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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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vert.
    — Maltote est parti pour Londres, lui murmura Ranulf, en se glissant derrière lui. Mais ce vieux comte, Messire ! Il lance des jurons à tout le monde et il a avalé au moins cinq pintes de vin depuis notre arrivée à Nottingham.
    — Ce vieux comte, rétorqua doucement Corbett, en fieffé renard qu’il est, a sûrement deviné pourquoi je l’ai fait venir ici.
    L’air éberlué de Ranulf égaya son maître :
    — Un peu de patience, Ranulf : tout s’éclairera. Oh, à propos ! Amisia te salue.
    Ils revinrent dans la grand-salle où Lincoln avait jeté ses bottes dans un coin. Tandis qu’un de ses écuyers essayait de le chausser de brodequins de cuir souple, un autre, tenant aiguière et bassin de toilette, se voyait aspergé d’eau par les ablutions du comte qui réclamait d’une voix tonitruante du clairet, de la malvoisie, n’importe quoi pour son gosier desséché par la poussière.
    — Oh, j’y pense ! s’écria-t-il. Cette sainte nitouche de prieure ! Par Dieu, quelle prétentieuse ! Elle est ici, aussi, Corbett. Elle était presque évanouie quand je l’ai laissée, la mijaurée ! À croire qu’elle n’avait jamais entendu jurer un chrétien auparavant !
    Ranulf réprimait tellement son hilarité que Corbett le crut sur le point d’avoir une attaque d’apoplexie. Lorsque le clerc s’en alla, le vieux comte déclarait à Branwood d’une voix tonitruante qu’il n’avait pas fait tout ce chemin pour une simple écuelle de ragoût et qu’il espérait un souper plus consistant dans la soirée.
    Bien qu’il s’éloignât en toute hâte de la grand-salle, Corbett eut le temps de savourer les odeurs délicieuses qui s’échappaient de la cuisine et de comprendre que Branwood préparait un banquet en l’honneur de la capture de Robin des Bois.
    — Attendez d’avoir vu la prieure ! murmura Ranulf, se retenant encore de rire.
    — Pourquoi ?
    — Avez-vous jamais entendu l’histoire du clerc libidineux, de la meunière et de sa fille ?
    — Non !
    — La prieure, si ! s’esclaffa Ranulf. Lincoln a voulu à tout prix la lui raconter en criant à tue-tête et en y ajoutant quelques embellissements de son cru.
    Dame Elizabeth Stainham avait en partie recouvré son calme lorsque Corbett lui rendit visite dans un logement confortable au-dessus de la porte médiane. Mais elle tremblait encore de colère, ses grands yeux sombres noyés de haine, dans son visage blême.
    — Messire Corbett ! fulmina-t-elle.
    — Ma mère, mon titre est Sir Hugh.
    — Appelez-vous comme vous voulez ! Je me plaindrai au roi d’avoir été arrachée à mon couvent et forcée de voyager en compagnie de cet individu !
    Elle désigna Ranulf avec dédain.
    — Ranulf-atte-Newgate, ma mère.
    — Et de ce comte, un soudard...
    — Vous voulez parler du cousin du roi, Henry de Lacey, comte de Lincoln, tuteur du prince de Galles et commandant le plus brillant de nos troupes en Gascogne ?
    La prieure se mordit la lèvre en comprenant qu’elle était allée trop loin.
    — Que désirez-vous ? demanda-t-elle brusquement, en prenant place gracieusement sur une chaise.
    D’un geste, Corbett signifia à Ranulf d’attendre dehors. Puis il regarda la jeune religieuse qui avait accompagné la prieure :
    — Et vous aussi !
    Il lui sourit :
    — Mon serviteur connaît un certain nombre de contes drôles qui pourraient vous divertir.
    Mère Elizabeth fit mine de se lever.
    — Veuillez rester assise, ma mère ! lui enjoignit Corbett. Je me vois obligé d’empiéter sur votre précieux temps. Si vous m’aviez dit la vérité lors de notre première rencontre, à moi, émissaire du roi, ce voyage et cet entretien n’auraient pas lieu d’être. Si vous voyez quelque inconvénient à vous confier à moi, faites-en part à notre souverain. Mais je vous préviens : vous passerez le restant de votre vie au pain et à l’eau dans un couvent perdu à l’autre bout du royaume.
    Ranulf surprit les derniers mots en refermant l’huis derrière lui. Il fut bien tenté d’espionner, car il savait que le moment de la curée approchait, mais la porte était fort épaisse et la jeune religieuse... fort jolie. Ranulf la fit vite pouffer de rire en lui narrant sa propre version du récit de la meunière, de sa fille et du clerc libidineux.
    Corbett ressortit une heure après, un sourire aux lèvres.
    — Je pense que la mère supérieure vous demande, murmura-t-il. Il lui faut défaire ses

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