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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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supplice par le feu de cette femme, Mabyn. La main droite coupée ? Tous deux avaient juré sur les Évangiles et tous deux avaient menti, Charon sans le savoir mais sans trop s’en préoccuper.
    — Et Nicol ?
    — Je suis dans l’ignorance.
    — Ce meurtrier, viendra-t-il ou non ? s’énerva Louis d’Avre.
    — Je ne puis l’affirmer, mais le crois.

    De colère, le bailli asséna une claque au plateau de la table, si violente que leurs gobelets en frémirent et qu’Huguelin sursauta en fermant les paupières. Maîtresse Cécile, qui s’affairait aux tables, leur jeta un regard mi-inquiet, mi-surpris.
    — Vous vous moquez, monsieur, et m’échauffez la bile !
    Huguelin s’était tassé sur son siège, sentant la tempête menacer en M. d’Avre. Son éclat de voix avait encouragé les autres clients à tourner la tête vers eux. Aussi le bailli reprit-il plus bas, quoique d’un ton de menace :
    — Vous me taisez des informations que je sens capitales. Je vous rappelle, mire, que j’ai toléré votre collaboration dans MON enquête. J’aurais pu vous en écarter. Je veux l’entière vérité, à l’instant. Comprenez qu’il ne s’agit pas d’une requête mais d’un ordre !
    Druon ne tergiversa qu’un instant. Bien fol qui mécontentait gravement un seigneur bailli du lignage et du pouvoir de Louis d’Avre. Il pouvait les faire jeter dans un cul-de-basse-fosse au moindre prétexte acceptable pour cet homme d’honneur, et la dissimulation en faisait partie. Toutefois, Druon tabla sur ce qu’il percevait de lui :
    — Monsieur, mon respect et ma reconnaissance vous sont acquis. Je ne connais pas le meurtrier. Une… tierce personne me sert de messager auprès de lui, d’où le vague de mes déclarations.
    — Le nom de cette tierce personne ? exigea le bailli.
    — En mon âme et conscience, je ne puis vous le confier. Au demeurant, je ne connais qu’un prénom. Cependant, cette personne est innocente. Ma parole, monsieur, car jamais je ne protégerais un vil meurtrier.
    — Je pourrais vous faire fouetter jusqu’à l’obtenir ! ragea Louis d’Avre.
    — Toutefois, vous ne le ferez pas. Ce serait injuste, donc indigne de vous.
    — Dieu du ciel, souffla le bailli. Vous éprouvez mes nerfs ! À la vérité, je…

    Il s’interrompit lorsqu’il constata la soudaine tension de Druon qui regardait en direction de l’entrée et tourna le visage. Huguelin en profita pour engloutir la fin de son tranchoir surmonté de tranches de porc en épais civet aux épices, déplorant que son jeune maître ait à peine touché au sien. Bien que n’ayant guère senti son estomac tiraillé de faim depuis sa rencontre avec le mire, il ne comprenait toujours pas ce qui pouvait se révéler plus préoccupant que de manger à satiété.
    Un haut jeune homme très beau, aux cheveux d’un blond presque blanc, se dirigea vers eux, à pas paisibles. Il s’inclina bas et déclara d’une voix douce, un peu essoufflée :
    — Vous avez exigé ma venue, mire. Me voici. (Puis, fixant le seigneur bailli de son immense regard noir, il précisa, la main sur le cœur :) Je jure avoir occis ce vaurien de Martin Borée et son benêt complice de Leonnet Charon. Malheureusement, le troisième témoin au procès m’a échappé. Je n’en éprouve nul remords. Ils avaient poussé ma mère, Mabyn, au bûcher. Borée parce qu’il s’était lassé d’elle et la craignait. L’autre imbécile de fat, votre secrétaire, parce qu’il avait gobé les dires du mercier sans même chercher à les vérifier.
    — Comment avez-vous approché le mercier ? voulut savoir Druon.
    — Il ne me connaissait pas. Je savais par Mabyn qu’il pratiquait l’usure en secret, comme nombre de gros bourgeois. Prétendant un encombre financier transitoire, je l’ai abordé à la Foire au drap et aux bestiaux de Nogent-le-Rotrou, le priant de m’accorder un prêt, lui montrant l’acte par lequel j’étais propriétaire de vignobles que je mettais en gage. Un faux, bien sûr. Sa cupidité a fait le reste. Il a vu l’occasion de me plumer d’un intérêt de quarante-cinq pour cent l’an. En ce début de nuit-là, il m’a fait pénétrer avec empressement en sa demeure. L’argent était prêt, sur sa table de travail, avec la reconnaissance de dette que je devais signer. Je l’ai subtilisée. Quelle importance, mire ? (Il ferma les yeux et balbutia :) Quelle importance puisque j’en viens à mon unique crime

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