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L'armée perdue

L'armée perdue

Titel: L'armée perdue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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transparente à la mode ionienne, qu’elle était fardée à l’égyptienne et arborait une perle noire de l’Inde, enchâssée entre ses seins, ainsi que des boucles d’oreilles d’une merveilleuse facture achetées à un marchand de la lointaine Tarente.
    Nul doute, Cyrus était davantage disposé, au matin, à se montrer clément avec le roi Syennésis de Cilicie qui s’était lâchement enfui dans ses montagnes.
    Averti par ses messagers qu’il n’y avait plus de danger, l’homme redescendit et échangea toutes sortes d’amabilités avec le prince de l’Empire. L’honneur était, de toute évidence, la dernière chose qu’il avait à sauver.
    La nuit suivante, une nuit noire, un navire de guerre sans insignes ni étendards accosta devant l’embouchure du Cydnos, risquant de s’échouer sur les bas-fonds. L’équipage fixa la passerelle au bastingage et un homme en descendit avec son cheval. Une fois à terre, il sauta sur sa monture et la poussa vers l’arrière-pays. On distinguait au loin les feux d’un grand campement, et le cavalier partit dans cette direction.
    La passerelle fut remontée, et le bateau reprit le large, aussi silencieusement qu’il était venu, pour rejoindre l’escadre qui l’attendait à l’ancre, toutes lumières éteintes.
    Cyrus s’attarda quelques jours et veilla à ce que les blessures de la ville fussent d’une certaine façon pansées. On avait atteint la mer. Désormais, ce n’étaient plus les Portes de Cilicie ou les habitants de Tarse qui lui posaient problème. C’étaient ses mercenaires « Iauna », ainsi qu’il les appelait : les Grecs. Il avait gardé le secret aussi longtemps que possible, mais nombre de soldats et d’officiers avaient tiré leurs propres conclusions. Gagner la mer après avoir traversé les Portes de Cilicie, laisser l’Anatolie derrière soi et se diriger vers le sud ne pouvaient avoir qu’une signification : c’était le cœur de l’Empire que le prince visait. Les racontars les plus étranges se répandirent parmi les hommes, et Xéno diffusa le plus bizarre d’entre tous en affrontant Proxène de Béotie, son ami Proxène. Non dans l’intimité de sa tente, mais ouvertement, alors qu’il dînait avec ses soldats.
    Il apparut soudain dans le halo de lumière que projetait le feu du bivouac et demanda à voix haute sans même s’asseoir : « As-tu une idée de ce qui va se produire au cours des prochains jours ?
    — Quel genre de question me poses-tu là ? répondit Proxène.
    — Tu en as une idée ?
    — Je ne crois pas que cela me regarde.
    — Oh si ! Ça te regarde et ça vous regarde aussi, soldats !
    — Qui voilà ? lança alors un des lieutenants de Proxène, un dénommé Eupite, originaire de Tanagra. L’écrivain ! Par quel mystère n’es-tu pas en train de manier ta plume sous ta tente ? »
    Xéno l’ignora, poursuivant son discours : « Nous allons nous jeter dans la gueule du loup ! »
    Plusieurs hommes éclatèrent de rire, d’autres leur donnèrent un coup de coude, d’autres encore prirent un air sérieux.
    « Hé, qu’est-ce que tu racontes là ? s’exclama Proxène, en colère.
    — Je dis la vérité, et il est bon que chacun d’entre vous s’en rende compte : Cyrus nous a menti, tout comme le général Cléarque, qui est certainement au courant de ses projets. La Pisidie n’a rien à voir avec cette expédition, cela fait longtemps que nous l’avons dépassée, puisque nous sommes maintenant dans le golfe de Cilicie. Savez-vous ce qu’il y a de ce côté ? s’écria-t-il en jetant un coup d’œil derrière lui. L’Égypte. Et savez-vous ce qu’il y a au-delà de cette chaîne de montagnes ? La Syrie. Et après la Syrie, Babylone.
    — Comment le sais-tu ? interrogea un des soldats.
    — Je le sais, un point c’est tout. Et ce que je vous ai dit est la vérité. Nous allons dans cette direction, j’en suis certain !
    — Et qui te l’a dit ? demanda un autre.
    — Mon cerveau, espèce de crétin !
    — Surveille ton langage !
    — Toi, surveille le tien. Si tu es ignare, tais-toi et écoute ceux qui en savent plus long ! »
    Eupite les arrêta avant qu’ils en viennent aux mains : « Assez ! Je veux entendre ce que l’écrivain a à dire. Parle donc, je suis tout ouïe. »
    Xéno se calma et reprit : « J’ai compris depuis longtemps que l’objectif de cette mission n’est pas celui qu’on nous a annoncé, et donc que Cyrus

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