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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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ricanèrent malgré eux et le jeune Montfort, le visage cramoisi, m’adressa un regard noir auquel je répondis par un sourire narquois. Sur l’entrefaite, des soldats à cheval revinrent au camp et se dirigèrent vers Guillaume.
    —    Ils ont disparu, sire, confirma l’un d’eux. M’est avis qu’ils ont fui dans les bois et que le cathare sait très bien comment ne pas laisser de traces.
    Le soldat ne croyait pas si bien dire. Ugolin avait longtemps été messager dans le Sud et il m’avait souvent démontré sa capacité à se déplacer discrètement.
    —    Avaient-ils des complices ? s’enquit Pierrepont.
    —    Il ne manque aucun cheval et ils ont même abandonné les leurs. Ils semblent avoir agi seuls.
    Je sentis un immense poids glisser de sur mes épaules. Ces quelques mots me confirmaient que personne ne connaissait le rôle qu’avait joué Odon dans la fuite de sa mère et du Minervois. Pour les croisés, il n’avait été qu’un marchand de pain parmi les autres. Je ne croyais pas qu’on remarquerait son absence. À moins qu’il ne fût capturé en compagnie de Pernelle et d’Ugolin, le garçon ne courait aucun risque. Je me fis violence pour ne pas trahir mon soulagement et aiguiser la méfiance de mes interlocuteurs.
    —    J’ai bien peur que tu doives te faire à l’idée, Guillaume, minaudai-je. Tu ne livreras qu’un seul prisonnier. Mais console-toi, pour ton demi-frère, je suis le seul qui compte vraiment.
    —    Et tu en as l’air bien satisfait, répliqua-t-il.
    Il pinça les lèvres et laissa échapper un soupir résigné. Il savait mieux que personne que je disais vrai et que je faisais de mon mieux pour l’encourager à repartir au plus vite. Il était aussi conscient qu’il ne pouvait pas faire autrement.
    —    Bien, lâcha-t-il. Tant pis. Nous ne pouvons pas perdre de temps à les poursuivre. Préparez-vous à partir, ordonna des Barres.
    Les soldats qui avaient cherché en vain la trace de mes camarades éperonnèrent leurs montures et s’en furent rejoindre les autres, nous laissant seuls. Des Barres me réserva un ultime regard de colère puis fit sèchement demi-tour. Trois soldats m’entourèrent aussitôt. On me passa les fers aux deux poignets et l’ordre du départ fut donné. Lorsque le convoi se mit en branle, j’étais encadré par mes gardes, l’épée au clair. Ils ne me laissaient aucun espace. Mais ils n’avaient rien à craindre, mon intention n’était pas de leur faire faux bond.

Deuxième partie
Montségur

Chapitre 8 Retrouvailles
    Pendant les derniers jours, je chevauchai à quelques pas derrière des Barres, constamment entouré de gardes qui ne me quittaient des yeux sous aucun prétexte. La route n’était qu’un interminable chapelet de places fortes et de villes cathares conquises depuis le début de cette abomination que le pape et ses complices appelaient « croisade ». De loin, nous pûmes apercevoir Lavaur, Puylaurens, Hautpoul et même Cabaret, où j’étais devenu l’ennemi des croisés. Elle avait fini par tomber comme les autres.
    Après presque trois ans à combattre auprès des cathares et à haïr les croisés, j’avais la curieuse impression de rentrer chez moi. Je venais du Nord, j’avais chevauché parmi les croisés, et pourtant je me sentais à ma place. En temps normal, le soleil printanier du Sud, chaud et pénétrant, la vue des maisons aux toits de chaume ou en tuiles couleur de terre rouge et aux murs de crépi, tout cela m’eût rasséréné. Mais, dans les circonstances, je ne parvenais pas à me réjouir. Je ne pouvais songer qu’à mes compagnons en fuite et à Cécile, prisonnière à Carcassonne. Au nom d’une quête que j’avais attirée vers moi, par mes propres péchés, j’avais peut-être condamné mes amis à mort, sans aucune garantie que la Vérité survivrait. Je ne vivais plus que d’espoir.
    Après la fuite inattendue de Pernelle et d’Ugolin, des Barres avait redoublé de prudence. Pressé d’arriver, il imposa un rythme de marche effréné et n’autorisa que trois heures de sommeil par nuit, de sorte qu’il ne nous fallut que quatre jours pour couvrir le chemin qui restait. L’humeur des troupes épuisées était redevenue maussade et les soldats maugréaient allègrement lorsque nous parvînmes enfin à proximité de Carcassonne. À la vue de ma destination, mon désespoir s’accentua. Le seul fait que je sois parvenu jusque-là me confirmait que les

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