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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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de Mason pour suppléer à l’instrument actuel, eh bien ! elle marquait certes une innovation ! Mais rien là-dedans ne concernait Marie Stuart.
    J’arrivai au bas de la pile et découvris le nom « Dawson » gravé dans le bois du plateau. Je savais déjà que Jack Dawson, le « Jackdaw » mort noyé, venait vendre ses produits à Lockhill. Leonard avait dû obtenir ou acheter quelques plateaux pour classer ses documents. Jackdaw l’avait-il entendu tenir des propos compromettants ?
    Dans les replis de ma mémoire, un détail m’effleura pour m’échapper aussitôt. Je cherchai un instant, mais je dus renoncer car le temps pressait. La nervosité me gagnait. Un autre plateau renfermait des esquisses d’ailes, des notes sur le vol des oiseaux et sur les propriétés de l’eau versée sur les surfaces courbes ; dans un troisième, je trouvai la copie d’un long poème en italien et sa traduction en anglais, à moitié incomplète, mais déjà harmonieuse et rythmée ; là, Mason se trouvait dans son élément. Le quatrième et dernier plateau contenait des feuilles couvertes de chiffres – des comptes sommaires, à ce que je pus voir.
    J’ouvris les quatre coffrets. L’un renfermait la correspondance de Mason en rapport avec la vente de laine et de maïs ; l’échange de nouvelles avec un frère vivant dans le Devon et une lettre de Mildred Cecil, suggérant que je vienne à Lockhill. Dans le deuxième coffret étaient rangés les comptes du domaine. Le troisième contenait du papier vierge et le dernier était vide.
    D’un regard circulaire, je m’assurai que je n’oubliais rien. Pas de tiroirs sous le bureau, pas de porte dérobée. Je glissai mes doigts le long du mur lambrissé et du planisphère par acquit de conscience.
    Un autre souvenir remua au fond de ma mémoire, un souvenir nouveau, en rapport, à coup sûr, avec ce croquis si particulier représentant un clavier. Je l’associai à quelque chose, mais impossible de savoir quoi. Je le repris et le fixais encore quand des pas dans l’antichambre m’arrachèrent à ma concentration. Je fis volte-face alors que Brockley apparaissait, alarmé.
    — Mason arrive ! chuchota-t-il. Je l’ai aperçu au pied de l’escalier et je l’entends approcher ; il n’est plus très loin derrière !
    Nous n’avions pas le temps de nous poster innocemment dans la galerie, aussi ouvris-je le côté gauche de l’armoire, où nous nous engouffrâmes, ramenant la porte sur nous.
    Nous prenions un risque redoutable. Mieux aurait valu sortir, affronter Mr. Mason et prétendre que nous cherchions quelque chose qu’Ann avait laissé tomber. Il eût été plus facile d’inventer un mensonge convaincant pour justifier notre présence dans le bureau que pour expliquer ce que faisaient Mrs. Ursula Blanchard et son valet dans la belle armoire sculptée de Leonard Mason, pressés contre ses manteaux, ses pantoufles et sa tenue de nuit.
    La veille, j’avais songé avec amusement à enfermer les membres de la maison dans des placards, mais si nous étions surpris, la situation n’aurait rien d’une plaisanterie. Je m’en rendais bien compte, hélas, et Brockley aussi.
    — On a commis une erreur. Il aurait mieux valu s’en tirer au culot, murmura-t-il.
    — Je sais, mais il est là !
    À travers le mince entrebâillement, j’aperçus un habit à broderies noires sur satin crème : Mason entrait dans le bureau. Je me rencognai tout au fond de l’armoire en tirant un manteau sur moi.
    — Que fait-il ?
    La voix de Brockley n’était qu’un mince filet, à peine audible à mon oreille.
    À en juger par ce qu’on entendait, Mason cherchait parmi ses papiers, froissant les feuillets et claquant la langue avec irritation. Malgré ses habitudes ordonnées, il ne parvenait pas à trouver ce qu’il voulait. Avais-je laissé une trace de mon passage ? Dérangé un document ?
    Nous écoutions, immobiles dans le noir. J’avais une conscience aiguë de la présence de Brockley, de son souffle, de sa chaleur. Il bougea, sans doute pour tenter lui aussi de ramener un manteau sur lui, et se pressa un instant contre moi. Malgré ma terreur, j’étais heureuse de ne pas être seule. J’eus l’impulsion subite de m’appuyer sur lui et d’enfouir mon visage contre son épaule.
    Soudain je me figeai, consternée, et frappée par une peur d’un autre ordre. Si l’on nous surprenait, on nous soupçonnerait, non d’espionner, mais d’avoir voulu

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