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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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fondirent, devinrent plus agréables à regarder, et lorsque dans sa robe jaune collante, ses souliers rouges et son petit chapeau à voilette, la blonde vint vers lui en balançant outrageusement les hanches, il leva la tête et lui sourit.
    –  Là, dit la blonde en touchant doucement son bras. Là, c’est mieux.
    –  Bonne année, dit Noah.
    –  Mon chou…
    La blonde s’assit sur le tabouret voisin, frottant ses fesses étroitement gainées sur la moleskine écarlate, et plaquant son genou contre le sien.
    –  Mon chou, je suis embêtée, et j’ai regardé autour de moi dans le bar, et je me suis dit que tu étais le seul homme à qui je puisse me confier. Fleur d’oranger, dit-elle au barman qui venait de s’approcher. Quand j’ai des ennuis, continua-t-elle, tenant Noah par le coude et fixant sur lui, à travers son voile, le regard aguichant de ses petits yeux bleus, sertis de rimmel, j’aime les Italiens. Ils ont davantage de tempérament. Ils s’excitent facilement, mais ils sont sympathiques. Et pour te dire la vérité, mon chou, j’aime les hommes qui s’excitent facilement. Montre-moi un homme qui ne s’énerve jamais et je te montrerai un homme incapable de rendre une femme heureuse dix minutes par an . Il y a deux choses que je regarde, chez un homme. Un caractère sympathique et des lèvres charnues.
    –  Quoi ? demanda Noah, étourdi.
    –  Des lèvres charnues, dit sérieusement la blonde. Je m’appelle Georgia, mon chou. Comment t’appelles-tu ?
    –  Ronald Beaverbrook, répondit Noah. Et il faut que je te dise… Je ne suis pas Italien.
    –  Oh !
    Elle parut désappointée et but d’un trait la moitié de sa fleur d’oranger.
    –  Je l’aurais juré. Alors, qu’est-ce que tu es, Ronald ?
    –  Un Indien, dit Noah. Un Indien sioux.
    –  Ça ne fait rien, dit la femme. Je parie que tu es capable de rendre une femme heureuse.
    –  Bois quelque chose, dit Noah.
    –  Mon chou, cria la femme au barman. Deux fleurs d’oranger. Doubles.
    Elle se retourna vers Noah.
    –  J’aime aussi les Indiens, dit-elle. Ce que j’aime pas, c’est les Américains ordinaires. Ils ne savent pas comment se servir proprement d’une femme. Aller, retour, et pan , ils sont sortis du lit et ont remis leur culotte et sont déjà partis retrouver leurs femmes. Mon chou, dit-elle en finissant son premier verre. Pourquoi ne vas-tu pas dire à ces deux collégiens en bleu que tu m’emmènes à la maison ? Prends une bouteille de bière avec toi, au cas où ils voudraient discuter.
    –  Tu es venue avec eux ? demanda Noah.
    Il se sentait léger, maintenant, lointain et amusé et caressait doucement la main de la femme et lui souriait en parlant. Elle était calleuse, cette main, et la femme avait honte de ses mains.
    –  Voilà ce que c’est que de travailler dans une blanchisserie, dit-elle tristement. Ne travaille jamais dans une blanchisserie, mon chou.
    –  O. K„ dit Noah.
    –  Je suis venue avec celui-là.
    D’un geste de la tête, qui balança son voile dans la lumière verte et pourpre de la boîte à musique, elle désigna l’ivrogne affalé sur le comptoir.
    –  K. O. a u premier échange. Et je vais te dire quelque chose.
    Elle se pencha vers Noah et il sentit une forte odeur d’oignon et de gin et de parfum à la violette.
    –  Les marins préparent un mauvais coup contre lui. Dans l’uniforme de leur pays ! Ils vont lui faire les poches et ils sont en train de se mettre d’accord pour me suivre et me faucher mon sac dans un coin noir. Prends une bouteille de bière, Ronald, et va leur parler.
    Le barman apporta leurs consommations et la femme lui tendit un billet de dix dollars.
    –  C’est ma tournée, dit-elle. Pour un pauvre gars solitaire le premier jour de l’ an .
    –  Tu n’as pas besoin de payer pour moi, dit Noah.
    –  À nous deux, mon chou.
    Elle allongea la main jusqu’à cinq ou six centimètres des yeux de Noah et le regarda par-dessus le bord de son verre, à travers son voile, coquette et suggestive.
    –  À quoi servirait l’argent, mon chou, si c’était pas à le dépenser pour les amis ?
    Ils burent et la femme posa sa main sur la jambe de Noah et lui caressa le genou.
    –  Tu es terriblement maigre, mon chou, dit-elle. Il va falloir qu’on soigne ça. Fichons le camp d’ici. Je ne m’y plais plus du tout. Allons jusqu’à mon petit chez moi. J’ai une bouteille de « quatre roses », juste pour toi et

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