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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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troué de coups de lance, le heaume fendu et décerclé. Enfin, elles se dirigèrent vers la pièce qui servait de prison au chevalier. Par la porte qui était restée entrouverte, la Dame de Malehaut passa la tête sans faire de bruit. « Il dort, dit-elle, entrons doucement. » Lancelot gisait sur son lit. Il avait tiré la couverture sur sa poitrine, mais à cause de la chaleur, ses bras se trouvaient dehors, et il dormait profondément. La Dame vit qu’il avait le visage enflé et tuméfié, le nez et les sourcils écorchés, le cou meurtri par les mailles du haubert, les épaules tailladées, les bras tout bleus des coups qu’il avait reçus, les mains couvertes de sang. Elle se tourna en souriant vers sa cousine, et dit après avoir élevé les chandelles : « Regarde, toi aussi, tu verras des merveilles ! » Puis, tandis que la jeune fille examinait soigneusement le chevalier endormi, elle murmura comme pour elle-même : « J’ai grande envie de lui donner un baiser. – Ah ! Dame ! que dis-tu ? fit la jeune fille à voix basse. Si tu fais cela, il risque de s’éveiller, et il aurait bien raison de critiquer les femmes en prétendant qu’elles veulent s’offrir. Garde-toi bien de cette folie ! – Pourquoi serait-ce une folie ? demanda la Dame de Malehaut. Il s’agit d’un preux chevalier, et toute femme digne de ce nom aimerait être entre les bras d’un preux chevalier. – Qui te dit qu’il accepterait de te prendre dans ses bras ? » reprit la jeune fille. Cette réflexion fit réfléchir la Dame. Elle se dit qu’il était peut-être trop tôt pour manifester le désir qu’elle éprouvait pour lui. Elles repartirent toutes deux sans bruit jusqu’aux chambres où la Dame se mit à parler de son prisonnier en de tels termes que la cousine ne put plus douter de l’amour qu’elle éprouvait pour lui. Surtout, s’émerveillait-elle sans cesse : « Ce ne peut être que pour l’amour d’une femme qu’il a accompli tant de prouesses ! Comme je voudrais savoir laquelle… »
    Le lendemain, à l’aube, la Dame de Malehaut fit amener son prisonnier. Quand il fut devant elle, il voulut s’asseoir à ses pieds, mais elle lui fit prendre place à ses côtés. Elle lui dit alors : « Seigneur chevalier, tu dois convenir que je t’ai tenu en une bien douce prison, malgré le tort que tu m’as causé, et tu devrais m’en savoir gré. Je te prie donc encore une fois de me dire qui tu es et quelles sont tes intentions. Si tu désires que tout cela demeure secret, je peux t’assurer de mon silence : personne ne saura rien de ce que tu me diras. – Dame, répondit Lancelot, je ne dirai rien, même si tu devais me faire couper la tête ! – Eh bien ! dis-moi quelle est la femme que tu aimes d’amour. Sinon, je te le dis sincèrement, tu ne sortiras jamais plus de ma prison, ni par rançon ni par prière ! – Eh bien, qu’il en soit ainsi. Je ne dirai rien. » Et Lancelot détourna la tête. La Dame feignit d’en être fort courroucée. Elle dit d’une voix qu’elle chercha à rendre coléreuse : « Dis-moi si tu penses faire, à la prochaine bataille, autant de prouesses d’armes que tu en as faites hier. Sinon, je ne te laisserai pas partir, même si tu me jures de revenir. »
    Des larmes coulèrent sur les joues de Lancelot. « Dame, dit-il enfin, je vois bien qu’il faut que je m’acquitte d’une odieuse rançon si je veux sortir de cette prison. Puisque tu l’exiges, je t’avouerai que si cela m’est commandé, j’accomplirai encore plus de prouesses à la prochaine bataille que je n’en ai faites hier ! – Tu as bien répondu », dit-elle. Et elle commanda qu’on le ramenât dans sa prison.
    Le roi Arthur et Galehot, le seigneur des Îles Lointaines, étaient convenus que leurs hommes se rencontreraient la semaine suivante. Le matin du jour où la rencontre avait été fixée, la Dame de Malehaut fit préparer des armes noires, un destrier noir, une cotte d’armes noire, une armure noire pour le cheval. Et elle les présenta à Lancelot en disant : « Va, chevalier qui ne veut pas dire son nom. Va combattre aussi courageusement que tu l’as fait. Mais je t’en avertis : je serai là pour te voir. »
    Quand il arriva à Galore, le combat était déjà engagé, et le pré était couvert de champions qui joutaient deux à deux. Mais il demeura, comme la fois précédente, sur le bord du gué, appuyé sur sa lance, à contempler la loge où se

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