…
    – Il est vrai que nous avons tous deux
changé de parfum…
    – Le jour et la nuit avec la jeune
demoiselle que j’ai rencontrée.
    – Bien dit : le jour du mariage et
la nuit du réveillon !
    – Et aujourd’hui, est-ce un bon jour pour
le pardon ?
    – Tu me présentes, Élise ?
    Micheline venait de se placer carrément devant
Claude, un pied légèrement avancé pour montrer sa cheville et son genou. Élise
présenta sa jeune sœur à Claude avec toute sa fierté d’aînée. Micheline avait
pris son air coquin et Élise savait que Claude devrait user de beaucoup
d’imagination s’il voulait lui échapper.
    – Ce jardin regorge de fleurs, toutes
plus belles les unes que les autres.
    Élise rit en laissant tomber sa tête en
arrière tandis que Micheline étouffait devant le baisemain que venait de lui
faire Claude.
    – Tu t’occupes de Claude,
Micheline ?
    – Absolument ! Puis-je t’offrir un
punch, Claude ?
    Il la prit par le bras et la suivit jusqu’à la
table, où étaient alignés verres, bouteilles et punch. Micheline marchait en
regardant droit devant elle, sans remarquer les Vandersmissen qui la saluaient,
ni sa mère qui l’invitait à discuter un peu avec son oncle Clément, ni Côme et
son oncle Paul qui entrechoquaient leurs verres, ni sa

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