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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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peine neuf milles.
Elle y était moins connue, Élise aussi, et Jacqueline n’aurait pas l’odieux, le
cas échéant, d’éteindre un nouvel espoir.
     
    * * *
     
    Élise et Micheline trompèrent leur attente en
faisant des tartes au sucre, aux pacanes, du sucre à la crème et des biscuits
aux pépites de chocolat.
    – Voyons, les filles, qu’est-ce qui vous
prend ? On va transpirer le sucre !
    – Micheline avait envie d’apporter une
tarte au sucre et des morceaux de sucre à la crème au bureau.
    – Pour l’anniversaire d’un collègue.
Élise, elle, avait envie de manger des biscuits. Alors, tant qu’à avoir les
mains dans la farine, on s’est lancées…
    Micheline rentra à Montréal et promit de
téléphoner le mercredi pour avoir les résultats.
    – J’ai un bon feeling, Élise. Je sais pas
pourquoi, mais je suis pas mal certaine.
    – Je sais pas pourquoi non plus,
Micheline, mais moi aussi. Même si ce matin j’avais l’impression que tout
allait se déclencher.
    – Parce que t’avais mal au ventre, un
pincement à gauche, un tiraillement à droite, puis le sentiment que tu te
liquéfiais… ?
    – Exactement, oui…
    – Puis des seins qui voulaient faire
éclater le soutien-gorge… ?
    – Je peux plus l’endurer.
    – T’es enceinte.
    Élise avait des sentiments contradictoires.
Jamais sa sœur ne s’était réjouie ainsi quand elle-même avait été enceinte. Il
est vrai que cette grossesse n’avait pas été joyeuse.
    – Un jour, Micheline, il faudrait que…
    Se retenant de lui poser des questions qui
auraient effleuré son expérience de gestation, elle l’embrassa en lui
recommandant de conduire prudemment. Micheline le lui promit, puis redemanda à
sa mère si elle ne changeait pas d’idée pour profiter de la voiture.
    – Non. Il y a encore beaucoup de récoltes
à faire. Les concombres sont beaux et Élise va perdre beaucoup de tomates si on
les cueille pas.
    – Je la reconduirai moi-même.
    – Oh ! Marcel…
    Élise et Micheline se jetèrent un regard
complice. Après les avoir tous embrassés, Micheline sortit et leur fit au
revoir de la main depuis l’automobile.
    – Je me demande d’où elle vient…
    – De toi et de papa. Elle a ton
intelligence et la beauté de papa.
    – Comment ? N’a-t-elle pas
l’intelligence et la beauté de sa mère, la bonté et la générosité de son
père ?
    – Cessez vos balivernes… Élise, si on
allait travailler ?
    Élise fit oui de la tête et sortit derrière sa
mère, sans remarquer la voiture de Côme qui passait sur la route sans
s’arrêter.

– 30 –
     
     
    Il pleuvait encore et Élise n’avait absolument
pas envie de se lever. Elle ne voulait pas afficher devant sa mère sa trop
apparente nervosité quant au dénouement de ce jour. Côme avait dû partir à
l’aube afin d’être à Montréal à huit heures pour assister à un colloque d’une
journée portant sur l’utilisation des pesticides sur les récoltes, ainsi que
sur les nouvelles approches dites biologiques, dont il ne savait encore que
penser. Il avait entendu dire que des opposants aux monticules de fumier des
éleveurs se présenteraient devant le complexe Desjardins, où se tenait la
rencontre.
    – Qu’est-ce que le fumier vient faire
avec les pesticides ?
    – Je pense que ce sont les nouveaux
campagnards dérangés par les mouches.
    – Parce que les citadins qui se veulent
gentlemen-farmers en ont contre la campagne et ses mouches à merde !
    – Je crois, oui.
    Vingt fois Élise avait été tentée de lui
parler du supplice de l’attente qu’elle vivait depuis bientôt cinq jours, mais
elle avait résisté. Elle préférait un reproche à la déception, si elle n’était
pas enceinte. Côme serait déçu, elle le savait. Si un homme aimait voir sa
femme enceinte, c’était beaucoup pour confirmer sa virilité et obtenir une
descendance, et elle avait hâte de le voir redresser les épaules en la tenant
par le cou quand son ventre les précéderait de plusieurs pouces.  Elle avait
souvent aperçu des couples marchant côte à côte, sans se toucher, mais si la
femme était enceinte, le mari s’y soudait, pour ne faire qu’un avec elle, bien
sûr, mais aussi pour la protéger. Tendresse. Élise se demandait si le poids
d’un bras posé sur l’épaule allégeait vraiment le fardeau du ventre.
Maladresse.
    Elle se tourna dans le lit, souriant des
précieuses minutes qu’il lui restait avant de

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