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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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sommeil. Des gens d'armes s'étaient groupés devant l'une des portes. Au
milieu des silhouettes sombres, dans la lumière, je reconnus Casales et
Rossaleti, le clerc à la peau mate ; ils forçaient un huis qui, au moment
où je me précipitais, craqua sur ses gonds. S'il est vrai que j'étais la dame
de chambre * d'Isabelle, pour les hommes qui se retrouvèrent réunis dans
cette pièce je n'étais pourtant qu'une servante, sans plus d'importance que les
souris que leur présence faisait détaler en couinant et en poussant des cris
aigus.
    La chambre de Pourte était vaste.
Je distinguai un lit à quatre montants dont les courtines étaient tirées. Le
reste était dans l'ombre, l'air froid s'engouffrant par la croisée ouverte
ayant soufflé les chandelles. Casales et les autres, s'exprimant en anglais,
les rallumèrent et se mirent sur-le-champ à examiner certaines cassettes
scellées, sans se soucier des coffres au couvercle ouvert. Casales fouilla dans
les parchemins qui jonchaient la table. Son ton semblait indiquer qu'il pensait
que la mort de Pourte était un accident. Aucune cassette, aucune sacoche de la
chancellerie secrète d'Angleterre n'avait été touchée. Rien ne manquait. Ils
s'assemblèrent ensuite autour de la fenêtre ; à leurs cris, à leurs
vitupérations, je compris qu'ils avaient aperçu la chaîne d'or.
    Marigny et ses gardes se trouvaient
maintenant sur le seuil, peu disposés à pénétrer dans la chambre d'un émissaire
anglais. Rossaleti les y invita et leur expliqua rapidement que ce devait être
un accident. Marigny voulut savoir s'ils avaient été réveillés par la chute de
Pourte. Rossaleti déclara que lui, Casales et Nogaret se trouvaient dans
l'office de la chancellerie de Plaisians, pris dans le feu de la conversation,
quand l'alerte avait été donnée. Ils s'étaient alors précipités, avaient forcé
la porte. Elle était fermée et verrouillée et la clé était encore à
l'intérieur ; quand ils avaient enfoncé la porte, voilà le spectacle qui
les attendait. Rossaleti montra du doigt la fenêtre et le petit tabouret
dessous. Il suggéra que Pourte s'était sans doute approché de la croisée pour
respirer l'air de la nuit, qu'il avait dû laisser choir sa chaîne, se pencher
pour la récupérer et tomber. Des hochements de tête et des grognements
d'approbation accueillirent son exposé. Puis Rossaleti se retourna soudain,
comme s'il prenait conscience de ma présence, et me lança un regard furieux. Je
m'empressai de m'incliner et de partir.
    Pendant ce temps, la princesse
avait regagné sa chambre. Des serviteurs, réveillés par l'agitation,
nettoyaient la galerie où Philippe avait vomi. Le sergent à l'air renfrogné
avait repris son poste, la marque rouge sur sa joue et son regard hostile
témoignant sans erreur possible du courroux d'Isabelle devant sa désertion
précédente.
    — Vous êtes en retard !
me reprocha la princesse quand je fermai la porte de la chambre.
    — Je suis lasse, madame.
    Je soufflai les chandelles et
m'étendis sur ma couche en tirant la couverture sur ma tête. Je me sentais mal
et j'étais épuisée ; j'étais brûlante et moite de sueur. Il s'était passé
tant de choses, la journée avait été un tel cauchemar.
    — Mathilde, dit Isabelle
d'une voix douce, Mathilde, vous m'avez manqué, j'avais peur !
    — Essayons de dormir, madame.
    — Qu'est-il arrivé à
l'Anglais ? A-t-il essayé de voler ? railla Isabelle.
    — Non, madame, on prétend
qu'il est allé à la fenêtre pour prendre l'air, qu'il a laissé glisser une
chaîne d'or, a voulu la rattraper et a chu dans le vide.
    — Mais vous n'y croyez pas,
Mathilde ; pas vous avec vos yeux perçants. Vous me faites penser à un
chat que j'avais autrefois. Il savait toujours où se trouvaient les trous de
souris. Il ne s'en approchait jamais ; il se contentait de se tapir à
distance et de surveiller.
    — Madame — je me
redressai avec peine et m'appuyai contre les oreillers de plume —, j'ai du
mal à comprendre pourquoi Sir Hugh Pourte, qui avait enfilé sa chemise de nuit,
aurait emporté une chaîne d'or à la fenêtre. Il avait beaucoup bu et était
fatigué. L'air de la nuit était glacial. Pourquoi aurait-il ouvert si grand la
croisée ? Pourquoi aurait-il serré entre ses mains une chaîne d'or ?
Qui plus est, et je dois y pourpenser, s'il s'était tenu debout sur un tabouret
et s'était penché à l'extérieur, il n'aurait toujours pas pu la

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