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L'armée perdue

L'armée perdue

Titel: L'armée perdue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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reine mère Parysatis. Il lui suffira de prononcer son nom pour se ménager un chemin, y compris au milieu d’une meute de loups, crois-moi.
    — Bien », dit-il. Il scrutait mon visage, sentant que mon esprit était ailleurs.
    À la tombée de la nuit, un vent impétueux se leva, faisant claquer les pans de la tente et agitant violemment les palmes. L’expression énigmatique et pourtant éloquente de Durgat au moment où elle s’était interrompue me poursuivait…
    Elle refusait de me révéler un secret. Mais quel secret ? L’existence d’un danger, certainement, d’une menace qui planait sur nous et dont elle était au courant, parce qu’elle en avait entendu parler dans les appartements de la reine mère ou dans le pavillon du roi. De quoi pouvait-il s’agir d’autre ? En vérité, nous courions des périls tous les jours : attaques subites, embuscades, faim et soif, puits empoisonnés… d’innombrables dangers qui ponctuaient notre route jusqu’à la mer. Que pouvait-il nous arriver de plus grave encore ?
    J’essayais d’analyser son discours et ses sentiments afin de trouver une réponse. Elle avait saisi une conversation concernant notre armée, notre marche, mais elle n’avait peut-être pas tout compris. Elle était venue, chargée d’une mission, et elle avait été capturée. Xéno et moi l’avions arrachée aux outrages qu’elle risquait de subir, et elle nous en était reconnaissante. Ce qu’elle avait vu dans le campement lui avait rappelé des propos saisis dans les appartements royaux et elle avait tenté de me le faire comprendre : Quelque chose vous attend. Je le sais, mais je ne peux te le dire car je retournerai auprès de la reine, et si leurs plans sont déjoués il sera facile de remonter à la personne qui les a révélés. Alors il n’y aura pas de limites aux souffrances qu’on m’infligera. Tu dois t’efforcer de comprendre.
    Oui, il devait en être ainsi, et je finirais par comprendre en gardant les yeux ouverts, en prêtant attention au moindre signe. Xéno m’attira contre lui. Le bruit du vent l’empêchait lui aussi de dormir.
    « Dans mon village, le vent produit parfois un bruit étrange, une sorte de grondement, lui murmurai-je à l’oreille. Les vieillards prétendent que le grondement du vent annonce un événement extraordinaire. Le vent fit entendre sa voix trois jours avant que votre armée se présente à Beth Qadà.
    — Tu penses qu’il veut nous dire quelque chose à présent ?
    — Peut-être. Mais nous sommes trop éloignés pour que je puisse saisir. »
    Le vent se calma avant l’aube et je m’endormis enfin. Mélissa passa la nuit seule, car Ménon alla patrouiller avec ses Thessaliens et revint le lendemain, après avoir perdu trois hommes et tué une dizaine de soldats de Tissapherne. La situation était inquiétante. Des escarmouches opposaient chaque jour les nôtres aux Perses et même aux Asiatiques d’Ariée, lequel s’était désormais rangé dans le camp de Tissapherne, au mépris de ses serments et de ses promesses.
    Dès lors, ces affrontements s’intensifièrent sans raison apparente. D’après Xéno, Cléarque et les autres généraux ne le remarquaient même pas.
    « Ils vous provoquent, dis-je. Ils veulent vous pousser à agir. Peut-être à les attaquer. C’est un piège.
    — Cléarque n’est pas de cet avis. Il est persuadé que ce sont des faits isolés. Les terres fertiles se raréfient au fur et à mesure qu’on se rapproche des montagnes, ce qui nous conduit sur les mêmes chemins que les Perses et nous amène inévitablement à nous battre pour le ravitaillement. Et puis nous ne nous aimons pas. Mais notre voyage commun durera encore trois mois, et ces conflits devront cesser d’une façon ou d’une autre. »
    Trois jours plus tard, nous reprîmes notre marche vers le nord. Avant de partir, j’allai saluer Durgat. Elle m’étreignit, me lança un regard qui signifiait « Tiens-toi sur tes gardes » et me dit : « Bonne chance.
    — Bonne chance à toi aussi », répondis-je, puis je montai à bord du chariot.
    Nous avançâmes, le soleil naissant à main droite, et marchâmes pendant une vingtaine de jours, qui furent ponctués d’escarmouches et d’affrontements incessants avec de petits détachements de la cavalerie perse. Nous atteignîmes un fleuve qui venait de l’est et se jetait dans le Tigre, et que nous traversâmes sur un pont de bateaux.
    Sur l’autre rive, Cléarque

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