Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
de Pernelle.
    —    Gondemar a raison, bonne dame, dit-il. Nous n’aurons jamais de meilleure chance que celle-ci.
    Le Minervois voyait juste, même si le prix en était la vie de celle que j’aimais. Ma pauvre amie baissa les yeux, vaincue.
    —    C’est ce que me dit ma tête, murmura-t-elle. Mais mon cœur, lui.
    Elle ravala un sanglot qui me serra la gorge.
    —    Si on nous prend, poursuivit-elle à l’intention du Minervois, on te fouettera à nouveau, ou pire encore. Et Odon. que lui fera-t-on ? Il ne mérite pas de souffrir pour une histoire dont il ne connaît rien. Il n’a fait aucun mal.
    —    C’est un risque que nous devons courir, dame Pernelle. Et je vous promets de le protéger de mon mieux. Avec ma vie s’il le faut.
    Pernelle parut un peu rassérénée par l’engagement d’Ugolin et se tut. Il me regarda et haussa les épaules.
    —    Il ne reste qu’à espérer que son plan soit au point.
    Nous interrompîmes notre conversation juste avant l’arrivée du garde, qui me tendit l’outre, l’air contrarié. Craignant sans doute d’être blâmé si Ugolin et Pernelle étaient encore mal en point au matin, il avait même ramené un peu de viande fraîche que les hommes de Guillaume avaient fait cuire. Le sourcil arqué, il zieuta ce qu’il nous restait de pain, mais ne fit aucune remarque.
    Parfaite ou non, je forçai Pernelle à avaler quelques gorgées de vin. Elle en avait grand besoin. Puis Ugolin et moi y bûmes tour à tour, sans que le soldat n’ose s’interposer. Après avoir vérifié nos fers, il se contenta de s’asseoir un peu à l’écart et de reprendre son repas, pendant que nous mangions de notre côté. Malgré cette nourriture tant attendue, aucun de nous n’avait plus d’appétit. Il nous fallait pourtant manger, car la journée du lendemain serait dure. Nous étions tous les trois perdus dans nos pensées et, pour le reste de la soirée, nous n’échangeâmes plus un mot. Pour ma part, j’avais la gorge serrée à l’idée que je venais peut-être de condamner Cécile.
    Sous le regard assidu de notre gardien, nous finîmes par nous enrouler dans nos couvertures. Ugolin m’adressa un signe presque imperceptible de la tête. Il était prêt et je savais que je pouvais compter sur lui. À contrecœur, je le lui rendis.
    Je finis par sombrer dans un sommeil troublé en espérant paradoxalement qu’il s’agissait de la dernière nuit que je passerais avec mes fidèles compagnons. Pour un temps, en tout cas. Au pire, si je ne les revoyais plus jamais, au moins je saurais qu’ils étaient en vie.
    Dès l’aube, je fus fixé. Odon avait bien planifié son coup et tout se passa très vite. Les premières lueurs du soleil pointaient à peine à l’horizon, entre les arbres qui encerclaient la clairière, qu’un grand concert de hennissements et de sabots monta du pâturage où les chevaux avaient passé la nuit. Quelques instants plus tard, les montures surgirent épouvantées et s’élancèrent dans toutes les directions.
    — Les chevaux ! hurla un soldat réveillé en sursaut. Attrapez-les !
    Aussitôt, le camp s’éveilla et, dans la panique la plus complète, tous se mirent sur pied et firent de leur mieux pour calmer les bêtes, tentant de leur bloquer la voie et de saisir leur bride au passage.
    Comprenant qu’Odon avait détaché toutes les montures et les avait chassées de quelques claques sur la croupe, je réalisai que le moment était arrivé. Je jetai un coup d’œil vers Ugolin qui, d’un signe de la tête, me confirma qu’il était prêt. Je me levai d’un trait pendant que le Minervois se libérait de ses fers, avant d’en faire de même pour Pernelle. S’apercevant du manège, notre gardien tira son arme et allait s’élancer sur Ugolin lorsque j’étendis la jambe pour le faire trébucher. Il perdit pied et s’écrasa à plat ventre sur le sol. Sans hésiter, je fondis sur lui et lui abattis le poing derrière la tête à quelques reprises, ne cessant que lorsqu’il fut inerte.
    Lorsque je me retournai, Ugolin tenait la main de Pernelle. Les deux m’observaient. Je ramassai l’épée du soldat inconscient et la lançai à mon compagnon, qui l’attrapa au vol.
    —    Qu’attendez-vous ? m’exclamai-je. Partez ! Et prends soin d’elle !
    Ugolin hocha la tête, l’air déterminé.
    —    Que Dieu te mène à bonne fin, Gondemar, dit Pernelle avant de tourner les talons en compagnie du Minervois.
    Je

Weitere Kostenlose Bücher