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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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de bon augure –, où M. le marquis de Ranreuil, feu votre père et mon regretté ami, achetait-il ses perruques ? Il me souvient qu'elles possédaient une tenue et une ondulation exemplaires.
    — Je crois, monsieur, qu'il les trouvait à Nantes, dans une petite boutique près du château des ducs.
    — Hum ! Il faudra que je fasse prendre des informations à ce sujet. Mais, pour le moment, nous avons une fâcheuse affaire à régler. Bien fâcheuse, en vérité, car elle vous touche de près et, comme chacun connaît l'estime dans laquelle je vous tiens et la confiance que je vous accorde, certains ne seraient que trop heureux de jaser sur un événement qui impliquerait « l'éminence grise » du lieutenant général de police.
    Cela fut dit avec l'emphase habituelle dont usait Sartine lorsqu'il évoquait la dignité de sa charge. Ses mains caressaient deux perruques à étage disposées de manière symétrique comme les ifs d'un jardin à la française.
    — Considérons toutefois, reprit-il, qu'il n'y a pour l'instant aucune affaire. Une jeune femme a succombé à ce qu'un médicastre de quartier estime ressembler à un empoisonnement. Primo , a-t-on la certitude des causes de cette mort ? Secundo , si tel était le cas, soupçonnons-nous le suicide, le meurtre ou bien, tout simplement, l'accident domestique toujours possible ? Lorsque toutes ces raisons auront été dûment établies, il restera, tertio , à écouter les témoins. Hein ?...
    Cette interjection, Nicolas le savait, n'appelait aucune réponse ; elle ponctuait un propos qui allait reprendre son cours après cette respiration.
    — Le corps, selon mes informations, est resté en l'état et n'a pas été retiré. Seul le commissaire du quartier est informé. La chose n'a pas transpiré ; les deux domestiques sont consignés au secret. Les scellés ont été placés sur la chambre, l'office et le salon. Il ne faut plus tarder. Bourdeau, prenez note : que le corps soit discrètement conduit à la basse-geôle, qu'on le sale abondamment, même si nous sommes en hiver, et que Sanson soit commis dès que possible. Les médecins en quartier du Châtelet sont, comme vous le savez, plus qu'incapables ; ils ont donné, à plus d'une occasion, la preuve de leur impéritie. Demandez à Semacgus, qui a fait ses preuves dans nos enquêtes, d'aider le bourreau dans cette tâche.
    Il ricana.
    — Ces deux-là ont des habitudes ensemble ! N'oubliez pas de faire saisir et relever tout élément qui pourrait nous apporter des lumières, verres ou vaisselle. Cherchez dans l'office le regrat du dernier souper qui était, dit-on, organisé en l'honneur de Nicolas, hier, rue de Verneuil, par Mme de Lastérieux.
    Il fixa longuement Nicolas dans les yeux.
    — Reste ce monsieur...
    Il tortilla une boucle de sa perruque, l'air pensif, avant de poursuivre :
    — Monsieur le commissaire, si vous avez une déclaration à faire, je vous écoute. Quelque chose qui vous pèserait et pour laquelle vous souhaiteriez me faire l'honneur d'une confidence. Ne vous précipitez pas, ce que vous m'allez dire orientera l'avenir, car à partir de ce moment je ne me départirai pas de la ligne adoptée. En effet, si quelqu'un possède ma confiance, c'est bien vous et, là où je me trouve, bien rares sont ceux qui en bénéficient. Hein ? Vous dites ?
    L'ouverture de la conclusion tempérait pour Nicolas le ton inquisiteur d'un exorde qui aurait pu s'appliquer à n'importe quel suspect.
    — Je ne peux répondre, monsieur, que par l'ouverture la plus grande à l'honneur que votre propos me fait. J'avais, hier soir, passé un quart d'heure chez Julie de Lastérieux lorsqu'une parole injuste m'a fait quitter les lieux. Calmé, je suis revenu deux heures après. Je ne l'ai pas revue, la fête battant son plein. J'ai jugé que ma présence ne ferait qu'attrister la joie des convives et je me suis donc abstenu de paraître. Et...
    Il marqua un temps d'hésitation.
    — J'ai quelque peu erré avant de rejoindre la rue Montmartre.
    — Rien d'autre que j'apprendrais de tiers malveillants ?
    — Rien d'autre, monsieur. J'ai rencontré le commissaire Chorrey de permanence au Théâtre-Français et j'ai passé un moment avec lui.
    Sartine eut un mouvement d'impatience.
    — Cela, vous pensez bien que je le sais déjà ! En tout état de cause, il me revient de vous faire entendre qu'étant partie prenante dans cette affaire, il ne saurait être question de vous y

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