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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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chaire de façon à pouvoir regarder par la croisée.
    — Mathilde, murmura-t-elle,
fermez la porte.
    Je m'empressai d'obéir mais
lorsque je voulus tourner la clé massive, elle résista ; quant aux verrous
en haut et en bas, ils étaient comme rouillés.
    — Madame..., soufflai-je.
    — Regardez dans le corridor,
m'ordonna-t-elle.
    Je m'exécutai. La galerie était
déserte. Pas de sentinelle ; il n'y avait que des ombres dansant à la
lueur des lanternes et un grand silence hormis le bois qui craquait et les
souris qui détalaient. Je tendis l'oreille vers les bruits assourdis venus du
palais.
    — Ils vont venir, déclara
Isabelle d'une voix qui se mit à trembler. Ils vont venir cette nuit,
Mathilde !
    Je scrutai la galerie, ne sachant
que faire.
    — Nous ne pouvons nous
enfuir, dit la princesse comme si elle avait lu dans mes pensées. Où
irions-nous ?
    J'étais indécise ; puis je me
souvins de la maison de Simon de Vitry, je me revis poussant la porte,
découvrant les cadavres étendus, les carreaux d'arbalète fichés dans la chair.
Je partis en courant dans le couloir.
    — Mathilde !
    J'entendis crier Isabelle. Elle
avait dû croire que je m'enfuyais. Au bout de la galerie il y avait un meuble
non fermé qui contenait des armes : des arcs et des flèches, des gourdins
et des javelots, et ce que je cherchais : une petite arbalète. Tout en la
prenant, ainsi qu'un carquois de carreaux, je me demandais si l'assassin qui
s'était introduit chez Vitry avait possédé quelque chose de similaire : de
petites arbalètes, peut-être deux ou trois, prêtes à servir dans un sac. Je
revins sur mes pas, franchis en trombe l'huis entrouvert, puis le claquai et
m'y adossai. J'étais trempée de sueur. Isabelle, toujours assise dans sa
chaire, me dévisageait. Je désignai l'étroite couche sur laquelle je dormais,
puis armai l'arbalète en y glissant un carreau et en remontant le treuil.
    — Avez-vous déjà fait cela,
Mathilde ? chuchota Isabelle.
    — Mon oncle... — Je
m'interrompis. — Oui. Je souris avec tristesse.
    — J'allais à la chasse avec
lui, comme je le ferai ce soir.
    Isabelle se leva et se mit au lit.
    Je fis le tour de la pièce en
éteignant les chandelles puis je m'étendis sur ma couche. J'écoutai les
différents bruits de la demeure et entendis un craquement dehors, dans la
galerie. La porte s'ouvrit et deux silhouettes entrèrent à pas de loup. Sans
tenir compte de ma présence, elles se précipitèrent dans la chambre. Bien qu'il
y eût peu de lumière, je distinguai les formes ; Louis et Philippe étaient
venus violer leur sœur.
    Sans garde dehors, personne
n'avait tenté de les arrêter. Louis se jeta sur le lit. J'ouïs les cris étouffés
de la princesse quand il mit la main sur sa bouche. Je me glissai hors de ma
couche ; Philippe se retourna. Je levai l'arbalète, visai et tirai, en
encochant sur le champ un autre carreau et en remontant derechef le treuil. Le
premier projectile se ficha dans le mur à côté du lit d'Isabelle et faillit
atteindre la croisée.
    — Dehors ! hurlai-je.
    Je retombai soudain dans le patois
des soldats que mon oncle m'avait enseigné. Isabelle bondit hors du lit. Elle
s'enveloppa de sa mante et me rejoignit. Les deux intrus étaient ivres et
titubaient ; je pouvais sentir leur haleine chargée de vin même de
l'endroit où je me trouvais.
    — Qui êtes-vous ?
s'enquit Louis, qui s'avança en chancelant, lèvre inférieure saillante, yeux
chassieux.
    Philippe était si soûl qu'il
s'effondra au pied du lit.
    — Je suis Mathilde de
Clairebon, répondis-je, dame de chambre * de votre sœur, chargée
uniquement de m'occuper d'elle. Seigneurs, elle ne désire pas votre présence
céans. Vous devez sortir !
    — Et si...
    Louis tenta de faire un autre pas en avant. Je levai mon
arme.
    — Et si...
    Il recula en trébuchant.
    — ... si nous ne voulons
point partir ?
    — Alors, seigneur, comme tout
bon chevalier, je ferai ce que mon devoir envers votre sœur, envers le roi et
envers Dieu, m'ordonne. Ce sera peut-être à la cour de justice du roi de
décider si j'ai bien ou mal agi.
    J'avais prévu cet argument pendant
qu'étendue dans le noir j'attendais leur arrivée.
    Philippe se remit debout en vacillant
et s'essuya la bouche au poignet de sa manche.
    — J'ai besoin de sortir.
    Il passa devant moi en hâte pour
gagner le corridor où, hoquetant, il vomit.
    Louis restait là, les mains sur
les hanches.
    — Et si

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