Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
au visage horriblement défiguré par la petite vérole.
    — Les hommes des clans, sans nul doute, affirma lord
Outhwaite. Ce ne sont pas de véritables humains !
    Il secoua la tête, puis, changeant de sujet, demanda à
l’aîné des deux moines :
    — Vous êtes bien frère Michael, n’est-ce pas ?
    — Votre Seigneurie me flatte en se souvenant de moi,
répondit le moine, charmé.
    — Il appartint autrefois aux hommes d’armes de lord
Percy, mon suzerain, expliqua lord Outhwaite à Thomas, et c’était un bon
guerrier, ma foi !
    — Avant que je laisse aux Écossais ceci, enchaîna frère
Michael en levant son bras droit, de sorte que la manche de sa robe retomba en
révélant un moignon à son poignet, et cela, ajouta-t-il en désignant son orbite
vide. Ce qui fait que maintenant, je prie au lieu de me battre.
    Se retournant vers les rangs écossais, il ajouta en
grommelant :
    — Ils sont bien bruyants, aujourd’hui.
    — Ils sont confiants, répondit placidement lord
Outhwaite, et ils n’ont pas tort. À quand remonte la dernière bataille où les
Écossais étaient plus nombreux que nous ?
    — Peut-être sont-ils plus nombreux que nous, fit remarquer
frère Michael, mais ils ont choisi un endroit bien étrange pour se battre. Ils
auraient dû se placer à l’extrémité sud de la crête.
    — Certes, ils auraient dû, mon frère, approuva lord
Outhwaite, mais sachons apprécier notre chance.
    En effet, les Écossais mettaient en jeu leur avantage en se
battant sur le sommet le plus étroit de la crête, là où les lignes anglaises ne
pouvait être débordées. En poussant un peu plus au sud, dans la partie où la
crête s’élargissait en descendant jusqu’aux prairies inondables, ils auraient
pu contourner l’ennemi. Ils avaient peut-être commis une erreur dans le choix
de leur terrain, ce qui constituait un léger avantage pour les Anglais, mais
c’était une piètre consolation lorsque l’on considérait la taille de leur armée.
Les estimations auxquelles se livraient les guerriers anglais ne les incitaient
guère à l’optimisme : les chiffres allaient de six à seize mille hommes.
    Lord Outhwaite, pour sa part, était d’avis que les troupes
écossaises ne dépassaient pas les huit mille combattants.
    — Cela ne représente que trois ou quatre fois notre
nombre, dit-il avec bonne humeur, et ils n’ont pas assez d’archers. Rendons
grâces à Dieu pour les archers anglais.
    — Amen, enchaîna frère Michael.
    Le jeune moine défiguré par la petite vérole paraissait
hypnotisé par la gigantesque ligne écossaise.
    — J’ai ouï dire que les Écossais peignaient leurs faces
en bleu, mais je ne vois rien.
    Lord Outhwaite le considéra avec étonnement.
    — Vous avez ouï quoi ?
    — J’ai ouï dire qu’ils peignaient leurs faces en bleu.
Monseigneur, répéta le moine avec embarras. Peut-être ne peignent-ils que la
moitié. Pour nous effrayer.
    — Pour nous effrayer ? répéta Sa Seigneurie,
hilare. Ce serait plutôt pour nous faire rire ! Mais je n’ai jamais rien
vu de tel…
    — Moi non plus, renchérit frère Michael.
    — C’est ce que j’ai ouï dire, rien de plus, s’empressa
de préciser le jeune moine.
    — Ils sont suffisamment effrayants sans peinture,
grommela lord Outhwaite.
    Puis, montrant du doigt une bannière qui flottait vis-à-vis
de sa place dans les rangs :
    — Je vois que sir William est là, constata-t-il.
    — Sir William ? interrogea Thomas.
    — Willie Douglas. J’ai été son prisonnier pendant deux
ans, et je continue toujours à payer les banquiers à cause de cela.
    En effet, sa famille avait dû emprunter de l’argent pour
payer sa rançon.
    — Cependant, je l’aimais bien, ajouta-t-il. Et il se
bat avec Moray ?
    — Moray ? demanda frère Michael.
    — John Randolph, comte de Moray.
    Lord Outhwaite désigna du chef une bannière qui flottait
près de l’oriflamme au cœur rouge de Douglas et précisa :
    — Ils se haïssent. Dieu seul sait pourquoi ils sont
ensemble dans les rangs.
    Puis, revenant aux joueurs de tambour écossais qui se
penchaient très bas en arrière afin de contrebalancer le poids de leur gros
instrument sur leur ventre, il marmonna :
    — Maudits soient ces tambours !
    Puis il gloussa :
    — Peindre leurs faces en bleu ! Jamais je n’ai
entendu pire sottise !
    Le prieur, infatigable, continuait à haranguer les troupes.
Il tenta d’exciter leur fureur en leur

Weitere Kostenlose Bücher