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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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admis dans la forteresse de son père, où chacun jugeait qu’elle était la plus belle et la plus digne d’attention parmi toutes les femmes de son pays.
    Or, ce matin-là, la belle Iblis s’était levée très tôt et s’en était allée, seule à travers les bois. Pendant la nuit, il lui était arrivé une chose extraordinaire : elle avait rêvé qu’elle marchait sur l’herbe de la prairie en direction du tilleul sous lequel se trouvait la fontaine. Alors, lui était apparu un jeune et noble guerrier dont l’allure était si exceptionnelle que son cœur, son esprit et ses sens en avaient été profondément troublés. Elle ne se rappelait plus exactement les détails de son rêve, mais elle savait en tout cas qu’il y avait eu un grand amour entre elle et ce jeune guerrier aux allures de héros. Son seul regret était de ne l’avoir pas connu plus tôt. La jeune fille s’était réveillée en sursaut, tourmentée par l’amour et le désir de rencontrer l’inconnu au visage si clair, au regard si intense. Elle s’était d’ailleurs dit aussitôt en elle-même : « Jamais je n’aurai d’autre époux ou d’autre amant que celui que j’ai vu en songe cette nuit. » Voilà pourquoi, ce matin-là, à la jeunesse du jour, elle avait décidé de porter ses pas dans la forêt pour aller vers le tilleul.
    L’ayant atteint très vite, elle contempla son visage dans l’eau de la fontaine. Au même moment, arriva le fils du roi Ban. Il attacha son cheval à une branche du tilleul, jeta son bouclier sur le sol, saisit le marteau dans sa main et en frappa la cymbale si fort qu’elle résonna partout dans les bois et se fit entendre jusqu’à la forteresse de Dodone. Alors, il ôta son heaume et s’assit tranquillement sur l’herbe verte. Puis, après quelques instants de méditation, il s’en alla vers la fontaine. Quelle ne fut pas sa surprise quand il découvrit la plus belle fille qu’il eût jamais vue ! Ébloui par l’éclat de son teint et la profondeur de son regard, il ne put prononcer une seule parole. Quant à la belle Iblis, elle faillit s’évanouir en reconnaissant le jeune homme entrevu dans son rêve. Tous deux restèrent un long moment immobiles, face à face, se regardant sans oser se parler. À la fin, n’y tenant plus, Iblis se décida à rompre le silence. « Jeune étranger, dit-elle, pourquoi as-tu frappé la cymbale ? – Parce que je veux provoquer Iweret en combat singulier ! » répondit-il.
    Et, s’arrachant à la contemplation de la fille, le fils du roi Ban saisit une deuxième fois le marteau et en frappa la cymbale. Le bruit fut encore plus violent et se répercuta longuement à travers la forêt. Alors, la belle Iblis sentit ses genoux se dérober sous elle. « Prends garde, dit-elle, il ne faut pas que tu provoques ainsi le terrible Iweret. Il va te tuer ! – Peu importe, je dois accomplir mon devoir, répondit le jeune homme. Et, d’abord, qui es-tu, jeune fille au regard d’ange ? – Je suis Iblis, la fille d’Iweret, le seigneur de Dodone, contre lequel tu veux combattre. » Le fils du roi Ban se mit à rire : « Je comprends, dit-il, tu voudrais que j’épargne ton père et tu cherches à me détourner de mon projet ! – Non, ce n’est pas du tout cela ! s’écria la jeune fille d’un ton désespéré. C’est toi que je veux sauver, car jusqu’à présent mon père n’a jamais été vaincu ! Il dispose de pouvoirs magiques et il agit de telle sorte que tous ceux qui se mesurent à lui perdent la raison et s’exposent à ses coups mortels ! – Eh bien, jeune fille, ce sera donc tant pis pour moi, car je ne peux pas abandonner ce que j’ai promis à la Dame du Lac, celle qui m’a nourri, élevé, éduqué alors que je n’étais qu’un enfant trouvé ! » À ces mots, la belle Iblis se tordit les mains et essaya de trouver des paroles susceptibles de faire renoncer le jeune homme à son projet. « Mon cœur est entièrement tourné vers toi, dit-elle, et je ne peux pas lutter contre lui. Aussi longtemps que je vivrai, je t’aimerai. Emmène-moi avec toi loin d’ici ! – Si je faisais ce que tu dis, je serais déshonoré », répondit-il. Et, saisissant le marteau, il frappa la cymbale pour la troisième fois.
    Iweret ne fut pas long à arriver. Monté sur un magnifique coursier de couleur noire, bardé de fer, avec sa lance et toutes ses armes prêtes pour le combat, il manifesta sa fureur en lançant des imprécations

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