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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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restèrent donc où ils étaient, à regarder
monter la fumée de l’incendie et à se demander ce qui se passait dans le
campement de l’est.
    Or, ce qui se passait, c’était le chaos. Cette bataille se
déroulait comme la bataille de Caen : sans plan, dans le plus grand
désordre et avec une brutalité extrême. Les Anglais et leurs alliés, après
avoir passé de nombreux jours enfermés dans leur murs, avaient abordé la
bataille en proie à une grande nervosité, sûrs d’être défaits ; l’armée de
Charles, de son côté, s’attendait à la victoire, et elle en avait été très
près. Les Anglais se libéraient à présent de leur nervosité par un assaut
furieux, sanglant, acharné, qui plongea les Français et les Bretons dans
l’horreur.
    Les hommes d’armes anglais et les défenseurs du moulin
s’entrechoquèrent dans un bruit assourdissant. Thomas s’apprêtait à se joindre
à la bataille, mais Robbie le tira soudain par la manche.
    — Regarde ! fit-il.
    Un dominicain marchait à côté de trois cavaliers en surcot
noir au milieu des tentes en feu.
    À la vue de cette robe blanche et noire, le sang de Thomas
ne fit qu’un tour. Il suivit Robbie à travers les tentes, piétinant le fouillis
des toiles bleues et blanches qui jonchaient le sol, zigzaguant entre les feux,
la fumée et les restes calcinés de vêtements brûlés. Une femme à la robe à demi
arrachée leur coupa la route en hurlant, poursuivie par un homme qui courait en
éparpillant des flammèches avec ses bottes à chaque foulée et la rattrapa dans
une hutte. Pendant quelque temps, ils perdirent le religieux de vue, puis
Robbie détecta son froc blanc et noir : il était en train d’essayer de
monter sur un cheval non sellé avec l’aide des hommes en surcot noir. Thomas
arma son arc, décocha sa flèche et la vit s’enfoncer jusqu’à l’empenne dans la
poitrine du cheval. L’animal se cabra, agitant ses sabots, et le dominicain
tomba à la renverse. Les hommes en surcot noir s’enfuirent au galop pour se
mettre à l’abri des flèches et le religieux, abandonné, se retourna et aperçut
ses poursuivants. C’était Taillebourg. Le tortionnaire de Dieu. Thomas poussa
son cri de guerre et tendit sa corde, mais le dominicain courut se mettre à
l’abri dans les tentes intactes. Un arbalétrier génois surgit soudain, leva son
arme à leur vue, mais Thomas décocha. La flèche transperça la gorge de l’homme
et le sang éclaboussa sa tunique rouge et verte. La femme hurla à l’intérieur
de la cabane, puis se tut brusquement.
    Thomas et Robbie tentèrent de dénicher l’inquisiteur au
milieu des tentes où il avait disparu. Le rabat de l’une d’elles oscillait
toujours et Robbie poussa la toile de côté en brandissant son épée et se pencha
pour pénétrer dans ce qui se révéla être une chapelle.
    Taillebourg était près de l’autel recouvert de sa nappe
blanche de Pâques. Un crucifix était posé entre deux cierges à la flamme
vacillante. Dehors, le camp était plongé dans une apocalypse de hurlements, de
douleur et de flèches, mais le calme le plus céleste régnait à l’intérieur de
cette chapelle de campagne.
    — Te voilà, vil bâtard, chien galeux, maudit étron de
prêtre puant ! proféra Thomas en tirant son épée et en marchant sur le
dominicain.
    Bernard Taillebourg avait posé une main sur l’autel. Il leva
l’autre pour faire le signe de la croix.
    —  Dominus vobiscum, dit-il de sa voix profonde.
    Une flèche vint déchirer le toit de la tente, et une autre,
transperçant la paroi, atterrit en vrille derrière l’autel.
    — Vexille est avec toi ? s’enquit Thomas.
    — Que Dieu te bénisse, Thomas, prononça Bernard
Taillebourg.
    Le visage farouche, les yeux durs, il fit un nouveau signe
de croix en direction de son ancienne victime, mais recula devant l’épée que
brandit Thomas devant lui.
    — Vexille est avec toi ? répéta-t-il.
    — Le vois-tu ici ? persifla le dominicain tournant
la tête en tous sens.
    Puis il sourit.
    — Non, Thomas, il n’est pas ici. Il est parti dans la
nuit. Il est parti pour aller quérir de l’aide, et tu ne peux pas me tuer.
    — Donne-moi une bonne raison, intervint Robbie, parce
que tu as tué mon frère, misérable bâtard !
    Taillebourg regarda celui qui avait parlé ainsi. Il ne le
reconnut pas, mais il vit la haine dans ses yeux. Aussi le bénit-il comme il
avait béni Thomas.
    — Tu ne peux pas me tuer, dit-il

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