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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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lande. Mais Lancelot était allé prendre du repos. Au matin suivant cependant, il se réveilla en sursaut et demanda à son hôte : « Écoute, seigneur, s’il te plaît. Quel est donc ce tumulte ? – C’est un bruit redoutable. Il a bien commencé pour toi, et il ira grandissant. Une bien triste fête se prépare, où tu perdras la tête. Il va falloir que tu combattes un redoutable champion, qui a déjà mis à mal de nombreux braves. Prends donc tes armes et défends-toi, ne serait-ce que pour sauver ton honneur. »
    Le grand chevalier du château s’était en effet levé très tôt. Il avait demandé ses armes et on lui avait apporté trois hauberts, blancs à l’envers et plus encore à l’endroit. Sur sa tête, on attacha trois heaumes d’acier pur, et il se fit ceindre de trois épées. Une fois sur son cheval, il prit son bouclier et sa lance, puis, jouant des éperons, fit un galop d’essai à travers les rues de la cité. Enfin, il s’engagea sur le pont, faisant un tel vacarme qu’on l’entendit à deux lieues et demie. Tous ceux qui se trouvaient sur la lande en furent frappés de saisissement.
    Quand Lancelot fut à son tour armé et en selle, le Chevalier sans armes lui tendit une lance énorme, raide et solide, toute en ivoire blanc. La hampe, faite de trente morceaux assemblés avec de la colle, des nerfs et des clous, était inflexible et incassable. « Prends cette lance. Je te la donne parce que ton adversaire possède exactement la même. Prends garde qu’à la joute, elle ne te glisse du poing. Et que Dieu t’aide ! » Ils quittèrent alors la tente et gagnèrent le pont sans plus tarder. Des appels retentirent ; des groupes se formèrent dans les landes et ceux du château se préparèrent. Un cortège animé finit par en sortir ; d’abord les chevaliers, les jeunes filles et les serviteurs d’armes, puis les dames et les bourgeois, tous se tenant par le doigt. Ils passèrent le pont devant le dragon qui restait impassible. Quant à la Dame de Rigomer, elle arriva la dernière, richement vêtue, portant un galon d’or dans ses cheveux eux aussi blonds comme l’or, et prit place sous un grand dais qui avait été préparé à son intention.
    Les deux champions attendaient chacun à l’ombre d’un olivier. Des gardes les entouraient, avec des massues, des haches, des épées et quelques masses ferrées, pour veiller au maintien de la stricte justice. Quand tout fut prêt, les deux chevaliers reçurent le signal de bataille. Ils se mirent en selle et firent leur galop d’essai. Puis ils s’élancèrent et s’entrechoquèrent avec une telle ardeur, leurs lances pointées en avant, qu’ils se désarçonnèrent mutuellement. Lancelot se remit très vite sur pied et se dirigea vers le grand chevalier paraissant avoir toutes les peines du monde à se relever, accablé qu’il était par le poids des trois armures qu’il portait. Aussi, Lancelot en profita-t-il pour lui assener un grand coup d’épée qui trancha net les lacets de ses deux premiers heaumes, lesquels furent projetés à plus d’une toise et demie. Le grand chevalier bondit, affolé par cette perte, reprit son bouclier et s’en protégea, imité par Lancelot agissant là en homme averti. S’étant jaugés du regard, ils se rapprochèrent l’un de l’autre et commencèrent à s’affronter à l’épée. Le grand chevalier frappa Lancelot le premier et fit voler à terre un morceau de son bouclier. À la vue de cette brèche, Lancelot voulut le frapper au visage, mais l’autre se détourna et le frustra de son coup. Néanmoins il l’atteignit à l’épaule et son épée tranchante et dure glissa, coupant plus de mille mailles dans le haubert, qui se répandirent sur la prairie. Le grand chevalier essaya à son tour de frapper Lancelot au visage ; mais Lancelot arrêta le coup de son bouclier blanc et riposta avec une telle violence qu’il brisa le heaume ciselé du chevalier jusqu’à la coiffe. Devant un tel exploit, ce dernier, prenant du recul, le pria de lui dire son nom et d’où il venait.
    « Je suis de la maison d’Arthur, le roi de Bretagne. – Quel est ton nom ? – Lancelot du Lac. – Ah ! j’ai bien entendu dire que tu étais le meilleur chevalier que l’on connaisse ! Ma haine envers toi est donc justifiée. Je sais que tu veux m’anéantir, mais tu n’y parviendras pas, et c’est par moi qu’il te faudra mourir aujourd’hui. Tu n’y échapperas pas ! – Avant que

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