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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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nous revenons ?
    — Si vous revenez, seigneur,
je peux vous assurer que je rédigerai certaines lettres que je remettrai à des
hommes de confiance dans Paris. Si cela se reproduit, des copies de ces
missives seront envoyées à Sa Sainteté en Avignon et, bien entendu, au roi
d'Angleterre ! À vous de voir ce que votre père pensera de tout cela.
    Louis, les yeux enflammés de
désir, secoua la tête. Pendant quelques secondes, il envisagea de m'attaquer.
Je fis un pas en arrière pour lui permettre de quitter la pièce. Il poussa un
soupir bruyant, me frôla en passant mais une fois à l'huis se retourna.
    — Mathilde de Clairebon,
déclara-t-il en me menaçant du doigt, je ne vous oublierai point.
    — Je vous remercie pour ce
compliment, seigneur. Soyez sûr que je me souviendrai de vous à jamais !
    Il s'en alla en claquant la porte
derrière lui. Je l'entendis chuchoter d'une voix rauque avec Philippe, puis le
bruit de leurs pas décrut. Je m'emparai sur-le-champ d'une chaire avec laquelle
je bloquai la porte.
    — Pourquoi ne pas l'avoir
fait plus tôt ? demanda Isabelle en se dirigeant vers moi, le visage blanc
comme un linge, les yeux non plus bleus mais semblables à des flaques sombres.
    Elle était au bord des
larmes ; sa lèvre inférieure tremblait.
    — Madame, chaque combat doit
être livré ; il s'agit seulement de choisir son champ de bataille. Ce
soir, nous nous sommes battues et avons gagné ! Je ne crois pas qu'ils
reviendront.
    Isabelle s'approcha et me prit par
l'épaule ; comme elle était un peu plus petite que moi, elle dut se
dresser sur la pointe des pieds pour m'embrasser avec douceur sur les lèvres
puis sur chaque joue.
    — Venez avec moi, Mathilde.
    Elle m'entraîna hors de la
chambre. Je m'emmitouflai en hâte d'une chape sous laquelle je dissimulai
l'arbalète et un carquois de carreaux. Nous suivîmes le couloir puis descendîmes
l'escalier. Je compris que nous retournions à la chapelle que nous avions
visitée quand j'étais revenue de la ville. La porte n'était pas fermée à clé et
la princesse me conduisit dans la douce pénombre où des cierges, sous leurs
éteignoirs à présent, brillaient encore faiblement devant la statue. Elle
s'empressa de pousser les verrous, puis s'avança vers l'endroit où se trouvait
l'hostie sacrée dans la pyxide d'argent pendue à une chaîne fixée au mur par un
crochet ; à côté luisait la lumière rouge du sanctuaire. Isabelle agit
avec autant de ferveur qu'un prêtre. Elle descendit la pyxide et la déposa sur
l'autel. Puis elle me fit signe d'approcher, de mettre ma main sur le vase
sacré, et elle posa les siennes par-dessus.
    — Je jure, annonça-t-elle en
plongeant ses yeux dans les miens, je jure par le corps et le sang du Christ,
de Notre-Seigneur Jésus, d'être votre amie, dans la paix comme dans la guerre,
jusqu'à ma mort.
    — Et moi, madame, répondis-je
en posant à mon tour mes mains sur les siennes, je serai la vôtre !
    Elle refoula ses larmes, prit la
pyxide et en replaça la chaîne sur son crochet. Puis elle me conduisit au bord
de l'estrade où nous nous assîmes. La chapelle était froide mais nous avions
des chapes épaisses et fourrées. Isabelle me donna une petite tape sur le
genou.
    — Mathilde, dites-moi
maintenant qui vous êtes en vérité ; votre secret sera bien gardé avec
moi.
    J'obéis. Je lui parlai de mon
enfance, de mon père, de la ferme de Brétigny, de mon voyage à Paris, d'oncle
Réginald, des années pendant lesquelles j'avais été son apprentie, de son
arrestation et de son exécution. Je ne m'interrompis pas une seule fois. Je ne
mentis pas. J'étais en sécurité avec Isabelle, elle ne me trahirait pas. Je lui
narrai aussi le trépas de Face de Rat et le massacre chez Vitry. Elle écouta
avec attention en acquiesçant sans cesse. Quand j'en eus terminé, elle me
saisit la main comme si elle tentait de s'en approprier la chaleur.
    — Ils sont toujours venus,
commença-t-elle. Toujours, d'aussi loin que je puisse m'en souvenir. Je les
hais, Mathilde. Ils me traitent en jouet, en catin ; moi, leur propre
sœur, une princesse de France ! Le sang de Capet coule aussi dans mes
veines. Moi aussi, je descends en ligne directe de Saint Louis.
    Elle désigna d'un geste une fresque
sur le mur du fond à la gloire de ce saint roi de France dont Philippe était si
fier.
    — Ils viennent quand cela
leur plaît. Si ma mère avait vécu, elle aurait pu me protéger. Vous savez,

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