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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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soif de vengeance. Les
projectiles ennemis s’étaient écrasés sur leurs maisons, les trébuchets avaient
mutilé et tué leurs femmes et leurs enfants. Oui, tout cela méritait
vengeance ! À ce sentiment légitime s’ajoutait la crainte de voir
disparaître avec l’occupant anglais la prospérité qu’il avait apportée avec
lui.
    C’est donc avec une détermination farouche et en poussant
des clameurs de joie qu’ils se ruèrent dans le camp ennemi.
    — Archers ! rugit Totesham d’une voix de stentor.
Archers, à moi ! Archers !
    Soixante ou soixante-dix archers accoururent et formèrent
une ligne au sud de la plate-forme des deux plus gros trébuchets. Les autres
combattants chargeaient déjà l’ennemi qui n’était plus en ordre de bataille,
mais éparpillé en petits groupes si occupés à savourer leur victoire sur sir
Thomas Dagworth qu’ils n’avaient pas pris garde à ce qui se passait derrière
eux. Au grondement féroce qui trahissait l’arrivée de la garnison, ils se
retournèrent.
    — Tuez ces bâtards ! hurla un Breton de La
Roche-Derrien.
    — Tuez-les ! rugit une voix anglaise.
    — Pas de prisonniers ! aboya un autre.
    Totesham leur cria au contraire de prendre des prisonniers
afin de ne point perdre des rançons, mais en vain, car nul ne l’entendit au
milieu des hurlements sauvages qui sortaient de toutes les gorges.
    Les hommes d’armes de Charles formèrent instinctivement la
ligne, mais Totesham, qui s’y était préparé, ordonna à ses archers rassemblés
de tirer. Les arcs se mirent à jouer leur musique diabolique et les flèches à
fendre la nuit en sifflant pour aller s’enfoncer dans les cottes de mailles,
les chairs et les os. Les archers étaient peu nombreux, mais ils tiraient de
près, ils ne pouvaient manquer leur cible. Les guerriers ennemis, pris de
court, se tapissaient derrière leurs écus, mais les projectiles n’avaient aucun
mal à les transpercer, semant la panique parmi les hommes d’armes qui couraient
se réfugier à l’abri des tentes.
    — Pourchassez-les ! hurlait Totesham, encourageant
ses archers au massacre.
    Des soldats de sir Thomas Dagworth, il ne subsistait qu’une
centaine d’hommes en état de se battre, dont la plupart étaient les archers qui
s’étaient dissimulés parmi les chariots. Les autres avaient été capturés ou
étaient morts, tandis que le plus grand nombre tentait de s’échapper à travers
les fortifications et les palissades. Mais l’arrivée de Totesham et de ses
troupes arrêta leur fuite et ils retournèrent se battre.
    Les gens de Charles étaient dispersés à travers le terrain.
Beaucoup étaient toujours en train de pourchasser les rescapés de la première
attaque et ceux qui avaient tenté de résister à la sortie de Totesham étaient
soit morts, soit en fuite dans la pénombre. Le chef de la garnison et ses
troupes déferlèrent sur eux comme un raz-de-marée impossible à arrêter. Les
premières constructions qu’ils rencontrèrent furent les abris des ingénieurs
bavarois. Ces derniers avaient pris bien soin de rester à l’écart de la curée
contre les rescapés de l’assaut de sir Thomas Dagworth. Ils moururent dans leur
cantonnement. Les assaillants ne se préoccupèrent pas de la qualité de leurs
victimes ; c’étaient des ennemis, et, comme tels, ils furent dûment
taillés en pièces à coups de haches, de pioches et de marteaux. L’ingénieur en
chef tenta de protéger son fils de onze ans, mais ils moururent ensemble sous
une tornade de coups, tandis que passait près d’eux le flot des hommes d’armes
anglais et flamands.
    Thomas décochait ses traits aux côtés de ses pairs, les
archers. Tout à coup, il s’avisa de la disparition de Robbie qu’il avait vu
pour la dernière fois près des deux trébuchets. Il partit à sa recherche.
    Faiseur de Veuves, qui était prêt à lancer son premier
projectile dès l’aube, avait été renversé. Thomas trébucha sur une grosse
pointe de métal qui sortait à deux coudées du fût et servait d’ancre pour la
fronde, et poussa un juron de douleur car le métal l’avait blessé au tibia. Il
grimpa sur le bâti du trébuchet et, visant les ennemis toujours agglutinés au
pied du moulin, il tira une flèche qui survola les têtes des vengeurs occupés à
massacrer les Bavarois. Il fit mouche. Un homme s’écroula et les écus se
levèrent. Il tira de nouveau et s’aperçut soudain que ses mains blessées
étaient en

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