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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Pourquoi n'aurait-il pas usé d'un crochet ou d'une épée, de quelque chose pour
ramener la chaîne à lui ?
    — Il ne s'est donc pas
envolé ; il n'est pas non plus tombé. Insinuez-vous qu'on l'a
poussé ?
    — Peut-être, madame.
    Je fermai les paupières et me
remémorai le corps tout recroquevillé dans la cour ; les contusions sur
les tempes, le cou brisé, le sang suintant du crâne comme le jaune d'un œuf
fendillé.
    — Et pourtant vous dites que
la porte était fermée et verrouillée de l'intérieur.
    — Madame, qui est Ralph
Rossaleti ?
    — Ah...
    La princesse pouffa de rire.
    — C'est notre chien de garde,
Mathilde, un des clercs principaux de mon père. Il emportera mon sceau secret
en Angleterre ; rien de ce que j'écrirai ne lui échappera. Il nous
conseillera.
    — Un espion, madame ? Un
espion de votre père ?
    — Nous verrons, répondit-elle
d'un ton redevenu léger. Nous le rencontrerons demain, lui et Sir John Casales.
Peut-être pourriez-vous alors poser vos questions. Mathilde ?
    — Oui, madame ?
    — Vous arrive-t-il de
prier ?
    — Je m'y efforce.
    — Moi, je le fais ! Je
prie. J'ai prié pour être délivrée de mes frères. Vous êtes un ange, Mathilde,
une réponse à mes supplications.
    Je m'étendis de nouveau, tirai la
couverture et tombai dans un sommeil peuplé de cauchemars : sombres
silhouettes dansant au bout des cordes d'une potence, visages qui me fixaient du
haut d'une charrette hantée qui traversait à grand bruit une cour pavée. Quand
je me réveillai, avant l'aube, je ruisselais de sueur et j'avais la tête
lourde. La princesse dormait très profondément, peut-être soulagée d'avoir
échappé aux dangers. J'ouvris l'huis de la chambre ; le garde avait été
remplacé par deux autres. J'entrai à nouveau et m'aspergeai le visage de l'eau
du lavarium. Je me séchai les mains, m'habillai en hâte, sortis, et partis dans
le palais. Je montai l'escalier et retournai dans la chambre de Hugh Pourte.
    La porte forcée était à présent
appuyée contre le mur. La pièce avait été vidée de tout objet personnel.
J'avançai vers le lit et écartai les courtines ; personne n'avait dormi
dans le lit. Je regardai autour de moi. Pourte avait rempli un gobelet de vin.
Je le pris, le humai et le goûtai : rien d'autre que le meilleur des
bordeaux. Je m'approchai de la fenêtre, montai sur le tabouret, ouvris la
croisée et me penchai. Je me souvins de la taille de Pourte ; même lui
n'aurait jamais pu atteindre cette chaîne, alors pourquoi aurait-il
essayé ? Était-il ivre à ce point ? S'il avait été occis auparavant,
comment son assassin était-il entré et avait-il quitté cette pièce alors que
l'huis était fermé et verrouillé de l'intérieur ? Je me mis à quatre
pattes comme un chien pour examiner le plancher entre le bord d'un tapis de
Turquie et le tabouret près de la fenêtre. Je découvris une tache couleur de
rouille que je grattai du bout des ongles. Je sentis mes doigts ; ce
n'était pas du vin, mais du sang. En m'approchant, toujours à quatre pattes, de
la croisée, je vis qu'il y avait d'autres taches. Le rebord de la fenêtre était
pourtant intact. Ce sang pouvait provenir de n'importe quelle blessure ;
était-ce même celui de Pourte ? L'avait-on frappé et tué dans cette pièce
d'un coup sur la nuque, puis avait-on ouvert la croisée et jeté son corps dans
le vide ? Si c'était le cas, comment le tueur avait-il fui ? Je
remontai sur le tabouret et me penchai à la fenêtre. L'assassin aurait pu venir
de l'extérieur mais, la nuit étant très froide, la croisée était sans doute
close. Il courait le risque d'être remarqué et, de plus, il était à la fois
difficile et périlleux de grimper tout seul dans l'obscurité.
    Je quittai la chambre et m'en fus
vers le dépositaire du palais bâti au bout d'une longue allée qui menait à un
verger. Je poussai la porte et entrai. Une longue rangée de tables,
quelques-unes vides, d'autres couvertes de draps sales, se trouvait là. Un
brasero rouillé, aux cendres encore rougeoyantes parsemées d'herbes
odoriférantes, tentait en vain de dissimuler la puanteur de la mort et de la
pourriture. Sur le mur chaulé une fresque grossière figurait la vision
d'Ézéchiel dans la vallée des ossements : sinistre représentation de
squelettes surgissant du sol gris fer. Le silence menaçant et ces corps sous
leurs linges crasseux faisaient naître un profond

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