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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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fin d’année de l’école.
Les enfants de sa classe avaient opté pour un cirque, ce qui ne l’avait pas
étonnée. Elle en fut quitte pour vivre sept nuits d’agitation et deux
d’insomnies. Côme ne pouvait plus la tolérer et c’était réciproque.
    – Ce n’est qu’un spectacle de fin d’année
sans importance de petits culs qui ont à peine douze ans !
    – Non, Côme. C’est leur spectacle, et
s’ils ont du succès, ça leur fera un souvenir qu’ils chériront toute leur vie.
    – Mais, non, ma douce. Ils sont trop
jeunes. Je ne me souviens même pas du nom de mon instit quand j’avais leur âge.
    – C’est bien dommage pour lui.
    – Mais on s’en fout !
    Élise et les enfants montèrent un chapiteau
dans le gymnase, au grand dam du professeur d’éducation physique, et y
installèrent tout ce qu’ils avaient pu trouver de matelas et de coussins pour
asseoir les spectateurs.
    Le soir de la représentation, Élise, stressée
par ce « spectacle de fin d’année sans importance », ouvrit les
portes et les parents entrèrent sous le chapiteau. Ils y reconnurent nappes et
draps blancs qu’ils avaient gentiment prêtés pour le décor. Ceux-ci tenaient à
un cerceau en alternance avec du tulle rouge. Élise y avait fixé des ballons
blancs et des ballons rouges. L’effet était réussi.
    Les soixante spectateurs s’assirent en riant,
avec un plaisir anticipé. En coulisse, Élise et les enfants mettaient la
dernière main aux costumes. Les garçons, après d’interminables discussions,
avaient accepté de porter collant et t-shirt noirs. En classe, on avait
fabriqué pour eux des cravates, des nœuds papillons et des poignets de chemise
retenus par d’énormes boutons de carton. Les filles avaient une fleur piquée à
ce qui faisait office de boutonnière, et un chapeau garni de fleurs de papier
crêpé. Tous les accessoires étaient rouges ou blancs.
    Élise fit jouer de la musique de cirque tandis
qu’on éteignait. Le murmure des parents s’éteignit aussi. Deux grands élèves du
secondaire allumèrent alors l’éclairage du chapiteau, et les enfants apparurent
enfin. D’abord Jules, le maître de cérémonie. Fils du croque-mort, il portait
un veston trop grand, des pantalons trop longs et un haut-de-forme retenu par
ses oreilles.
    – Oyez ! Oyez ! Les élèves de
cinquième année vous invitent à leur m-m-m-m-merveilleux Circo-Cirque !
    Les spectateurs eurent droit à tout : un
homme fort, des acrobates, un magicien, un chien savant – un caniche qui
fit pipi par terre tant il était nerveux –, une ballerine toute blanche
qui se déplaçait dans un champ de fleurs projeté sur elle grâce à un
rétroprojecteur, une joueuse de flûte qui tenta de faire sortir un serpent d’un
panier, et, pour la grande finale, un poteau éclairé par un stroboscope et d’où
pendaient des rubans rouges et blancs que les enfants agrippèrent, qui à
gauche, qui à droite, qui passant dessous, qui levant les bras, pour faire un
carrousel humain d’autant plus étonnant que la lumière découpait leurs
mouvements en gestes saccadés tandis qu’Élise et deux autres professeurs
lançaient des milliers de confettis fabriqués par les élèves avec du papier
d’aluminium.
    Finalement, la musique se tut et les lumières
s’éteignirent. Les hourras fusèrent de partout et les enfants saluèrent en
vrais professionnels, tous ensemble, tantôt sur une jambe, tantôt sur l’autre,
tantôt de dos, tantôt de face. Même le caniche, qui n’arrêtait pas de japper,
eut droit à des applaudissements.
    Côme se précipita pour soulever Élise de terre
et la faire tournoyer.
    – Bravo, madame ! Une chorégraphie
digne de Béjart !
    Les gens partirent en se souhaitant bonnes
vacances. Ne restèrent que la famille d’Élise et Jacqueline, les chaussures
enfouies sous les confettis. Marcel commençait à nettoyer la place quand il en
fut empêché par le concierge, apparu avec un immense aspirateur et son chariot
de matériel d’entretien.
    – Non, non, monsieur. Vous faites ça,
puis vous vous retrouvez avec un grief syndical de la C. E. Q. sur le coco.
C’est mon job, puis j’en ai pas pour longtemps.
    Rendue à la maison, Élise, évanouie de fatigue
après avoir installé sa mère et sa sœur, s’écroula littéralement dans son lit.
Côme l’imita et se lova tout près d’elle.
    – Les enfants n’ont pas lâché. C’est
quand même six mois de travail, de

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