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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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s’écria-t-il par-dessus son épaule. Après tout, vous êtes homme de Dieu, maintenant, et je jure, par ce même Dieu, de ne vous vouloir aucun mal. Quant à toi, Jean Petit, tu as été déclaré hors-la-loi et n’importe qui a légalement le droit de te trancher la tête. Mais nous avons à discuter, n’est-ce pas ?
    Le géant fixait Corbett de ses yeux bleus au regard limpide et le clerc comprit qu’il hésitait entre soumission et attaque.
    — Je ne te nuirai pas, Jean Petit, répéta doucement Corbett. Allons, viens !
    Il lui fit signe d’entrer. Le colosse se baissa pour pénétrer dans la cellule de frère William.
    Corbett repartit deux heures après. Ni Jean Petit ni frère William ne s’étaient montrés très loquaces. Ils avaient refusé de répondre à ses questions, se contentant de le dévisager et d’écouter ce qu’il avançait. À la fin, il avait emprunté plume et parchemin pour rédiger un mandat qui les obligeait à paraître devant lui, l’émissaire du roi, au château de Nottingham.
    Corbett passa quelques heures à observer les préparatifs militaires de Branwood et à s’isoler pour méditer sur ses théories, comme tout bon clerc s’apprêtant à présenter un compte rendu à son monarque. Il s’efforça d’apaiser ses craintes, en espérant que Ranulf mènerait sa tâche à bien et que Maltote réussirait à parler au roi.
    Le lendemain, il rendit visite à Amisia à la taverne. L’interrogeant avec tact, il fut frappé par son intelligence et sa vivacité d’esprit. Elle semblait, de toute évidence, n’avoir aucun lien avec les crimes perpétrés par son frère. Il écouta avec amusement les promesses que Ranulf avait faites en son nom :
    — C’est vrai, Demoiselle Amisia, confirma-t-il en se levant. Quand je retournerai dans la capitale, je serai honoré si vous voulez bien vous joindre à nous. Nous veillerons à vous loger chez les clarisses, où vous serez en sécurité.
    Les protestations de gratitude de la jeune femme résonnaient encore à ses oreilles quand il regagna la forteresse. Il assista, plus tard dans l’après-midi, à la messe de funérailles de Rahere, écoutant distraitement le prêtre déplorer « l’horrible assassinat » de cet étranger au sein de leur communauté. Corbett suivit la dépouille jusqu’au cimetière puis reconduisit à l’auberge une Amisia en pleurs qui s’appuyait sur le bras de la tavernière.
    Il passa une nuit blanche, peuplée de cauchemars où il se voyait perdu dans une épaisse forêt sombre, dont les arbres eux-mêmes prenaient vie et le pourchassaient. Il se réveilla en sueur et resta dans son logis la majeure partie de la journée, passant au crible les objets qu’il avait subtilisés dans la chambre de Vechey. Soudain, il étouffa un cri de soulagement en entendant les appels des sentinelles et l’arrivée d’une troupe nombreuse passant la porte médiane.
    Il fit un brin de toilette, puis descendit dans la grand-salle où Ranulf, couvert de poussière, s’activait à installer le plus confortablement possible le comte de Lincoln dont l’âge n’avait pas entamé la fougue.
    — Corbett ! Maudit scribouillard ! brailla le vieux soldat.
    Son visage taillé à la serpe luisait de sueur et ses yeux bleus globuleux foudroyaient Corbett comme si ce dernier était personnellement responsable de chaque bosse et ecchymose occasionnée par le trajet.
    — Allons, mon garçon ! vociféra-t-il à l’adresse de Ranulf. Du vin, par les cornes du Diable. Bonjour, Branwood ! rugit-il en voyant le shérif entrer. N’êtes pas capables d’attraper un foutu coupe-jarret, hein ! Pour l’amour de Dieu, que l’on m’enlève mes bottes ! J’ai le cul meurtri comme une pucelle le soir de ses noces !
    Corbett se défendit de sourire et applaudit in petto aux railleries joviales dont le comte abreuvait tous ceux qui étaient à portée de voix. Henry de Lacey, comte de Lincoln, n’était pas un sot : il adressa un clin d’oeil entendu au clerc.
    — Vous avez vos hommes avec vous, Monseigneur ?
    — Des compagnies entières de ces sacrés fainéants ! Des piétons, quelques chevaliers et plus d’archers que mon chien n’a de puces. Et croyez-moi, dit le comte dans un grand éclat de rire, il en a, des puces ! Allez voir mes troupes vous-même, Corbett !
    Ce dernier le prit au mot et sortit dans la haute-cour où grouillaient les soldats du comte, portant ses couleurs : rouge et

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