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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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le
crissement de la lame contre l’os. La victime émit un grognement. Puis il y eut
une seconde de silence.
    Et ensuite, le hurlement.
     
    Thomas de Hookton entendit les cloches tinter, graves et
sonores, non pas les cloches d’un quelconque clocher de village, mais des
cloches qui résonnaient avec la puissance du tonnerre. « C’est
Durham », se dit-il. Il fut pris d’une immense lassitude, car le voyage
avait été si long !
    Leur périple avait commencé en Picardie, sur un champ
baignant dans la puanteur d’un nombre incalculable de cadavres d’hommes et de
chevaux, jonché de bannières, d’armes brisées et de flèches. La victoire avait
été glorieuse, et pourtant elle avait laissé Thomas étourdi et nerveux sans
qu’il comprenne pourquoi. Les Anglais avaient poursuivi leur marche vers le
nord pour conquérir Calais, mais Thomas, au service du duc de Northampton,
avait reçu de celui-ci la permission de transporter un camarade blessé jusqu’à
Caen, où il connaissait un médecin aux dons extraordinaires. Mais il fut
décrété ensuite que nul ne pourrait quitter l’armée sans la permission du roi,
et c’est ainsi que le duc en avait appelé au roi. À cette occasion, Edouard
Plantagenêt entendit parler de Thomas de Hookton et sut que son père était un
prêtre né au sein d’une famille d’exilés français du nom de Vexille, dont la
rumeur disait qu’elle avait un jour possédé le Graal. Ce n’était qu’une rumeur,
bien sûr, un chuchotement, mais cette histoire était celle du Saint-Graal, la
chose la plus précieuse qui eût jamais existé, à condition qu’elle eût existé.
Le roi interrogea Thomas de Hookton et celui-ci émit des doutes sur la véracité
de cette histoire. Mais l’évêque de Durham, qui avait été parmi les vaillants
combattants sortis victorieux des assauts des troupes françaises, révéla au roi
que le père de Thomas avait été emprisonné autrefois à Durham.
    — Il était fou, expliqua l’évêque au roi, son esprit
battait la campagne ! Il a donc été enfermé pour son bien.
    — A-t-il parlé du Graal ? s’enquit le roi.
    L’évêque répondit qu’il restait un seul homme dans son
diocèse susceptible de connaître le secret. C’était un vieux moine nommé Hugh
Collimore, qui avait soigné Ralph Vexille, le père de Thomas. Le roi n’eût pas
manqué de traiter cette histoire par le mépris si Thomas n’avait retrouvé le
legs de son père, la lance de saint Georges, dans la bataille qui avait laissé
tant de morts sur le flanc de la verte colline dominant le village de Crécy.
C’est au cours de cette bataille que fut blessé l’ami de Thomas, son chef, sir
William Skeat. C’est lui que Thomas souhaitait conduire en Normandie auprès du
fameux médecin, mais le roi avait insisté pour que Thomas se rende à Durham
afin de rencontrer frère Collimore.
    Sir William Skeat fut donc emmené à Caen par le père
d’Eléonore. Thomas, Eléonore et le père Hobbe, accompagnés d’un chapelain royal
et d’un chevalier de la maison du roi Edouard, firent voile jusqu’en
Angleterre. Hélas, à Londres, les deux serviteurs du roi furent atteints d’une
fièvre due à l’hiver précoce, aussi Thomas et ses compagnons accomplirent-ils
seuls le voyage vers le nord.
    Telle était la raison de leur présence près de Durham, par
ce matin brumeux, tandis que sonnaient les cloches de la cathédrale. Eléonore,
tout comme le père Hobbe, était pressée d’arriver. Car elle était persuadée que
la découverte du Graal apporterait la paix et la justice dans ce monde d’où
émanait une puanteur de maisons brûlées. Elle se disait qu’il n’y aurait plus
de malheurs, plus de guerres, et peut-être même plus de maladies.
    Thomas ne demandait qu’à y croire. Il avait envie de croire
à la réalité de sa vision de la nuit. Mais, si le Graal existait vraiment, il
ne pouvait qu’être précieusement conservé au sein d’une grande cathédrale, sous
la garde des anges. À moins qu’il n’eût quitté ce monde. Mais s’il n’y avait
pas de Graal sur terre, Thomas reportait sa foi sur un objet, un arc de guerre
taillé dans un if d’Italie, peint en noir, muni d’une corde de chanvre, qui
dardait une flèche en bois de frêne, empennée de plumes d’oie et terminée par
une pointe de métal. Sur la panse de l’arc, là où sa main gauche enserrait le
frêne, se trouvait un écusson de métal gravé d’une éalé, un

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