L'assassin de Sherwood

conversation avec personne, selon les instructions du clerc. À leur retour, la table avait été rangée et Corbett dormait du sommeil du juste. Il se réveilla juste après midi et se replongea dans ses pensées. Puis, après s’être rasé, lavé et changé, il se restaura un peu grâce aux provisions qu’avait apportées Ranulf et intima l’ordre à ses serviteurs de faire leurs bagages.
    — Nous retournons à Londres, Messire ? s’exclama joyeusement Maltote.
    — Non. Vos sacoches sont-elles prêtes ?
    Les deux hommes opinèrent. Corbett passa un paquet scellé à Maltote.
    — Pars avec Ranulf. Galopez à bride abattue jusqu’à Lincoln. Ranulf, sollicite une audience auprès du comte Henry : tu le trouveras au château. Remets-lui ceci, dit-il en lui tendant un petit rouleau de parchemin, et prie-le de le lire seul.
    Corbett se frotta les yeux :
    — Il fournira une escorte armée à Maltote jusqu’à Londres. Toi, Maltote, tu fileras à franc étrier porter ce paquet au roi dans ses appartements du palais de Westminster. Pendant ce temps, Ranulf, demande au comte de te faire accompagner par ses gardes jusqu’au prieuré de Kirklees. De par son allégeance à notre souverain, la mère supérieure sera tenue de se présenter ici avec toi et le comte. Que ce dernier vienne avec le plus fort contingent de troupes possible.
    — Pourquoi la prieure ? s’étonna Ranulf.
    Corbett ouvrit la bouche pour lui répondre mais se ravisa.
    — Non... moins tu en sauras, mieux ce sera !
    — Mais le comte ne va-t-il pas soulever quelques objections ? s’inquiéta Ranulf, un peu réticent à l’idée d’affronter Henry de Lacey, vieux briscard dont le moindre page à la cour connaissait le caractère impétueux et les jurons hauts en couleur.
    — Le comte fera ce que je lui dirai, insista Corbett. La lettre porte le sceau privé du roi, de même que le mandat à l’intention de la prieure. Ils viendront. Ils protesteront, ils supplieront, mais ils viendront. Partez maintenant ! Ah, Ranulf ! Aie la gentillesse, avant, de prier Sir Peter et Roteboeuf de me rejoindre.
    — Que va-t-il se passer ?
    — Exécute mes ordres, lui répéta Corbett. Et sois de retour dans les trois jours.
    Les deux hommes prirent congé de leur maître, et peu après Branwood entra en compagnie de Naylor, de frère Thomas et de Roteboeuf.
    — Vous désirez me voir, Sir Hugh ? J’ai cru bon d’amener, également, mon sergent et frère Thomas.
    — En effet, murmura Corbett. Il vaut mieux que je vous voie tous ensemble. Je pense savoir comment capturer et exécuter Robin des Bois.
    La lueur de surprise qui traversa le regard de Branwood ne lui échappa pas.
    — Qu’est-il arrivé ? demanda l’assistant shérif. Avez-vous découvert qui était le traître ?
    — Non, et pour l’instant, je ne vois que la solution militaire pour mettre fin aux méfaits de Robin des Bois. Je suis convaincu que la prieure de Kirklees lui a prêté aide et assistance. Elle nous fournira de plus amples renseignements sur l’endroit où il se terre. Voyez-vous, poursuivit Corbett en se penchant, il a sûrement un complice ici, mais cela pourrait être n’importe qui : un cuisinier, un marmiton, une servante ou un soldat. Toutefois ce menu fretin ne nous intéresse pas. Afin de capturer Robin, j’ai enjoint au comte de Lincoln d’escorter la prieure ici en vue d’un interrogatoire et si j’obtiens les précisions nécessaires, je vous demanderai, Sir Peter, de joindre vos forces à celles du comte pour aller encercler le hors-la-loi dans la forêt.
    — Comment cela ? s’interposa frère Thomas. Autant assiéger la mer !
    Corbett grimaça un sourire en se grattant la tête.
    — Cela prendra des semaines, mon frère, mais c’est faisable. Sir Peter, vous avez vu la façon dont s’y prenait l’armée du roi pour progresser en terre écossaise ?
    Branwood fît signe que oui, les joues empourprées sous l’excitation.
    — Je devine où vous voulez en venir, Sir Hugh : déplacer les troupes de clairière en clairière et transformer celles-ci en petites places fortes.
    — Exactement ! Jusqu’à présent, les expéditions militaires dans Sherwood n’ont été que de courtes incursions. Cette fois-ci, nos forces, à savoir les soldats de Lincoln, les survivants du détachement de Gisborne et la garnison du château, camperont dans la forêt. Veuillez procéder aux préparatifs, Sir Peter ! Mettez cette