L'archipel des hérétiques
toutes les femmes et toutes les ressources devaient être
mises en commun. Quelques mariages eurent lieu chez les Batenburgers, et Van
Batenburg lui-même s'octroyait le droit de présenter à un membre méritant de sa
secte une épouse choisie parmi les femmes du groupe. Cependant, de telles
unions pouvaient prendre fin aussi vite qu'elles avaient vu le jour, et il
arriva que le prophète ordonne à une épouse non consentante de retourner se
mettre au service du reste des hommes de la secte.
Van Batenburg semble avoir rassemblé autour de lui au
moins plusieurs centaines de fidèles. Certains membres de sa secte durent
cependant jurer de garder le secret absolu, et supporter un traitement
initiatique douloureux, destiné à prouver qu'ils seraient capables de résister
à la torture, au cas où ils seraient faits prisonniers - ce qui explique que
l'on n'a jamais pu évaluer le nombre de ses fidèles. Ils ne se rassemblaient pas
en public, et leur chef les autorisait à apparaître publiquement comme des
luthériens ou des catholiques ordinaires, allant à l'église et menant une vie
tout à fait normale, dans les contrées frontalières du Saint Empire romain et
de la Hollande, pendant les années qui suivirent la chute de Munster. Ils se
reconnaissaient entre eux grâce à des symboles secrets qu'ils arboraient sur
leurs maisons ou sur leurs vêtements, ou par certaines manières de se coiffer.
Ce n'est qu'après que Van Batenburg lui-même eut été arrêté et brûlé, en 1538,
qu'ils se réunirent enfin. Ils infiltrèrent les contrées périphériques de
l'Empire pendant au moins une décennie, sous la conduite de Cornelis Appelman,
un tisserand de Leyde. Le groupe se trouvait désormais réduit à un noyau de
deux cents hommes, pour la plupart liés par des liens familiaux ou
matrimoniaux.
Appelman resta actif jusqu'à sa propre arrestation en
1545. Il était encore plus extrémiste que Van Batenburg, si c'était possible.
Il se faisait appeler « le Juge » et tuait ceux de ses disciples qui
critiquaient ses activités criminelles, ou refusaient d'y prendre part. A
l'instar de Van Batenburg, il prôna et pratiqua la polygamie, en y ajoutant, en
guise d'amélioration, la possibilité pour les femmes de répudier leurs maris
pour épouser un homme de grade plus élevé, dans la hiérarchie des Batenburgers.
Appelman lui-même assassina sa propre épouse, parce qu'elle refusait de le
laisser épouser sa fille, et finit ensuite par tuer cette dernière.
Après la mort du Juge, la secte éclata en plusieurs
groupuscules, dont l'un, les Enfants d'Emlichheim, fut actif au milieu des
années 1550. Son seul credo semble avoir été la revanche contre l'infidèle. Un
jour, qui resta fameux, ses membres égorgèrent 125 vaches appartenant à un
monastère de la région. Le dernier de ces groupus-cules issus de la secte de
Batenburg, et le plus nombreux, fut celui des « Gens de Johan Willemsz ». Cette
secte perdura jusqu'aux années 1580. Elle vivait de meurtres et de pillages,
dans la campagne des alentours de Wesel, sur la frontière hollando-allemande.
Willemsz finit sur le bûcher, et le reste du groupe se réfugia en Frise. L.G.
Jansma, Melchiorieten, Munstersen en Batenburgers : een Sociologische
Analyse van een Millennistische Beweging uit de 16' Eeuw (Buitenpost : np,
1977), pp. 217-235, 237, 244-275 ; Jansma, « Revolutionairee wederlopers na
1535 », in M.G. Buist et al. (eds), Historisch Bewogen.
Opstellen over de radicale reforma-tie in de 16 e en 17 e eeuw (Groningen : Wolters-Noordhoff, 1984), pp. 51-53; S. Zijlstra, «David
Joris en de Doperse stromingen (1536-1539)», in ibid., pp. 130-131, 138;
MEHN Mout, « Spiri-tualisten in de Nederlandse reformatie van de zestiende eeuw
», Bijdragen en Mededelingen Betrejfende de Geschiedenis der Nederlanden 111 (1996), pp. 297-313.
47. Le club d'escrime de Giraldo Thibault : Govert Snoek, De Rosenkruizers in Nederland : Voornamelijk in de Eerste
Helft van de I7de Eeuw. Een Inventarisatie (thèse de doctorat non publiée,
Université d'Utrecht, 1997), pp. 164-173. En 1615, Thibault alla temporairement
s'installer à Clèves, et le club d'Amsterdam ferma ses portes. Cornelisz n'a
donc pas pu le fréquenter. Mais Thibault revint en Hollande en 1617 et
s'établit vraisemblablement à Leyde, où il mourut en 1626. Il ne serait donc
pas impossible - bien que l'on n'en ait aucune preuve - que Jeronimus y ait
rencontré le maître d'escrime. Quoi qu'il en soit, il
Weitere Kostenlose Bücher